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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:35

Agoravox - 20 Septembre

 

De tout temps à la bourse, celui qui gagne de l’argent est celui qui dispose de l’information la plus complète avant les autres. Le développement des cotations en continu assisté par ordinateur a permis l’éclosion d’un nouveau type de marché exclusivement basé sur la vitesse : le High Frequency Trading. Voici comment il fonctionne, et comment il est en train de déraper, entrainant dans sa chute les sociétés de cotation boursières.

Depuis la libéralisation des marchés boursiers et surtout leur informatisation complète, une nouvelle technique de spéculation s’est développée en bourse, le High Frequency Trading, que l’on pourrait traduire par marché à haute fréquence. Par la suite, et par conformité au sabir des salles des marchés, je m’en réfèrerai par l’acronyme HFT.

Les sociétés de bourse se proposent de fournir à qui le demande un prix pour un certain nombre d’action. C’est le principe même de la cotation en continu. Un client (trader) demande un prix pour N actions du groupe trucmuche, reçoit le tarif, et accepte ou annule la vente. Pour connaitre l’ensemble du marché à un moment donné, il suffit donc de demander le prix de toutes les actions du marché, et annuler ensuite l’acte d’achat.

Et voilà pourquoi le HFT est né, comme un système permettant de gagner à tous les coups pour ceux qui ont la capacité et les moyens de mettre en place une infrastructure informatique suffisante le plus près possible des serveurs de cotations (pour gagner quelques fractions de millisecondes). Ils ont avant tout le monde une image de l'ensemble du marché, et peuvent en anticiper les mouvements et donc placer leurs billes sur des actions dont ils connaissent le prix à l'avance. Ayons une pensée émue pour le petit porteur tenté par l’aventure boursière par le truchement de l’un des nombreux sites de trading en ligne : le HFT, ce n’est pas pour lui mais qu'il se rassure : les pertes lui sont réservés.

Revenons à notre sujet. Pour un demandeur, il n’y a virtuellement aucun coût pour demander une cotation. Par contre, pour celui qui fournit cette cotation, il doit stocker, transmettre, analyser les données afin de répondre à la demande de cotation, ce qui engendre un cout supplémentaire en terme d’infrastructure, qui croit bien plus vite que l’augmentation de la quantité de données. Doubler sa capacité de traitement informatique coute bien plus que le double du prix de base, par exemple un routeur réseau de capacité 1 Gb/s coute environ 200 $, un modèle de 10 Gb/s revient à 10.000 $.

En fait, on peut comparer cela aux pourriels (spam) qui inondent votre boite à lettre électronique. Ça ne coute rien à l’expéditeur, par contre le récepteur doit se doter du matériel adéquat pour gérer le flux additionnel, pourtant sans intérêt pour son activité.

Et comme pour les pourriels, le requêtes ne donnant lieu à aucune transaction prennent des proportions propres à saturer les serveurs de cotation en continu. Car c’est le paradoxe succulent de la chose : le HFT est en train de tuer la bourse, tout du moins la profitabilité de ceux qui en fournissent les cotations … En effet, la société boursière étant payée sur les transactions menées à terme, il y a toujours plus de transactions qui seront in fine annulées, donc ne rapportent rien tout en ayant nécessité du matériel et de la bande passante.

La société Nanex, spécialisé dans le développement d'outils financiers fournit tout un ensemble d’études du marché boursier de New-York qui explique et corrobore ce phénomène.

Elle publie le graphique suivant qui représente la quantité moyenne de cotations ayant été nécessaires pour effectuer une transaction d’une valeur de 10000$ :

local/cache-vignettes/L600xH396/2007010120118ed7-d20c0.png

Horizontalement, l’échelle donne l’heure de cotation (de 9H30 à 16H00 à New York). Verticalement, il s’agit du nombre moyen de cotations nécessaires pour générer 10000 $ de transaction. La coloration arc-en-ciel donne la date, du violet pour le plus ancien (1er janvier 2007) au rouge pour le plus récent (14 septembre 2011). Pour établir ce graphique, Nanex a compilé 535 milliards de cotations pour 35 milliards de transactions, sur une durée de 1172 jours de marchés ouvert.

La lecture du graphique permet de s’apercevoir qu’alors qu’en 2007 il fallait entre 5 et 6 cotations pour réaliser une transaction, il en faut maintenant plus de 50, et la densité du graphique en zone rouge montrant lui-même que le phénomène est en augmentation rapide. C’est un signe clair que le système est en train de déraper : Toujours plus de cotations pour autant voire moins de transactions.

Afin de maintenir le volume des échanges - donc leurs finances - les sociétés de bourse sont forcées à augmenter en permanence les capacités en cotations par secondes, qui sont saturées immédiatement sans avoir donné lieu à une augmentation des transactions.

Mais il y a pire : des opérateurs ont déjà testé des algorithmes qui permettent de faire disjoncter les serveurs de cotations par une forme d'attaque par déni de service, en saturant de requêtes de cotations. Cela jette les prémisses d’une guerre boursière, par ordinateur interposé – mais c’est une autre histoire que l'on peut lire en Anglais dans le texte, dans cet autre rapport de Nanex - Overloading the US stock market.

Il y a un an et demi, l'économiste Frederic Lordon proposait dans les colonnes du monde diplomatique : "Et si on fermait la bourse ?". Récemment, l'économiste et anthropologue Paul Jorion a complété cette proposition. "Pas la peine, les ordinateurs s'en chargent !" Ces deux économistes hétérodoxes, qui ont déjà démontré un certain talent analytique vont-ils une fois encore avoir raison ? L'avenir nous le dira, et j'ai l'impression qu'il nous le dira bien vite.

Références :

Frédéric Lordon - Et si on fermait la bourse ?

Paul Jorion – Faut-il fermer la bourse ? Pas la peine, les ordinateurs s’en chargent !

Nanex - And to anyone who might say : "To my knowledge there's been no proof shown that high-frequency trading has been detrimental.", we'd like to submit this paper as Exhibit A. Et à toute personne qui prétends : “A ma connaissance il n’y a aucune preuve qui démontre que le marché à haute fréquence est préjudiciable”, nous aimerions lui soumettre ce papier comme « Pièce A ».

Nanex - Overloading the US Stock Market. Surcharger le marché boursier US. L'illustration "nuke button" est tiré de cet article.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:32

Agoravox - 19 Septembre

 

Une étoile va-t-elle bientôt disparaître du drapeau Européen ?  La solidarité à ses limites… 68% des français réfractaires à une nouvelle aide à la Grèce … À la fin de l’année 2010, il y a moins d’un an, presque 70% des français étaient d’accord pour aider les grecs. En juin 2011 nous étions encore près de 60%. Nous sommes aujourd’hui presque le même pourcentage à avoir une idée totalement contraire. Apparemment cette situation se confirme un  peu partout dans les autres pays européens de la zone euro. Pourquoi ce revirement soudain ?

Le montant de la dette Grecque était estimé à 300 milliards d’euros fin 2010. En 2011, elle devrait gonfler très sensiblement pour atteindre des sommets. 

Pour faire face, les grecs doivent trouver entre 10 et 20 milliards d’euros, tout de suite… mais beaucoup plus, très rapidement et avant la fin de l’année…

Si les français et les autres pays européens de la zone euro n’aident plus la Grèce, que va-t-il se passer ? La Grèce va tout simplement faire faillite et les dettes devraient être rayées d’un coup de plume… 

Mais est-ce aussi facile que ça ? Et après, que va-t-il se passer, pour la Grèce, mais aussi pour la zone euro toute entière ?

Jutta Urpilainen, la ministre Finlandaise des finances est très ferme, plus de prêts sans garanties, mais quoi comme garanties ? Des promesses ça ne marche plus, il faut du concret. Des hypothèques sur les biens de l’état grec ? Je crains qu’il faille passer en deuxième, voire en troisième position ! Des garanties sur les biens des particuliers, et sur ceux des entreprises ?

Après il ne restera pas grand-chose, sauf peut-être une garantie sur tous les avoirs des grecs dans le monde. Là, il y aurait peut-être de quoi se caller une dent et même deux.

Les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Wroclaw, en Pologne, renâclent dur. Ils n'ont pas avancé d’un pouce sur la concrétisation d’un éventuel second plan d'aide de 150 milliards d'euros prévu d’accorder à la Grèce. 

Par contre, et là c’est peut-être un signe, poussés par le FMI de madame Lagarde, ils ont très avancé sur le projet de recapitalisation des banques Européennes. Et si les Européens étaient tout simplement en train de lâcher les grecs. Préparent-ils le terrain, en renforçant les banques qui devraient faire face à une attaque en règle des spéculateurs ?

 Je sais, vous allez encore dire que c’est pas juste, que c’est pas de la faute du peuple grec, que ça retombe sur les plus vulnérables, et… . Si la Grèce se retrouve dans cette situation, n’est-ce pas à cause des grecs, de tous les grecs ? Bien sûr on va incriminer les gouvernements successifs, mais la Grèce est un pays démocratique, il revenait donc aux grecs et à l’opposition de faire le ménage.  Croire au Père-Noël, ça ne peut pas toujours durer, dépenser plus qu’on ne gagne, il arrive un moment où ce n’est plus possible. 

Attention à la chute : pour les grecs, c’est l’heure, et pour d’autres, l’échéance n’est pas loin…

Et pour les banques françaises qui sont très engagées dans ce pays ? Leurs difficultés vont-elles se répercuter sur la France et les français ? 

Si une telle situation se présentait en France, comment réagirions-nous ? Les Français et toutes les personnes vivants sur le sol de France ou ayant des intérêts en France, seraient-elles prêtes à accepter une hypothèque sur leurs biens, quels qu’ils soient ? Les français possédant des biens à l’étranger seraient-ils d’accords pour participer ?

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:29

Agoravox - 16 Septembre

 

C’est un feuilleton les plus incroyables mais aussi l’un des plus significatifs de la construction européenne : la tentative de Monsanto d’imposer la commercialisation de ses produits à des Etats qui ne le souhaitent pas, avec l’appui des institutions européennes. Nouvel épisode.

Une méfiance légitime

Aujourd’hui, les autorités publiques en Europe suivent globalement leur population dans leur réticence à l’égard des OGM. Même s’il est vrai que les problématiques actuelles de manque de nourriture pour la planète imposent de ne pas se fermer à un progrès scientifique qui a permis au monde de considérablement augmenter sa production agricole, la prudence des gouvernements européens est parfaitement compréhensible sur ce sujet.

En effet, les Organismes Génétiquement Modifiés posent un double problème. Le premier est leur innocuité. Leurs partisans ont tendance à inverser la demande de la preuve en soulignant que leur dangerosité n’a pas été prouvée. Cependant, pour ce qui est de la sûreté alimentaire, il n’est pas difficile de comprendre que c’est bien la preuve de l’innocuité qui doit être apportée, naturellement après une assez longue période pour éviter d’affronter de fâcheuses conséquences à l’avenir.

Les Organismes Génétiquement Modifiées ne sont pas comme les croisements d’espèces existantes, sûres, mais des produits nouveaux qui exigent une certification beaucoup plus prudente, d’autant plus que les phénomènes de pollinisation ont tendance à faire proliférer ces nouvelles espèces avec des conséquences que nous maîtrisons mal. En outre, il ne faut pas oublier que ces OGM sont en général des vaches à lait financières pour les groupes qui les produisent.

Une Europe profondément antidémocratique

En effet, Monsanto a vu son chiffre d’affaire et ses bénéfices exploser avec le lancement de ces produits. En ne permettant pas aux agriculteurs d’utiliser une partie de la récolte pour planter l’année suivante, il s’agit d’un immense jackpot financier. Du coup, il est bien évident que la perspective de profits colossaux amène à porter un regard très critique sur les promesses du groupe étasunien… Leur parole ne peut pas être prise pour argent comptant, tant leur semence en rapporte, de l’argent.

Dans ce contexte, il est assez incroyable que les institutions européennes fassent autant d’effort pour essayer d’imposer la commercialisation des semences Monsanto aux pays européens qui ne le souhaitent pas. Elles utilisent toutes les ficelles les moins démocratiques des traités européens pour le faire. C’est ainsi que la Commission a récemment tenté de faire passer un texte qui n’a du son rejet qu’au fait que plus des deux tiers des voix s’y sont opposées.

En clair, si seulement 65% des voix l’avaient fait, Monsanto aurait gagné. Mais cet échec n’a pas refroidi l’entreprise qui essaie désormais de passer par la Cour de Justice Européenne pour imposer la commercialisation de ses produits aux Etats réticents. Le dernier rebondissement de cette affaire pourrait par conséquent remettre en cause le moratoire français, qui a pourtant été le fruit d’une décision démocratique, soutenue par la majorité.

Ah, elle est belle cette Europe ! Comment croire les fédéralistes qui nous promettent plus de démocratie quand on constate ce que ce dédale bureaucratique et antidémocratique fait : l’Europe pourrait bien imposer par la force la commercialisation des produits Monsanto contre la volonté de 80% des Etats.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:22

Agoravox-19 septembre

 

Les révoltes arabes de 2011, ont un écho chez les palestiniens, et des protestations palestiniennes ont lieu. Celles-ci touchent tout le territoire palestinien, et sont réprimées à la fois par les partis palestiniens et par Israël.

En janvier et février, des manifestations ont lieu, mais elles sont interdites par l'Autorité palestinienne. Comme dans les autres pays, ce mouvement est fortement nationaliste et unitaire. Cela permet un rebond de la contestation en mars, sur le thème de l'unité nationale et de la fin de la division entre Gaza (contrôlé par le Hamas) et la Cisjordanie, contrôlée par le Fatah, avec une manifestation le 15 mars. Les manifestations du 16 mars ont lieu à Gaza, Naplouse et Hébron. Les manifestants sont 3000 place Manara, à Ramallah. La popularité des thèmes des manifestations, annoncées des semaines à l'avance sur Internet, a permis de réunir des dizaines de milliers de supporters virtuels, et empêcher leur interdiction. Ensuite, des places sont occupées dans toute la Palestine, les revendications portant sur la fin de la division de la Palestine entre Cisjordanie et Gaza et une Palestine démocratique. Plusieurs fois détruits, ces campements de jeunes sont à chaque fois remontés, notamment sur la place Manara de Ramallah. (Source Wilkipédia )

Il faut savoir que la vie au quotidien est rhytmé par une oppression aux contours multiple, à cause, de ce statut-quo infernal ! Dans les territoires que contrôle le Hamas, les libraires ont reçu la mission de n’exposer que les exemplaires du Coran ou les recueils de discours des dirigeants du Hamas. Quant aux salles de cinéma, elles sont encouragées à choisir uniquement parmi les productions iraniennes. Le voile pour les femmes est devenu une obligation dans la rue alors que cette tenue n’entrait pas dans la tradition palestinienne telle qu’elle s’affiche actuellement à Ramallah. Les groupes de rap sont définitivement interdits de concert parce qu’ils ne véhiculent pas les préceptes édictées par le Coran. Les scènes, qui voyaient les adolescents se défouler au son d’une musique « barbare » occidentale tout en scandant pourtant des paroles nationalistes s’en prenant à « l’occupant israélien », sont remisées dans les souvenirs. Les jeunes, ne trouvant plus les moyens de s’exprimer, finissent par tromper leur oisiveté dans les arrières salles des cafés où ils chantent leurs textes en acceptant les risques encourus. Ils n’ont plus le droit de se produire en public et la sanction tombe immédiatement s’ils poussent les gamines, jadis en jeans, à s’écarter du droit chemin défini par les islamistes. Ces jeunes, qui ont perdu jusqu’au goût de vivre, osaient se plaindre devant la caméra et avouaient considérer le Hamas comme le nouvel ennemi de l’intérieur : « c’était notre vie et quand on parle ils nous condamnent. Ils disent du mal de nous mais ils ont un cœur de pierre et leur mode de pensée est archaïque ». Il ne restait plus qu’à jouer avec leur vie à défaut de jouer avec les mots et les notes : « la peur et la terreur sont partout ». Ismaël Radwane, porte-parole du Hamas, s’efforçait de justifier une pression qui mène au mal-être des jeunes de Gaza : « nous sommes modérés et nous respectons les libertés mais nous voulons préserver la culture palestinienne et nous voulons que nos jeunes soient de bons patriotes. C’est pourquoi on les guide sur ce qui est conforme ou non à la religion ». Et tandis qu’il s’imagine convaincant, les jeunes filles, qui se trémoussaient quelques mois auparavant dans les salles de concert, se plaignent qu’à présent elles doivent revêtir le voile et s’éloigner des garçons. La tristesse des regards trahissait l’émotion de ceux qui égrenaient les souvenirs des jours heureux. Les jeunes s’enfoncent alors dans le désespoir et n’ont plus que le choix du célibat, du renoncement, de l’extrémisme ou, cas plus révoltant, de l’action kamikaze. La répression s’abat systématiquement en empruntant les chemins iraniens. Ainsi les dirigeants du Hamas viennent de décider de réintroduire une loi datant de l'époque de l'occupation égyptienne qui permet de condamner à mort les dealers. Le procureur général du Hamas, Mohamed Abed, a annoncé que « Le gouvernement a approuvé cette décision qui annule la loi israélienne ». On risque ainsi de voir le spectacle de corps pendus en pleine ville.

De fait ce statut-quo développe une asphyxie culturelle des palestiniens qui vivent sous la contrainte , tandis qu’on brise leurs velléités et qu’on enchaine leurs pensées. Les islamistes s’attaquent d’abord à la culture pour ensuite bafouer les Droits de l’Homme. Les jeunes, les amoureux de la musique et les adeptes d’internet regrettent ouvertement leur mauvais bulletin de vote inséré dans l’urne et ils prennent aujourd’hui le courage de l’exprimer.

 

Le Manifeste de la jeunesse de Gaza !!!

"Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU. Merde à l’Amérique ! Nous, les jeunes de Gaza, on en a marre d’Israël, du Hamas, de l’occupation, des violations permanentes des droits de l’homme et de l’indifférence de la communauté internationale. Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. Le dernier coup qui a encore aggravé notre frustration et notre désespoir s’est produit le 30 novembre, quand des miliciens du Hamas ont débarqué au siège du Sharek Youth Forum (www.sharek.ps, une organisation de jeunesse très active à Gaza) avec leurs fusils, leurs mensonges et leur agressivité. Ils ont jeté tout le monde dehors, arrêté et emprisonné plusieurs personnes, empêché Sharek de poursuivre ses activités ; quelques jours plus tard, des manifestants regroupés devant le siège de Sharek ont été agressés, battus et pour certains emprisonnés. C’est vraiment un cauchemar au sein d’un autre cauchemar que nous vivons. Il n’est pas facile de trouver les mots pour décrire la pression qui s’exerce sur nous. Nous sommes une jeunesse au cœur lourd. Nous portons en nous un poids tellement accablant qu’il nous empêche d’admirer le coucher de soleil : comment pourrait-on, alors que des nuages menaçants bouchent l’horizon et que des souvenirs effrayants passent dans nos yeux à chaque fois que nous les fermons ? Nous sourions pour cacher la douleur, nous rions pour oublier la guerre, nous gardons l’espoir pour ne pas nous suicider tout de suite.

Au cours des dernières années, Hamas a tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de nos attentes. Nous sommes une génération de jeunes qui se sont déjà habitués à évoluer sous la menace des missiles, à poursuivre la mission apparemment impossible qui consiste à mener une existence normale et saine, et nous sommes à peine tolérés par une organisation tentaculaire qui s’est étendue à travers notre société, tel un cancer malveillant déterminé à détruire dans sa propagation jusqu’à la dernière cellule vivante, la dernière opinion divergente, le dernier rêve possible, à paralyser chacun de nous en faisant régner la terreur. Et tout ça arrive dans la prison qu’est devenu Gaza, une prison imposée par un pays qui se prétend démocratique.

A nouveau l’histoire se répète dans toute sa cruauté et tout le monde a l’air de s’en moquer. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués. Nous avons peur de vivre parce que chaque pas que nous faisons doit être sérieusement considéré et préparé, parce qu’il y a des obstacles et des interdits partout, parce qu’on nous empêche d’aller où nous voulons, de parler et d’agir comme nous le voulons et même parfois de penser ce que nous voulons, parce que l’occupation colonise nos cerveaux et nos cœurs, et c’est tellement affreux que c’est une souffrance physique, que nous voulons verser des larmes de révolte et de colère intarissables.

Nous ne voulons pas avoir de haine, ressentir toute cette rage, et nous ne voulons pas être encore une fois des victimes. Assez ! Nous en avons assez de la douleur, des larmes, de la souffrance, des contrôles, des limites, des justifications injustifiées, de la terreur, de la torture, des fausses excuses, des bombes, des nuits sans sommeil, des civils tués aveuglément, des souvenirs amers, d’un avenir bouché, d’un présent désespérant, des politiques insensées, des politiciens fanatiques, du baratin religieux, de l’emprisonnement. Nous disons : ASSEZ ! Ce n’est pas le futur que nous voulons !

Nous avons trois exigences : nous voulons être libres, nous voulons être en mesure de vivre normalement et nous voulons la paix. Est-ce que c’est trop demander ? Nous sommes un mouvement pacifiste formé par des jeunes de Gaza et des sympathisants de partout ailleurs, un mouvement qui continuera tant que la vérité sur ce qui se passe chez nous ne sera pas connue du monde entier, et à tel point que la complicité tacite et la tonitruante indifférence ne seront plus acceptables.

Ceci est le manifeste pour le changement de la jeunesse de Gaza !

Nous allons commencer par rompre l’occupation qui nous étouffe, par nous libérer de l’enfermement mental, par retrouver la dignité et le respect de soi. Nous garderons la tête haute même si nous rencontrons le refus. Nous allons travailler nuit et jour pour changer la situation lamentable dans laquelle nous nous débattons. Là où nous nous heurtons à des murs, nous construirons des rêves.

Nous espérons que vous qui lisez maintenant ces lignes, oui, vous, vous nous apporterez votre soutien. Pour savoir sous quelle forme c’est possible, écrivez sur notre mur ou contactez-nous directement à freegazayouth@hotmail.com

Nous voulons être libres, nous voulons vivre, nous voulons la paix.”

 

L’intolérance et le fanatisme ont enchainé dans le désespoir une partie du peuple palestinien jadis considéré comme le plus évolué et le plus démocratique parmi les pays arabes. Le Manifeste de la jeunesse de Gaza, interpelle tous les humanistes et démocrates, réellement progressistes et attachés aux valeurs universelles communes, sans sectarisme, haine envers quiconque, tout comme les révoltes arabes contre leurs dictatures monarchistes et l'ensemble des mouvements récents des indignés à travers le monde, contre l'asservissement Libéral. Soutenons demain en Palestine une propable révolution citoyenne pour mettre un terme définitif, à la fois, à l'oppression culturelle, politique, sociale et économique de l'autorité palestinienne et du Hamas, et au conflit israélo-palestinien, pour une vie comme elle est réclamé par ces jeunes, dans la paix, la liberté et la Justice sociale, seules valeurs émancipatrices des peuples !

Mais, aujourd'hui de nouveau le Hamas et le Fatah, divisé sur la question palestinienne à l'ONU, mette leur peuple dans l'impasse, dans un conflit sans fin avec Israël.

Et ce qui attent le peuple palestinien ces prochaines semaines et mois, à voir certaines déclarations importantes, ci-dessous, est des plus incertains, pour leur devenir. Nous leurs souhaitons d'être à la hauteur des enjeux.

 

 

Mahmoud Abbas, au cours d’une réunion de la Ligue Arabe, en mai 2011, a déclaré vouloir une Palestine « purifiée de la présence juive ». Sans commentaire ! ! !

Depuis la Mouqata’a, à Ramallah, Mahmoud Abbas évoque le droit légitime des Palestiniens. Il veut “mettre fin à une injustice historique en accédant à la liberté et à l’indépendance comme tous les autres peuples de la Terre, dans un Etat palestinien sur les lignes du 4 juin 1967”.

Les frontières de 1967 n’ont rien de sacré Sic !!!

dimanche 14 février 2010 – 07h:58 Info-Palestine.net
Proche-orient.net
Mobile.Info-Palestine.net : Hasan Abu Nimah L’idée selon laquelle la ligne de démarcation du 4 juin 1967 est la frontière légitime d’Israël et devrait être la base d’un règlement du conflit, est une idée fausse, écrit Hasan Abu Nimah. re-sic !!!

L'Ambassadeur Abdullah, représentant palestinien au Liban : “les réfugiés palestiniens ne seront pas des citoyens de l’Etat” Rédigé le 16/09/2011

Pensiez-vous que 63 ans d’utilisation, par les Arabes, des “réfugiés comme des pions politiques”, pourraient finir en un claquement de doigt avec la déclaration unilatérale d’un État Palestinien ?

« Les réfugiés palestiniens ne deviendront pas les citoyens d’un nouvel État palestinien », selon l’ambassadeur des territoires palestiniens au Liban, « Ils sont des Palestiniens, c’est leur identité », dit-il. « Mais … ils ne seront pas automatiquement citoyens ». « Même les réfugiés palestiniens vivant dans [les camps de réfugiés] à l’intérieur de l’État [palestinien] seront encore considérés comme réfugiés. Ils ne seront pas considérés comme des citoyens. » re-re-sic !!!

L’ambassadeur explique aussi que le nouvel État palestinien ne donnera « absolument pas » de passeport palestinien aux réfugiés. Pour l’ambassadeur Abdullah, « l’État et les frontières de 1967 ne suffisent pas. Les réfugiés sont de toute la Palestine. Lorsque nous serons acceptés en tant qu’État à l’ONU, ce ne sera pas la fin du conflit. Ce ne sera pas une solution au conflit. Ce sera un nouveau cadre pour changer les règles du jeu. » re-sic !!!

Que dire de plus ? Si ce n'est bon courage au peuple palestinien dans leur lutte !

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:21

Agoravox- 21 Septembre

La composition chimique du tabac est très complexe. Son analyse peut concerner la plante fraîche ou séchée, de même que le tabac de la cigarette et ses additifs. Cependant, si la chimie du tabac est examinée sous l'angle de la dépendance, c'est l'analyse de ce à quoi le fumeur est exposé qui importe et c'est donc à la chimie de la fumée de cigarette qu'il convient de s'intéresser. Or depuis les années 1960 on sait que l'on y trouve par exemple du polonium 210 à des doses non négligeables. Revue.

Composition chimique du tabac

La fumée de cigarette peut être définie comme un aérosol dynamique en mouvement constitué d'une phase gazeuse et d'une phase particulaire.

Le filtre en fibre de verre à travers lequel passe la fumée principale retient une partie de la phase particulaire qui correspond, après soustraction de l'eau qu'elle contient, au taux de goudron. À partir de ce goudron, il est possible de doser la nicotine présente dans la phase particulaire qui contient un grand nombre de substances auxquelles le fumeur s'expose. Il convient de noter que parmi les milliers de substances identifiées, seules quelques dizaines sont présentes à des doses toxicologiquement ou pharmacologiquement actives et sont donc à prendre en considération dans le contexte de la dépendance.

De même, la phase gazeuse peut être analysée. La composition chimique de la fumée de cigarette comporte des éléments constants présents à des teneurs variables en fonction du type de tabac, du type de cigarette, de la présence d'additifs et de la manière de fumer. Les additifs servent comme adjuvants de fabrication ou de combustion, agents d'humidification ou d'aromatisation.

Il a souvent été avancé que les cigarettes contenaient des agents susceptibles d'accroître la dépendance au tabac en augmentant l'absorption de la nicotine. Cette hypothèse n'a toujours pas été validée, et même s'il est démontré que la nicotine est l'agent responsable de la dépendance, on ne sait pas si les substances incriminées dans la potentialisation de ses effets sont présentes à des doses suffisantes pour entraîner l'effet supposé.

Les données bibliographiques relatives à la fumée de cigarette découlent d'études réalisées avec la machine à fumer dans les conditions définies par les normes ISO 4387, ISO 10315, ISO 10362-2, ISO 8454. Ce test est utilisé pour déterminer les quantités de goudron, de nicotine et de monoxyde de carbone obtenues dans des conditions standardisées et qui figureront sur les paquets de cigarettes, en application de la directive européenne relative à
l'étiquetage des produits du tabac.


Chimie de la fumée principale de cigarette

La chimie de la fumée de cigarette a été essentiellement étudiée à partir des produits isolés lors des tests de fumage réalisés selon les normes de l'ISO. La machine utilisée pour ces tests tire, une fois par minute, une bouffée d'une durée de 2 secondes et d'un volume de 35 ml ; elle laisse un mégot de 23 mm (lorsque le filtre est long, le fumage est arrêté à 3 mm de la manchette).

Et que trouve-t'on dans cette fumée ?

On y trouve entre autres en phase particulaire : des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, polonium 210, strontium), divers terpènes, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, divers phénols et catéchols, des acides gras, des benzofuranes, des dérivés nitrosamines, indoliques, quinoliniques, pyrazines dont la nicotine. Les alcaloïdes en représentent 6%, les pigments 3%.

En phase vapeur on y trouve le monoxyde de carbone, divers alcanes, alcènes, hydrocarbures, alcools volatils (méthane, isoprène, benzène, méthanol…), de l’acide cyanhydrique, des amines aliphatiques volatiles…

Au total ce sont plus de 4 000 substances toxiques, dont 50 reconnues cancérigènes.

Les agents potentiellement responsables des principaux troubles associés au tabagisme ont été répertoriés :
- Dépendance tabagique : nicotine, alcaloïdes mineurs, agents d’aromatisation.
- Maladies cardiovasculaires : monoxyde de carbone, oxydes d’azote, acide cyanhydrique HCN, goudrons, métaux lourds cadmium, zinc… présents dans les feuilles de tabac (nous y reviendrons plus loin).
- Maladies obstructives chroniques du poumon : HCN, aldéhydes volatiles, NOx, CO, goudrons.
- Cancers du poumon et du larynx : hydrocarbures polynucléaires aromatiques HPA, 4-(méthylnitrosamine)-1-(3-pyridyl)-1-butanone NNK, polonium 210 radioactif (émetteur alpha, demi-vie 139 jours), formaldéhyde, acétaldéhyde, butadiène, cadmium, nickel, chrome.
- Cancers de la cavité orale : NNK, N’-nitroso-nornicotine NNN, HPA.
- Cancers de l’oesophage : NNN.
- Cancers urinaires : 4-aminobiphényl, 2-naphthylamine et autres amines aromatiques.
- Cancer du pancréas : NNK, 4-(méthylnitrosamine)-1-(3-pyridyl)-1-butanol NNAL.

Quelque part, rien de surprenant à ce que tous les produits résultants de la combustion du tabac, ainsi que les substances actives déjà présentes dans la plante se retrouvent dans la fumée. Mais ce qui m'a le plus surpris est la présence de métaux lourds, et notamment de polonium radioactif !!!

Vous savez, le polonium de l'affaire Litvinenko, celui utilisé par les Russes pour éliminé les opposants ! Quelques microgrammes sont fatals, un million de fois plus toxique que le cyanure (Note CRIIRAD N°06-92 / Polonium 210 / Affaire Litvinenko).

Vous allez vous demander comment des métaux lourds en notamment du polonium 210 radioactif se retrouve dans le tabac ? Y est-il rajouté ? Malheureusement non ce serait trop simple, car il est tenu pour responsable de cancers du poumon dû au tabac. La fumée inhalée par les fumeurs contient une proportion infime mais déjà dangereuse de polonium.

Sa présence dans le tabac remonte au début du 20e siècle, les fumeurs d’avant en étant épargnés, du fait de l'utilisation massive d'engrais à base de phosphate de calcium (apatites) dans les nouvelles techniques d’agriculture. Or le minerai de phosphate de calcium est extrait de roches à forte teneur en 210Po, tout simplement.

Ainsi la fumée inhalée par les fumeurs contient une proportion infime (de l'ordre de moins d'un micro Sv) mais déjà dangereuse de polonium. J. Marmonstein, « Lung cancer : is the increasing incidence due to radioactive polonium in cigarettes ? », 1986 On estime qu'1 % des cancers du poumon aux États-Unis sont causés par le polonium-210 (Radford E., "Radioactivity in cigarette smoke", N Engl J Med (1982), 307(23):1449–1450).

A la suite de la découverte du polonium dans la fumée de cigarettes au début des années 1960 (Radford EP Jr, Hunt VR, "Polonium 210 : a volatile radioelement in cigarettes", Science (1964) Jan 17 ;143:247-9" et Kelley TF, "Polonium 210 content of mainstream cigarette smoke", Science (1965) Jul 30 ;149:537-8), les grands fabricants américains se sont penchés sur des méthodes susceptibles de réduire les quantités présentes, allant dans le cas de Philip Morris jusqu'à développer le premier laboratoire capable de mesurer de façon fiable les doses libérées. En dépit de résultats internes favorables indiquant que la présence de polonium était deux à trois fois inférieure aux premières estimations (Martell E., "Radioactivity of tobacco trichomes and insoluble cigarette smoke particles", Nature (1974) 249:215–217), la décision fut prise par les avocats de la compagnie de ne pas publier cette information, le risque en termes de relations publiques et de procès étant perçu comme très supérieur aux bénéfices d'une telle annonce (Seligman R., Philip Morris. January 18, 1990. Bates no. 100372 5602. R. Seligman, « America’s electric energy companies’ad »).

En outre, les diverses tentatives menées par les compagnies pour diminuer la présence du polonium dans les plants se révélaient insatisfaisantes (Philip Morris, « Radiochemistry polonium », 15 avril 1977 ; W. Gannon, « 210Po Manuscript », 30 mai 1978 ; Monique E. Muggli, Jon O. Ebbert, Channing Robertson, et Richard D. Hurt, « Waking a Sleeping Giant : The Tobacco Industry’s Response to the Polonium-210 Issue », American Journal of Public Health 98(9):1643-1650). Communiquer sur ce sujet risquait, selon ces responsables, de "réveiller un géant endormi" en générant une nouvelle controverse (P. Eichorn, « note manuscrite », 2 juin 1978).

Additifs du tabac

Les additifs du tabac sont assez nombreux ; ils figurent généralement sur des listes limitatives quant à l'autorisation de leur usage. Ces produits sont acceptés sur la base de leur toxicité propre (avant combustion) et non sur la base de leur toxicité après pyrolyse. L'application de la nouvelle directive européenne relative à l'étiquetage des produits du
tabac devrait remédier à cet état de fait.

Une étude de fumage réalisée à partir de cigarettes supplémentées avec des mélanges couvrant 333 additifs met en évidence l'impact de ces additifs sur la phase particulaire, qui s'en trouve généralement augmentée. Certains mélanges d'additifs semblent avoir un impact net sur l'augmentation de certains toxiques de la phase particulaire de la fumée de
cigarette. Concernant l'effet des additifs sur le renforcement de l'addiction, les hypothèses relatives sont loin d'être validées, particulièrement si l'on prend en compte les niveaux d'additifs réellement présents.

Différentes catégories de substances sont utilisées comme additifs : les humectants, les aromatisants et les agents de combustion.
- Humectants : Ils peuvent représenter environ 5 % du poids de la cigarette. Ce sont par exemple le glycérol, dont la pyrolyse le transforme en acroléine ; le propylène-glycol et le diéthylène-glycol intervenant dans la formation de l’acétaldéhyde ; ou encore le sorbitol.
-Aromatisants : Terpènes, eugénol (essence du clou de girofle), miel, dérivés pyrroles et pyrazines, ce sont aussi le menthol, très utilisé dans les cigarettes afro-américaines, et qui apparaît comme un candidat sérieux en tant qu’agent susceptible de favoriser l’accoutumance. Le cacao est un additif célèbre, et est incriminé depuis 1999 d’accroître l’addiction à la nicotine en augmentant son absorption par voie pulmonaire du fait de la présence de théobromine. Cet argument est aujourd’hui encore discuté car les doses actives sont relativement élevées comparées aux doses présentes dans la cigarette. La
réglisse est aussi utilisée, et contient un triterpène (glycyrrhizine) aux propriétés de type corticoïde bronchodilatateur mais qui semble dégradé par pyrolyse. L’acide lévulinique améliorerait l’acceptabilité gustative de la nicotine. Les sucres sont généralement ajoutés en associant avec l’ammoniaque pour conduire à des dérivés de la réaction de Maillard
bien connue en chimie alimentaire et donner des saveurs de caramel. Ils expliquent en partie la présence de dérivés furaniques et pyrroliques dans la fumée. L'ajout de sels d’ammonium, (hydroxyde, alginate, phosphate dibasique), outre leurs effets aromatisants, sont utilisés comme modificateur de pH. L'ammoniac gazeux se forme lui naturellement au
cours de la fermentation du tabac, de même que pendant la combustion de la cigarette, par décomposition des nombreuses substances azotées naturellement présentes dans le tabac (plus de 9 000 identifiées). L'ammoniac est donc un composant constant de la phase vapeur de la fumée de tabac. Toutefois, son taux de transfert dans la phase vapeur de
la fumée de cigarette reste faible. S'il se forme de l'ammoniac lors de la fermentation ou de la combustion du tabac, il se forme également de l'anhydride carbonique qui est acide et peut neutraliser aussi bien l'ammoniac que la nicotine libre.

Les cigares sont des présentations de tabac habituellement alcalines (pH entre 7 et 8). La mauvaise conservation des cigares est un phénomène connu ; de ce fait, les cigares font l'objet de conditionnements particuliers. La notion de pH des cigarettes est à utiliser avec prudence, puisque le pH n'a de signification qu‘en solution aqueuse convenablement diluée. Il s'agit en fait de pH de condensats de fumée en solution. L'alcalinité du tabac peut avoir un effet sur la teneur en nicotine libre ; toutefois, cette alcalinité peut également avoir un impact sur les 9 000 substances azotées présentes. La nicotine sous forme libre demeure très majoritairement (99 %) dans la phase particulaire ; son absorption se situe essentiellement au niveau buccal et est donc conditionnée par le pH au niveau des muqueuses. L’ammoniac permettrait ainsi l'inhalation de la fumée sans provoquer de toux et faciliterait l'absorption de la nicotine.

Le modèle actuel de l'addiction est fondé sur l'autotitration, c'est-à-dire que le fumeur adapte sa manière de fumer à la nicotinémie qu'il recherche, ce qui démontre, par ailleurs, le peu d'intérêt des cigarettes dites légères et de la limitation du taux de nicotine dans les cigarettes. L'impact de l'ammoniac sur l'addiction semble donc discutable aujourd'hui. L'ammoniac est bien sûr irritant et toxique pour le système respiratoire. Toutefois, avec ou sans ajout, il sera toujours présent dans la phase vapeur de la fumée de tabac. Les additifs ammoniacaux pourraient être utiles industriellement pour ajuster le pH après fermentation du tabac, et les sels ammoniacaux peuvent avoir un effet acidifiant selon la règle des sels (acide fort + base faible = acide faible). Si l'ammoniac était interdit, d'autre agents alcalinisants non azotés pourraient y être substitués par les fabricants, permettant d'obtenir le même effet sur la teneur en nicotine base tout en respectant la réglementation. Le débat autour de l'ammoniac et de ses effets addictifs n'est pas alimenté aujourd'hui par des données scientifiques solides.
- Agents de combustion :
Ce sont essentiellement les nitrates qui sont utilisés pour favoriser la combustion de la cigarette, ce qui est bénéfique car cela permet la destruction de certaines substances par pyrolyse. En favorisant une combustion plus complète, ils pourraient faire baisser le taux de monoxyde de carbone qui peut aussi être éliminé par ventilation de la cigarette. Les
nitrates sont aussi incriminés dans la formation des nitrosamines. Ces nitrosamines mutagènes et cancérogènes se forment principalement lors de la fermentation du tabac, avant mise en forme, par l'intermédiaire de bactéries nitrifiantes qui utilisent les nitrates comme substrat.

Composés majeurs de la fumée de cigarette et leurs effets physiologiques

Seul un petit nombre de substances est présent en quantité suffisante dans la fumée du tabac ou de la cigarette pour pouvoir entraîner un effet physiologique appréciable. Diverses substances entrant dans la composition de la fumée de cigarette sont susceptibles de participer aux effets du tabac sur l'organisme et certaines ont été incriminées dans la
dépendance. Outre la nicotine, c'est le cas des alcaloïdes secondaires issus du métabolisme de la nicotine (comme la cotinine et la nornicotine), de l'acétaldéhyde (principal métabolite de l'éthanol), des béta-carbolines (harmane, norharmane) ou encore d'inhibiteurs des monoamine oxydases (IMAO).
Les alcaloïdes sont des molécules organiques d'origine végétale de caractère alcalin, renfermant au moins une molécule d'azote salifiable. Ils dérivent des acides aminés et ont généralement des propriétés pharmacologiques puissantes.
- La nicotine est un alcaloïde comportant un noyau pyridine et un cycle N-méthyl-pyrrolidine. Elle est nommée d’après Jean Nicot (1530-1600) de Nîmes, qui était un ambassadeur de France à Lisbonne, et qui a introduit le tabac (surnommé l'herbe à Nicot) à la cour du roi de France. La nicotine, est un stimulant qui a, par ailleurs, un potentiel addictogène. En moyenne, la nicotine atteint le cerveau en sept secondes quand elle est inhalée sous forme de cigarette (elle agit plus vite que l'héroïne injectée). L'accoutumance du corps à la nicotine est très rapide : une consommation modérée de 4 à 5 cigarettes par jour peut suffire à entraîner une dépendance psychique et physique. La nicotine est un acétylcholinomimétique et a donc un effet sur tous les neurones porteurs de récepteurs nicotiniques à l'acétylcholine.
À petite dose, la nicotine a un effet stimulant. Elle provoque une augmentation de la pression sanguine et du rythme cardiaque, provoque une libération d'adrénaline et réduit l'appétit. À haute dose, elle provoque des nausées et vomissements puis la mort par paralysie respiratoire. La dose létale pour un rat est de 50 mg/kg, pour une souris de 3 mg/kg, pour un humain de 65 mg en moyenne. La nicotine est aussi un insecticide remarquable. La nicotine induit une dépendance physique et son arrêt brutal entraîne des symptômes de sevrage importants. Ces symptômes peuvent durer plusieurs années après la dernière mise en relation avec la nicotine bien que leur maximum se situe aux alentours de 2 à 3 jours. Au niveau du métabolisme de la nicotine, de grandes différences interethniques ont été mises en évidence : les Chinois vivant aux États-Unis métabolisent la nicotine plus lentement que les Américains d'origine européenne ou latino-américaine.
- La cotinine est présente en faible quantité dans la fumée de cigarette. Elle s'y forme par oxydation ménagée de la nicotine dont elle constitue le principal métabolite. Les principales propriétés pharmacologiques de la cotinine sont reconnues sur le système nerveux central (stimulant psychomoteur ; antidépresseur (commercialisée aux États-Unis sous le nom de Scotine®) ; action stimulante sur la libération de dopamine et de noradrénaline), sur le système cardiovasculaire (action artériorelaxante ; antagoniste des effets hypertensifs de la nicotine et de l'adrénaline de manière non compétitive ; ces effets cardiovasculaires n'ont pas été mis en évidence dans l'étude clinique de Benowitz de 1983 sur 28 volontaires sains), sur les systèmes enzymatiques (inhibition de la biosynthèse du cortisol) ; inhibition de la biosynthèse des oestrogènes) ; et pour d’autres effets (action sur la prise de poids différente selon le sexe chez l'animal).
- La nornicotine est un constituant du tabac et un métabolite de la nicotine, à la fois dans la plante et chez l'homme. En étudiant ses propriétés, des chercheurs ont mis en évidence des modifications anormales des protéines chez les fumeurs. De tels effets sont à même d'entraîner des maladies métaboliques. En effet, ces glycations anormales ont été associées au diabète, à l'athérosclérose, à la maladie d'Alzheimer et à certains cancers. La nornicotine demeure dans le sang plus longtemps que la nicotine ; le fumeur subit donc une exposition significative. Certains tabacs sont très riches en nornicotine.
- Hormis les gaz usuels dont les teneurs s'évaluent en mg par cigarette fumée, l'acétaldéhyde, dont la teneur peut atteindre 1,4 mg, est constamment présent dans la fumée de cigarette. L'acétaldéhyde est le principal métabolite de l'éthanol et sa présence à un niveau significatif dans la fumée de cigarette suggère un lien entre tabagisme et alcoolisme. Il est responsable de la transformation de certains des acides aminés en alcaloides ayant aussi des activités pharmacologiques amnésiantes, anxiogènes, convulsivantes à forte dose, voire hallucinogènes. (La réaction de l'acétaldéhyde sur la tryptamine ou le tryptophane s'appelle l'harmane (nom dérivé de l'harmel ou peganum harmala qui est une plante hallucinogène rencontrée dans le bassin méditerranéen et au Proche-Orient ; dans le cas du formaldéhyde, l'homologue correspondant s'appelle le norharmane). L'harmane et le norharmane ont été mis en évidence dans la fumée de cigarette par Carpenter et Poindexter (1962), avec une teneur de l'ordre de 10 à 20 μg par cigarette.

En conclusion, les études récentes s'intéressent beaucoup aux éléments cancérigènes et mutagènes de la fumée de cigarette, mais assez peu aux additifs en tant qu'éléments susceptibles de favoriser la dépendance. Pour que des substances puissent jouer un rôle dans la dépendance, il importe que le fumeur y soit exposé à une teneur suffisante.
Hormis la nicotine, la cotinine est le premier candidat, suivi par la nornicotine, l'acétaldéhyde et enfin les dérivés du harmane. Toutes les études existantes sont fragmentaires. L'effet des additifs sur la dépendance fait l'objet de beaucoup d'articles, mais aucun n'est réellement démonstratif et seul le menthol reste une piste intéressante. Les effets endocrinologiques du tabac et de sa fumée constituent également une voie potentielle : en effet, l'inhibition de la biosynthèse de plusieurs hormones stéroïdiennes par inhibition enzymatique (qui n'a été que partiellement explorée et par des outils méthodologiques déjà anciens) permet d'ouvrir d'autres voies d'investigation dans le domaine de l'addiction et des différences liées aux sexe. Il est connu également que les hormones stéroïdiennes agissent au niveau de la transcription de l'ADN et, de ce fait, commandent la biosynthèse de certains récepteurs, cholinergiques en particulier. Les voies du métabolisme et de la pharmacocinétique de la nicotine apparaissent désormais bien établies, notamment du fait qu'elles ont bénéficié d'études de développement de spécialités pharmaceutiques contenant de la nicotine. Toutefois, les effets pharmacologiques des métabolites demeurent mal connus, en particulier quant à leur influence potentielle sur la dépendance tabagique.


Ouvrage de référence : « Tabac : Comprendre la Dépendance pour Agir » Expertise collective
Inserm © Les Editions INSERM, 2004

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:15

Libération le 20 Septembre

CARTE INTERACTIVELibération publie la carte de France des collectivités locales ayant contracté des produits financiers fournis par Dexia qui pourraient risquer, dans certains cas, de les conduire à la ruine.

337 commentaires

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Votre commune, votre région, votre département, votre communauté de communes, mais aussi l'hôpital du coin ou le syndicat qui s'occupe des ordures ménagères, sont-ils infectés par les «emprunts toxiques», ces produits très spéciaux distribués dans les années 2000 aux collectivités locales par les banques, et principalement par Dexia Crédit local? Y a-t-il un risque que tout ce beau monde fasse faillite?

Pour se faire une idée, rien de plus simple, jetez un coup d'oeil à la carte que publie Libération. Construite à partir du fichier 2009 des clients de Dexia (une information normalement confidentielle, mais que Libération s'est procurée), elle indique, collectivité par collectivité, le volume total des emprunts structurés contractés auprès de Dexia ainsi que le surcoût attendu que devra prendre à sa charge le contribuable.

>>>Lire Libération en kiosque mercredi ou dans notre zone abonnés

 

Pour consulter la carte, cliquez-ci dessous.

Les emprunts toxiques constituent un risque énorme. La plupart fonctionnent sur le modèle suivant: trois ou quatre ans après le début du prêt, débute la phase dite «structurée». Les taux sont alors calculés en fonction de formules abscondes, à partir d'indices financiers très variés (comme le cours du franc suisse, du yen, du dollar ou les CMS, un taux de référence utilisé uniquement par les investisseurs avertis). Et ce, pendant une période de 15 à 25 ans. Ce qui veut dire que, durant cette période, n'importe quelle évolution (à la hausse ou à la baisse) des marchés peut avoir des répercussions énormes sur le taux de remboursement de la collectivité.

Exemple, avec le « Dualys optimisé », un type de prêt structuré refilé en 2008 au Conseil général de Seine-Saint-Denis. Chaque année, au 1er décembre, et jusqu'en 2026, son taux pour l'année est calculé en fonction des cours relatifs de l'euro, du dollar et du franc suisse suivant une formule, détaillée sur dix lignes, qui fait frémir. Extrait: «Si l'écart entre le cours de change de l'euro en francs suisses et le cours de change de l'euro en dollar est strictement inférieur à 0, le taux d'intérêt est égal à 3,27% plus 25% fois la différence entre le cours de change de l'euro en dollar et le cours de change de l'euro en francs suisses ». Comprenne qui pourra!

Risque de «faillite»

Cette carte constitue une bonne base pour évaluer le risque collectivité par collectivité, mais elle ne clôt pas le débat. Les chiffres datent de 2009, et certains prêts ont été renégociés depuis. De plus, si Dexia (ex-Crédit local de France) est la banque historique des collectivités, elle n'est pas la seule à avoir distribué des emprunts toxiques. Les Caisses d'Epargne, la Société générale, le Crédit agricole... ont aussi été très actifs sur ce marché. Reste quelques chiffres qui permettent de prendre la mesure du risque pour les finances locales françaises. DCL avait distribué pour 25 milliards d'euros de produits structurés à 5500 clients, et à la fin 2009, la banque évaluait le surcoût de ces emprunts à 3,9 milliards d'euros. Mais l'addition pourrait encore grimper. Depuis, de nombreux événements ont certainement renchéri ce surcoût. Ainsi, la hausse du franc suisse, ces derniers mois, a vu les lignes d'emprunts fondées sur la devise helvète (comme le prêt Dualys du conseil général de Seine Saint-Denis), devenir de plus en plus chères à rembourser. Et de nombreuses communes ont alors brandi la menace d'un risque de faillite. De quoi conclure sans risque que les emprunts toxiques devraient pourrir la vie des collectivités encore de nombreuses années.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 13:50
AgoraVox- 21 Septembre


Les Indignés marchent sur Paris

La reconquête de l'espace public face à la tolérance zéro

Arrivée des marches à Paris les 17,18,19 et 20 septembre

Il nous tardait de pouvoir plaquer ces mots sur vos murs. Un buvard imbibé des couleurs feu de notre escapade parisienne. Car l’expérience humaine que nous avons vécue ensemble, avec bien d’autres qui avaient aussi fait le voyage vers Paris, est tout sauf anodine. Nul besoin de nous torturer pour que l'on vous livre ce morceau de vie. En vous confiant que nous y avons vu une lumière que les yeux ne peuvent voir.
 
Partis samedis de la Place Flagey à Bruxelles sur le coup de 6h du mat’, nous étions équipés du matériel nécessaire et résolument décidés à couvrir l’arrivée à Paris des marches espagnoles et française. Une étape importante avant l'objectif final : Bruxelles, du 8 au 15 octobre. Cette première journée parisienne du 17 septembre coïncidait avec l’Anti-Banks Day. Nous apprendrons d'ailleurs quelques heures plus tard la mobilisation simultanée de plusieurs dizaines de milliers de personnes de l’autre côté de l’Atlantique, au cœur même de Wall Street. Quasi au même moment chez nous, plus de 2000 personnes se réunissaient à Thiange pour dénoncer la politique belge en matière de nucléaire ainsi que l’omerta qui règne sur la catastrophe humaine de Fukushima...
 
Mise en jambes 
 
Mais peu avant tout cela, nous voici donc enfin parvenus au point de rencontre annoncé par les protagonistes parisiens du Mouvement, la Cité Universitaire, dans le 14ème arrondissement. Durant plus de 4 heures, nous avons pu discuter, faire connaissance et préparer ensemble banderoles et pancartes, certains n'hésitant pas à se faire maquiller comme des guerriers avant la bataille. Pendant ce temps, un buffet de fortune était dressé sur une des allées de la Cité U, posé sur des cartons eux même posés sur des poubelles publiques. Il est à noter qu’après le départ des Indignés, l’endroit était aussi propre qu’à leur arrivée.
 
Les participants n’étaient autres que des femmes, des hommes et des enfants, citoyens venus d’Espagne, de Grèce, de Belgique et d’ailleurs. Ils n’étaient autres que l’aveugle qui marchait vers la Bastille parmi les voyants ; ils n’étaient autres que des inconnus unis, en marge d’un monde déshumanisé et désuni. De la Cité Universitaire à la Bastille, à la reconquête de l’espace public, nous avons pu resentir dans les jambes et les tripes ce qui faisait l’essence de cette longue Marche. La journée était belle, ensoleillée, jalonnée de rencontres et de bonne humeur. De place en place, d'une banque à l'autre, les marcheurs ont su marquer leur passage intelligemment. Un véritable happening. Les uns rebaptisaient les rues - "rue du Capitalisme", puis "rue de la Vraie Liberté", ou encore "place de la Dignité" - les autres recouvraient les vitrines des banques de messages à la craie, barraient les distributeurs de billets par des bandes adhésives, tandis qu'autours d'eux les autres marcheurs pointaient un doigt accusateur en scandant : "coupables, coupables !". Devant eux, des groupes de gendarmes se postaient systématiquement devant chaque banque sur le parcours, démontrant symboliquement à quel point leur rôle de gardiens de la paix s’était étrangement transformé en celui de défenseurs des banques. Un des moments les plus surréalistes de la journée fut marqué par une course-poursuite absolument étonnante. Dans un moment d'hilarité générale, les Indignés se sont mis à courir derrière les CRS qui tentaient d’atteindre la banque suivante avant l'arrivée du cortège. Exquis, pour un peu on en redemanderait. Ces heures de marche à travers Paris étaient rythmées à la guitare, au sax ou au chant par de joyeux musiciens saltimbanques, certains affublés d’un nez rouge. Une marche pour les 7 à 77 ans, tous indignés, tous anonymes.
 
Paris gagné
 
Autour d’une centaine de marcheurs principalement venus d’Espagne mais aussi de Toulouse, l’affluence internationale de ce 17 septembre a démontré qu’il était possible de mobiliser un nombre important de citoyens sans pour autant déployer les calicots traditionnels des organisations syndicales et partisanes. Non pas que leurs adhérents ne soient pas les bienvenus, que du contraire ! Mais l’heure n’est décidément pas à la défense des intérêts d’un groupe particulier, il s'agit aujourd'hui d’appeler ensemble à une convergence générale de tous les acteurs de la société civile.
 
Tout va bien se passer...
 
Après cette traversée de la Ville Lumière, de la Banque de France aux Halles en passant par Notre-Dame, nous voici arrivés place de Bastille, peu après 20h, sous une pluie battante. Et là il y eut comme un froid. Le comité d’accueil était particulièrement impressionnant. Un dispositif répressif composé d'au moins 300 CRS et gendarmes, spectaculairement alignés devant les fourgons tels des soldats prêts à intervenir au moindre clignement de paupière de leur supérieur hiérarchique. Emmurés dans leur harnachement façon Robocop, ils nous apparaissaient soudainement comme de sinistres exécutants décérébrés à la solde du Ministère de l’Intérieur. De dialogue il ne pouvait être question. "Tout va bien se passer" qu'ils disaient... Il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre que le but de la manoeuvre consistait tout simplement à nous encercler sur une recoin de la place. Ainsi rassemblés sur les pavés ruissellants de la place, certains des Indignés se sont assis en un groupe compact, accrochés les uns aux autres, les coudes serrés, conscient que leurs sorts individuels étaient liés au sort du groupe. L'un de nous deux était alors lui-même au beau milieu de ce petit groupe d'irréductibles et peut témoigner de l’émotion et de la force qu’une telle union a généré en lui. Nous avons vu des femmes et des hommes pleurer. Certains chantaient alors que d’autres se faisaient traîner par terre, dans les flaques, comme de vulgaires sacs de sable.
 
Ces confrontations, sous la drache de surcroît, ont empêché une grande Assemblée Générale sur la place. Elle a néanmoins pu se tenir le lendemain après-midi, au même endroit, sous la surveillance étroite de nombreux gendarmes postés comme des épouvantails sur les marches de l’Opéra Bastille.
 
Contrastes
 
Certains médias traditionnels ont relayé ces évènements, le plus souvent en les minimisant. Ce positionnement nous semble révélateur de l’intérêt disons sélectif de ces bourreaux de la médiation. En revanche, du côté des réseaux de renseignement citoyens, des millions de tweets et des centaines de retransmissions en streaming depuis les différents théatres d’opération ont permis aux internautes du monde entier de suivre les faits en direct.
 
Vous avez dit non-violence ?
 
Lundi 19 septembre vers 20h, plus de 200 marcheurs qui parcouraient ensemble les rues de Paris (sans bloquer la circulation, se limitant à marcher sur les trottoirs) se sont fait littéralement agresser par la police, sans avertissement, à coup de flashballs et de gaz lacrymogènes, pris en étau sur le boulevard Saint-Germain, alors qu’ils se dirigeaient vers l’endroit où ils comptaient camper et tenir une Assemblée Populaire. Une personne est tombée inconsciente et des blessés sont à déplorer, ils ont été emmenés en ambulance par les pompiers. Habilement mis à l'écart, isolés des regards extérieurs par les fourgons de police, une centaine de marcheurs ont ainsi été molestés, arrêtés puis entassés dans un bus, drivés à toute allure vers un poste de police où ils ont été parqués plusieurs heures comme des animaux, faisant l'objet d'une vérification d'identité, pour ne pas parler d'un fichage en bonne et due forme. Malgré la violence policière, il est à noter que l'attitude non-violente des Indignés n’a jamais été prise en défaut. Ils ont ensuite été relaxés au compte-gouttes jusqu'aux petites heures du matin, seuls ou par petits groupes, sans doute pour éviter qu’ils ne se rassemblent à nouveau. C’est cependant mal les connaître, car il y a de grandes chances que ces porteurs de dignité soient encore plus nombreux la prochaine fois !
 
Ils ont le coeur sur la main
 
Nous sommes encore marqués par les images de ces coeurs dessinés au marqueur rouge sur les paumes de nos mains, ouvertes vers le ciel. Et par ces messages adressés sur le bitume de Paris aux forces de l’ordre gouvernemental : "Ceci est notre seule arme !" ou encore "Libérez nos camarades !". La disproportion des effectifs policiers déployés et leur contreproductive inutilité expriment mieux que des mots l'attitude crispée des autorités face à la tentative des marcheurs de se réapproprier l’espace public. Cette attitude porte pourtant un nom : la tolérance ZERO.
 
Autorisation de respirer
 
Mardi 20 septembre, 22h - toujours à Paris. Dernières infos. Les marcheurs ont décidé de poser leurs tentes à Bercy. Une quinzaine de tentes ont été installées à l'heure qu'il est. D'après des sources fiables sur place, un représentant de la police est passé les voir lors de l'assemblée qui se tenait là, pour leur signifier oralement qu'ils avaient l'autorisation de passer la nuit à cet endroit. Après lecture de la presse espagnole, qui ce matin se faisait largement l'écho des événements de Paris, il y a de quoi se demander si ce revirement de situation n'est pas le signe de la crainte des autorités de voir les multiples bavures se retourner contre elles, sur le plan médiatique.
 
Bruxelles : du 8 au 15 octobre
 
Au regard de ce que nous avons vécu ici à Paris ces quatre derniers jours, nous ne pouvons que vous encourager à nous rejoindre et à participer à cette extraordinaire aventure humaine. Soyez avec nous tous, à Bruxelles, pour l'arrivée des marcheurs le 8 octobre. Femmes, hommes et enfants de tous bords, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, ouvriers, employés, fonctionnaires, indépendants, artistes, féministes, humanistes et activistes, pères ou mères de famille, retraités ou étudiants, que vous soyez syndiqués, membres d’une association ou même d’un parti. Car aujourd’hui les choses sont claires : c’est à tous mais donc à chacun qu'il revient de joindre les actes aux paroles.
 
 
Littéralement,
Badi Baltazar & Roland Nasky
 

Montage vidéo de la journée du Samedi 17 Septembre par Vincent Laurent (BX Art)
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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 13:42

Si, en rentrant un dimanche soir chez vous, vous voyez la silhouette d'un homme étendu sur le trottoir dans le faisceau de vos phares, et que vous descendez immédiatement de votre voiture pour lui porter secours ; si cet homme présente des blessures certes impressionnantes (une énorme plaie au front, un œil tellement abîmé que vous savez rien qu'en le regardant qu'il est déjà fichu) mais datant visiblement de plusieurs jours ; s'il parle d'une voix empâtée par l'alcool, ce que confirment fortement son haleine et le fait qu'il ne tienne pas debout ; s'il vous demande d'avoir la gentillesse de bien vouloir le ramener dans son centre d'hébergement à 3 km de là ; alors vous avez deux solutions :

  • soit vous prenez la responsabilité de transporter cet homme blessé et en état d'ébriété ;
  • soit vous lui cassez la gueule. Vous l'amochez encore plus qu'il ne l'est déjà. Vous lui démontez la tronche.

Parce que personne, PERSONNE le transportera à votre place :

  • ni les pompiers, qui ne prennent pas en charge une personne ayant bu sans blessures évidentes ;
  • ni le Samu social, car il ne se déplacera que si la personne n'a pas d'hébergement. Le Samu médical fera le trajet, mais constatera, comme vous, impuissant, qu'une personne qui refuse l'hospitalisation ne peut être prise en charge par leurs soins.

Les compagnies de taxis, elles, accepteront sans rechigner une femme aux derniers stades de l'accouchement, mais refuseront catégoriquement un passager ivre sous prétexte qu'il pourrait vomir dans leur véhicule.

Reste la police, qui, si elle daigne se déplacer, collera le quidam – qui veut juste regagner sa chambre au foyer pour regarder France 2 – en cellule de dégrisement.

Il est alcoolique et SDF en plus

Vous pouvez toujours le laisser dehors, ce monsieur inconnu, comme s'il n'avait jamais croisé votre chemin, parce que, comme il vous l'a dit, il est alcoolique, et SDF en plus. Les températures descendront sous les 7°C dans la nuit et, l'alcool aidant, l'hypothermie devrait le faire s'endormir vite, très vite…

Il n'y a personne, on vous dit… Ah ! si, il y a vous. En colère, triste, vous allez le faire – difficilement – monter dans votre voiture et le raccompagner jusqu'à la grille de son lieu d'hébergement. Et ne vous éloigner que lorsque la personne qui n'a pas décroché le téléphone quand vous avez appelé une demi-heure plus tôt va répondre à l'interphone et l'admettre dans l'enceinte de l'établissement.

Ce n'est pas cette fois qu'il mourra dehors.

Et vous, vous avez mal. Vous avez du mal aussi… Du mal à croire que ce que vous avez vécu ce dimanche soir, ça se passe ici, en France.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 13:37

Vendredi dernier, les « indignés » m'avaient invité à venir débattre sur la construction européenne. J'aime bien les indignés, non parce que je partage toutes leurs idées mais simplement parce qu'ils sont indignés. L'indifférence est le poison mortel de notre civilisation. Notre avenir dépend de notre capacité à nous indigner.

Donc me voilà arrivant place de la Bastille, à Paris, pour participer au débat. Une trentaine d'indignés sont présents, de tous âges, manifestement de toutes conditions sociales. Ils discutent ensemble comme entre amis dans le calme, en petits groupes de quelques individus.

La présence policière est supérieure à celle des indignés. Des cars de CRS sont stationnés à l'entrée de la place. Des policiers en civil équipés de talkies-walkies surveillent le « rassemblement ». L'accès aux marches de l'Opéra Bastille est interdit par des barrières métalliques.

Erreur de forme

Les passants traversent le groupe des indignés sans même s'apercevoir de leur présence. Cela ne ressemble pas vraiment à une manifestation de nature à troubler l'ordre public comme pourrait le laisser penser le déploiement policier.

L'organisateur du débat m'informe que les policiers en civil présents ont signifié que le rassemblement est interdit , motif : le document autorisant le dit rassemblement, pourtant remis par la préfecture de police, comporte une erreur de forme.

L'organisateur réussit à joindre par téléphone un interlocuteur à la préfecture de police pour lever l'erreur. Il tend le téléphone au policier en civil pour que celui-ci s'entretienne avec le fonctionnaire. Refus courtois. Le rassemblement reste interdit. Partager son indignation est interdit pour cause d'erreur de tampon.

Faut-il un tampon administratif pour se parler ?

J'étais déjà indigné, par principe. Maintenant en plus, j'ai de la peine pour mon pays et je suis en colère.

France, chantre de la liberté, qu'es-tu devenue ? Faut-il un tampon administratif pour que des citoyens pacifiques soient autorisés à se parler librement autrement que cachés chez eux ? La République n'a pas succédé à la monarchie absolue pour que le tampon remplace la lettre de cachet !

L'article 431-9 du code pénal stipule :

« Est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende le fait :

  1. d'avoir organisé une manifestation sur la voie publique n'ayant pas fait l'objet d'une déclaration préalable dans les conditions fixées par la loi ;
  2. d'avoir organisé une manifestation sur la voie publique ayant été interdite dans les conditions fixées par la loi ;
  3. d'avoir établi une déclaration incomplète ou inexacte de nature à tromper sur l'objet ou les conditions de la manifestation projetée. »

Modifions le code pénal !

En ce temps où nous avons tous besoin de liberté pour inventer le monde nouveau dont plus personne ne conteste l'exigence, demandons à nos élus de modifier comme suit cet article du code pénal :

  1. « Les citoyens ont le droit fondamental d'organiser une manifestation sur la voie publique sur simple déclaration préalable ; cette déclaration vaut droit de manifester ;
  2. L'autorité publique peut exiger des mesures motivées par la sécurité publique et celle des manifestants, et strictement proportionnées aux nécessités de l'ordre public ;
  3. Les organisateurs d'une manifestation qui n'ont pas pris les mesures visées à l'alinéa précédent ou qui ont établi une déclaration incomplète ou inexacte de nature à tromper sur les conditions de la manifestation projetée peuvent être condamnés à une amende de 7 500 € en cas de dommages aux biens ou aux personnes du fait de la manifestation. »

Ecrivez à votre député pour qu'il dépose un projet de loi en ce sens. Ce n'est pas la révolution mais la seule affirmation d'un droit constitutionnel.

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 13:32

Non seulement contente de lâcher l'industrie nucléaire si chère à notre pays, l'entreprise allemande Siemens aurait joué un tour cantonesque à une grande banque française. En retirant de ses guichets 500 millions d'euros – en liquide ! – pour les planquer au chaud de la Banque centrale européenne.

Le motif invoqué par le Financial Time ayant révélé la manipulation : l'inquiétude sur la solvabilité de la banque en question. Et on apprend que la Bank of China aurait suspendu des opérations avec trois établissements bancaires français :

  • la BNP,
  • le Crédit agricole,
  • la Société générale.

Les rats quittent le navire…

Comme on l'avait prévu, les rats ne pouvaient manquer de quitter le navire. Et comme on le voit, les plus gros semblent n'avoir pas tardé.

Pour l'heure, on ne connaît pas le nom de la banque en question, mais à voir la montée de boucliers immédiate des capitaines de rafiots devant la révélation, on se dit qu'il y a sacrément péril en la demeure. Michel Pébereau, président du conseil d'administration de la BNP, sur RTL, ce mardi matin :

« Nous n'avons pas besoin aujourd'hui d'aides quelles qu'elles soient. »

Michel Pébereau parlait prudemment de l'ensemble des banques françaises, et nous n'aurons pas l'imprudence d'incriminer la seule BNP. Mais essayez donc d'aller retirer tout de suite 500 millions en liquide au guichet de votre agence. Vous allez voir si elle ne se met pas à hurler au secours !

… et les souris continuent de danser

Pendant ce temps-là, que se passe-t-il sur les entreponts envahis par des déferlantes de plus en plus alarmantes (la baisse de la note de confiance de l'Italie par Standard & Poors, par exemple) ?

Rien, la routine ! Dans les coursives boursières, les yoyos de l'équipage ressemblent de plus en plus à des embardées incontrôlées. Et dans leur carré de plus en plus cerné, les officiers continuent de faire donner leurs improbables orchestres pour tenter d'apaiser les souris dansant sur les ponts inférieurs.

Dernière ritournelle entonnée en date : le retrait de Siemens deviendrait une simple opération de pure spéculation. En liquide ? Normal. Et qu'importe si les craquements sinistres se multiplient. AFP, 20/09/2011, 16h10 :

« Le nouveau propriétaire américain du site Meetic, Match.com, veut que le portail de rencontres place son argent dans une banque américaine et non française, a indiqué mardi le fondateur du groupe français, Marc Simoncini, sur la radio BFM Business. »

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