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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 22:04

fév
15

Marche Marseille-Paris

On n’arrête pas un peuple qui marche !

Plus de 900 km à pied pour manifester notre espérance!

Nous ne sommes pas dupes sur l’issue des élections présidentielles, de cette farce électorale que nous vendent les « médias de masse », ainsi que la classe politique.
Conscients que les banques gouvernent alors que personne ne les a élues, nous nous mettrons en Marche, le 3 mars 2012 au départ du Vieux Port de Marseille (RdV 9h) pour rejoindre Paris à pied. La Marche Marseille sera l’une des différentes Marches qui s’organisent partout en France en direction de la capitale (départ de Bayonne, Lille, Marseille, Normandie, Bretagne, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Toulouse, …). Elles arriveront unies à Paris le 20 avril 2012, deux jours avant le premier tour des élections présidentielles.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité de nombreux mouvements sociaux dépourvus de logique corporatiste, qui ont vu le jour ces dernières années et derniers mois (forums sociaux, collectifs, indignados, occupy, …). Indépendante et construite par ceux qui y participent, elle a pour enjeux de créer une agora nomade, plate-forme des réflexions et des possibles, où chacun peut porter son analyse et des solutions concrètes en place publique.
Lors de nos passages dans les villes, nous installerons nos campements sur les places. Nous nous réappropriation l’espace public afin de rompre avec la logique du chacun pour soi et créer ainsi des espaces d’expérimentations ouverts à la concertation, afin de réinventer le « Vivre Ensemble ».
La Marche de Marseille se propose de véhiculer des alternatives concernant nos manières de vivre, de s’organiser et de consommer, en réponse aux logiques de pensée que voudraient nous imposer la classe politique ainsi que les lobby attachés à défendre les intérêts particuliers des grandes entreprises.Nous marcherons donc pour porter ces alternatives sur les places et dans le débat public. La Marche Marseille se concentrera sur les questions des énergies alternatives au nucléaire et au pétrole, les systèmes d’organisations locales, l’échange de semences libres, la culture de la terre, la gestion de l’eau, les médecines naturelles, enjeux centraux de notre action.

Cette Marche est ouverte à tous à titre individuel, milieux associatifs ou militants. Cette Marche se veut ouverte à tous ceux qui sont soucieux de faire entendre leurs voix autrement que par les seules échéances électorales. C’est pour cela que nous invitons tout un chacun à venir nous rejoindre, que ce soit tout au long de la Marche ou bien pour quelques kilomètres ou lors des temps forts de la Marche pendant nos passages dans les grandes villes. Cette Marche est une plate-forme ouverte et exploitable par tous ceux désireux de porter une thématique, partager leurs savoirs et enrichir les propositions d’alternatives au travers d’animation, d’exposition de prototypes et de discussion ouverte (Agora).
Nous croyons de manière globale à la coopération et non à la compétition. De nombreux réseaux travaillent de manière efficace sur diverses thématiques. L’heure est venue de collectiviser ces travaux afin de créer une grande convergence populaire. Notre Marche se veut être une vitrine non commerciale des alternatives.

Nous lançons donc un appel à construire cette convergence ensemble.
Diffusez l’info largement et faites connaître avec nous ces initiatives marchantes et non marchandes !!!

 

Planning :

Marseille le 3 mars au matin départ du Vieux Port
- Aix le 3 mars au soir
- Avignon le 9 mars
Le 11 mars participation à la chaîne humaine contre le nucléaire entre Avignon et Lyon, on sera vers 0range
- Orange le 11 ou 12 mars
- Montélimar autours du 15 mars
- Valence autours du 17 mars
- Saint-Etienne autours du 20 mars
- Lyon qui sera la grande étape vers Paris le week-end du 24 mars
- Chalon sur Saone le week end du 31 mars
- Dijon le week end du 7 avril
- Auxerre le week end du 14 avril
- Paris arrivée prévu vendredi 20 avril
(planning provisoire pour se faire une certaine idée des villes par où nous allons passer)

Site internet : http://www.marche-paris-2012.com/category/marches/marseille/

Contact : marche2012marseilleparis@gmail.com

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 17:12

 

 

Le Front de Gauche vous propose

en

SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE GREC

Un

RASSEMBLEMENT

 

Mercredi 15 février 2012 à 12heures

 

NIMES CARRE D’ART

 

Toute organisation,  association  participant à ce rassemblement pourra si elle le désire prendre la parole.

 

 

 

Partout en Europe les plans d’austérité touchent les peuples En Grèce le 4ème  plan de rigueur prévoit entre autre la diminution du salaire minimum de 22% et l’annulation des conventions collectives laissant ainsi la bride sur le cou au patronat et à la grande finance.

 

Aujourd’hui la Grèce, l’Espagne le Portugal, l’Italie la France demain l’Allemagne.

 

 

 

Ca suffit

 

Solidarité des peuples contre la finance !


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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 17:10

 

C’est la St Valentin, un(e) Indigné(e) en profite pour écrire au Pôle Emploi et lui faire part de la dégradation de leur relation au fil des années… 

Cher Pôle,

Je t’écris aujourd’hui, jour de la St Valentin pour te dire que je souhaite remettre en question notre relation, en raison des terribles souffrances et trahisons que tu ne cesses de me faire endurer. Je me pensais unique à tes yeux, je croyais ton
attention acquise et bienveillante à mon égard, surtout en ces temps de crise. Mais je comprends que c’est impossible.

Comment pourrais-tu être à l’écoute de mes besoins, parmi les 140 personnes dont chaque conseiller assure le traitement ? Le suivi idéal de 60 personnes étant largement dépassé, j’en ai le coeur brisé.Et puis je dois t’avouer que ces ruptures inexpliquées me fatiguent. Sans explication, sous des motifs parfois fallacieux comme un simple retard, tu me radies. Alors que je suis toujours chômeur(se) donc encore fidèle. Cette perte de confiance me détruit, me brise chaque jour un peu plus le coeur.

Je me sens trahis d’autre part que tu veuilles me demander de travailler pour toucher l’argent que tu m’offrais avant par solidarité. Si tu peux me faire travailler 7 heures par semaine parce que je touche le RSA , tu ne vas pas me faire croire
que tu ne pourrais pas me trouver un vrai travail qui me permettrait de prendre mon indépendance, et ne pas rester accroché à tes dépens ? Cela aussi me brise le coeur. . .

Ta relation fusionnelle avec les ASSEDIC t’a fait beaucoup de mal. Soucieux de rentabilité, tu as perdu tout sens humain.Tu es devenu « une machine à calculer » et ton attitude a participé à me briser le coeur, pas seulement le mien, mais celui de 4,5 millions de chômeurs(ses).

Pour tout cela, et plein d’autres raisons, je suis obligé(e) de prendre mes distances avec toi. Je suis désolé de te faire ça le jour de la Saint Valentin, et par écrit, mais comment veux-tu que je le fasse ? I l est si difficile de communiquer avec toi.
Pourtant, j’aimerais tellement que, de nouveau, notre bonne entente nous permette d’avancer vers un futur meilleur.

Un(e) indigné(e) de Dunkerque

 

http://democratiereelledunkerque.wordpress.com/tag/saint-valentin/

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 17:09

Nous sommes tous Grecs. Et serons traités comme eux. N'ayons aucune illusion sur ce qui nous attend. Ne croyons pas que leur sort ne nous regarde pas. Plus vite on le comprendra, plus forts nous serons pour résister.

Resistere (« résister »), composé du préfixe re- et de sistere (« élever »).

 

http://indigne-toi.ning.com/photo/et-vous-combien-de-temps-aller-vous-dormir?xg_source=activity#!/photo/et-vous-combien-de-temps-aller-vous-dormir?context=user

 

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 17:03

Les indignés genevois plient bagage

tdg.ch -Par Julien Culet. Mis à jour à 15h19      

Plus d’une semaine après l’annonce de leur départ, les indignés quittent le parc des Bastions.

 

 

Le campement du parc des Bastions est en cours de démantèlement. Huit jours après l’annonce de leur départ, les indignés sont actuellement en train de retirer les installations présentes depuis le 15 octobre 2011. Le tipi est la première habitation à être démantelée. L'avenir de la tente d'Assemblée générale est encore en discussion, le mouvement bénéficiant d'une autorisation jusqu'à fin février. «C’est en débat. Il y en a qui veulent l’enlever tout de suite et d’autres sont favorables pour la garder jusqu’à la fin du mois», explique Toons. Après avoir enlevé l'imposante structure de réunion, les indignés pourront se regrouper à la Maison des associations, rue des Savoises, comme nous l'apprend Fiorine, un membre du mouvement.

La raison invoquée à la fin de l’occupation est une gestion du camp devenue de plus en plus lourde. Sont évoquées l'accueil de personnes à problèmes sociaux ou encore les discussions politiques au sujet du renouvellement de l'autorisation. Cela s’est tragiquement illustré avec le décès d’un marginal le 29 janvier dernier. (TDG)

Créé: 14.02.2012, 15h45

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 17:00
Pour nous contacter : roadtobrussels@gmail.com

lundi 13 février 2012

 Les médias d'information internationaux ont parlé de la nuit dernière en Grèce. Ils ont parlé de feu, de chaos, de violence…
Ils ont parlé de 100 000 personnes rassemblées à Syntagma, mais pas des 200 000 qui y étaient en réalité, ni des 300 000 qui n’ont pas pu arriver sur la place parce que les rues et le métro étaient bloqués par la police.
Ils n’ont pas parlé de la façon dont la police a provoqué le début des affrontements vers 17:00 en projetant des gaz lacrymogènes, sans discrimination sur toute la place Syntagma, dispersant les manifestants dans tout le centre d’Athènes, pour qu’ils ne gênent pas devant le Parlement.
Les médias ont parlé de destruction sans distinction, ils ont fait courir la rumeur selon laquelle la bibliothèque nationale d’Athènes brûlait. Faux.
Ils ont brûlé des banques, des cafés et des boutiques, franchises des industries multimillionnaires qui ont profité de la situation en Grèce, les médias ont parlé de jeunes antisystème, mais n’ont pas parlé des hommes et des femmes âgés avec leurs masques antiques montrant ainsi leur appui en tapant en rythme pendant des heures sur les vitrines des banques et des multinationales avec leurs mains et leurs pieds, chantant et criant en appui aux premières lignes qui résistaient aux charges des policiers anti-émeutes dans les rues pleines de lacrymogènes et de feux, applaudissant en voyant les flammes dévorer l’Alpha ban et l’Eurobank.
C’est vrai que la violence ne règlera rien en Grèce, mais ils ne parlent pas de l’Assemblée inter-quartiers qui s’est tenue la semaine dernière à l’université de Pantios, ils ne parlent pas de l’occupation de l’Université de Nomiki avec pour objectif d’en faire un lieu d’échanges et de débat entre les différents mouvements grecs, ils ne parlent pas des cantines libres et des marchés ouverts qui ont lieu chaque semaine dans les quartiers.
Ce que les médias ne diront pas, c’est que après la dernière expropriation massive d’un supermarché, et la distribution des aliments dans un quartier ouvrier de Salonique, les vieilles ont dit qu’elles n’ont pas pu arriver à temps, qu’elles nous ont incité à y rentrer, et que elles attendaient, en sachant où étaient leurs amis.
Ce qu’ils ne diront pas c’est que pendant que nous marchions dans un quartier ouvrier, dans une petite manifestation loin du centre, les gens étaient sur les balcons en levant le poing, et la manifestation partie à cent est arrivée à mille, les gens sortaient de leurs maisons, les vieilles applaudissaient aux balcons, les vieux… Putain, les vieux chantaient des hymnes, on n’entendait pas le pope, mais vous n’imaginez pas, nous n’avions pas idée, et ça les médias ne le diront pas, mais nous vous le disons.
Ici, à Athènes, ils savent qu’ils ne sont pas seuls, que toute l’Europe suit le même chemin, ce qu’ils ne savent pas c’est ce que le reste de l’Europe fait… si nous faisons quelque chose dans le reste de l’Europe.
Nous ne voyons pas seulement le présent de la Grèce, nous voyons notre futur.

Athènes 13/02/2012

 

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:56

 

Le rapport annuel de la Cour des comptes fait autorité pour baliser le champ de la politique budgétaire. Il est loué pour sa rigueur comptable et sa neutralité politique. Sa cuvée 2012 accorde un satisfecit à l’effort de rigueur réalisé en 2011 (de 0,9 point de PIB, dont 0,4 point lié à l’abandon des mesures de relance) et programmé pour 2012 (1,25 points de PIB, soit près de 25 milliards d’euros).

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Liêm Hoang-Ngoc, Député au Parlement européen, membre de la Commission des affaires économiques et monétaires, contre-rapporteur du « paquet gouvernance »

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Cet effort serait le plus important réalisé depuis les années 1995 et 1996, où fut conduite par Alain Juppé la politique dite «de réduction des déficits», avec le bonheur que l’on sait(1) ...

Le rapport souligne que l’effort récent a surtout tenu dans une hausse des prélèvements obligatoires. Il indique que, sous l’hypothèse d’une croissance potentielle annuelle de 1%, la France devra consentir un effort de rigueur de 20 milliards par an pendant trois ans (de 2013 à 2015) si elle entend contenir l’emballement de la dette publique qui, autrement, atteindrait 100% du PIB en 2015 et 113% en 2020, amenant notre pays à consacrer 4,5% du PIB par an au paiement des intérêts de la dette.

Reprenant les chiffres de la Commission européenne, la Cour des comptes estime que cet effort permettrait de réduire de près de 3 points le déficit structurel, que Bruxelles estime à 5,2% du PIB (2). Mais comme l’effort récent a consisté à augmenter les impôts, le rapport préconise de répartir l’effort de 20 milliards par an pour une moitié en hausse des prélèvements et pour l’autre moitié en baisse des dépenses. Outre la poursuite du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans le cadre de la Revue Générale des Politiques Publiques, il faudrait, en outre, poursuivre le gel des salaires des fonctionnaires, désindexer les pensions de retraites sur les prix et approfondir la politique de déremboursement des médicaments. 

La feuille de route du futur président de la République est donc fixée. Il n’est pas question d’engager un euro de dépense supplémentaire. La hausse de la fiscalité doit être complétée par une baisse des dépenses. Hors de la rigueur, point de salut. Ce point de vue est présenté comme a-idéologique. La crédibilité est à ce prix. Aucune autre politique n’est possible. 

C’est ici qu’imperceptiblement, à la manière d’une agence de notation glissant de façon subliminale ses recommandations, la Cour outrepasse son rôle, tant sa présentation du débat budgétaire est tronquée. Elle tranche le débat théorique de fond d’un revers de main, en 4 pages (de la page 50 à 53 du rapport), où sont exposés les présupposés qui motivent, en amont, ses préconisations. 

Dans les médias, l’idéologie de la rigueur est résumée par la ritournelle de «la dette qui pèse sur les générations futures». Dans le rapport, cela donne: «Les ménages et les entreprises peuvent augmenter leur épargne et réduire leurs investissements face à une aggravation du déficit» (3). Pour le dire clairement, en prévision des impôts qu’il faudra payer pour éponger les intérêts de la dette, les ménages consomment moins et les entreprises n’investissent plus, de peur de voir leur rentabilité amputée par un alourdissement de la fiscalité. Dans les manuels de théorie économique, ce point de vue est défendu par la très libérale théorie de l’équivalence ricardienne. Pour celle-ci, ce que les agents économiques ne paient pas en impôts pour financer une dette improductive, ils l’affectent intégralement à des dépenses de consommation et d’investissement. La réduction des déficits permettrait alors de relancer la croissance. 

Malheureusement, la politique recommandée est très précisément celle qui est menée depuis dix ans et qui a creusé les déficits sans relancer la croissance. Outre leur hausse conjoncturelle liée aux mesures de relance et au rôle des amortisseurs sociaux durant la crise, rappelons ici que la part des dépenses publiques dans le PIB est restée stable depuis 1983. En son sein, la part des dépenses de l’Etat avait même baissé de deux points. La RGPP a détruit, depuis 2007, plus de 150 000 emplois dans les services publics. Les réformes des retraites et les déremboursements ont été amorcés. Les générations futures d’hier ont même déjà bénéficié des baisses d’impôts, gagées sur ces dépenses maîtrisées. Contrairement aux espoirs de ses promoteurs, cette politique n’a pas relancé la dépense de consommation et d’investissement des générations futures d’hier (et pour cause, la propension à consommer des ménages riches est faible et l’investissement dépend avant tout de la demande, devenue atone). La dette ne s’est pas creusée parce que la France fut keynésienne (elle ne l’est plus depuis 1983), mais parce que les déficits sont désormais concomitants des politiques dont la Cour ne fait, au fond, que réclamer l’approfondissement. 

Evidemment, et c’est son rôle, la Cour épingle l’inutilité de certaines niches fiscales. Elle se défendra de tout a priori idéologique. Page 52 du rapport, elle évoque même les effets récessifs susceptibles d’être engendrés par les politiques d’austérité et mis en évidence par les modèles keynésiens. Pour autant, dans son court passage sur les effets de la récession, le rapport ne discute jamais du détail de la conjoncture économique, notamment marquée par une sous-utilisation des capacités de production qui pousse les entreprises à réduire leur stock de capital. Or ce phénomène est précisément la cause de la baisse de la croissance potentielle de notre économie que l’on met généralement sur le compte d’un coût du travail plombant la compétitivité. La page 52 du rapport conclut sans débat: «Il est donc probable que les effets keynésiens de la diminution du déficit public seront prédominants à court terme, mais une confiance suffisante dans le redressement des comptes publics peut limiter leur ampleur en incitant les ménages à épargner moins et les entreprises à investir plus. » 

Et le rapport d’en appeler à une amélioration de la compétitivité française (on suppose que cela transite par une baisse du coût du travail) et une réduction de la demande intérieure (le pouvoir d’achat ne doit pas être la priorité) pour réduire le déficit extérieur de la France. La Cour espère en outre naïvement que les débouchés extérieurs s’amélioreront lorsque que d’autres pays relanceront leur demande, alors même que tous les Etats de la zone euro appliquent le même type de politique d’austérité que celle qu’elle recommande dans son rapport… 

Au total, l’analyse sous-jacente au rapport et ses recommandations n’ont rien de neutre. Elles font échos aux préconisations de la Commission européenne, au paquet gouvernance (le «six pack») que les conservateurs et les libéraux ont voté des deux mains au Parlement européen, et à la règle d’or que le couple Merkozy veut imposer dans les constitutions nationales sous la surveillance de la Cour de justice européenne, sous peine de sanctions financières automatiques.

Les mêmes politiques d’austérité, appliquées simultanément dans tous les pays de la zone euro, la plongeront durablement dans la récession et finiront par détruire le modèle social européen. Est-ce leur but inavoué ? Elles feront en tout cas basculer un nombre croissant de nos concitoyens du côté obscur du débat politique.

(1) Pour avoir cassé la croissance, cette politique échoua sur le front même de la réduction des déficits et provoqua la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac.

(2) Ce chiffre est contesté. L’OFCE estime que le déficit structurel est de 2,6% du PIB et le déficit conjoncturel de 2,7%. Un déficit structurel de 5,2%, proche du déficit courant, sous-entend que les dérisoires taux de croissance actuels sont proches du taux de croissance potentiel et que le déficit conjoncturel est devenu infime. Ce qui paraît absurde alors même que la France est en récession.

(3) En outre, le rapport insiste sur les pertes encourues par les banques qui détiennent des titres souverains dépréciés, à l’heure où les textes européens imposent des ratios de solvabilité nécessitant qu’elles consacrent des bénéfices supplémentaires à leurs fonds propres. Ceci conduirait les banques à renchérir le crédit pour restaurer leurs marges. Le rapport évoque également ce que les économistes orthodoxes nomment l’effet d’éviction, lié aux tensions sur les taux d’intérêt obligataires résultant de la prime de risque accrue sur les emprunts d’Etat. Ceci alourdirait le financement par émission d’obligation des entreprises. S’agissant du premier risque, la BCE a, depuis, massivement racheté les titres souverains dont les banques se sont débarrassées sur le marché secondaire, contribuant à soutenir leur cours. Elle a en outre injecté 489 milliards de liquidités pour qu’elles en rachètent sur le marché primaire. S’agissant du second risque, les taux sur le marché des obligations privées sont détendus, puisque les épargnants s’y replient, compte tenu des incertitudes sur le marché action et le marché des souverains. C’est pourquoi l’essentiel de l’argumentation de la Cour tourne autour de la thèse de l’équivalence ricardienne (Cf. infra).

13 février 2012

 

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:50
| Par Martine Orange

Athènes semble s’être réveillé ce matin en état de sidération. Le vote du parlement sur le plan d’austérité exigé par l’Europe comme les violences urbaines (ici blog de photos)  qui ont déchiré le centre-ville une partie de la nuit ont laissé les Grecs momentanément sans voix. Quels mots mettre sur ce qui s’est passé ce 12 février, sur cet enterrement d’une certaine idée de l’Europe et de la démocratie, contraignant des députés à signer, un pistolet sur la tempe, « une acceptation insincère de conditions impossibles », pour reprendre les mots de Keynes sur le traité de Versailles, comme le rappelle un éditorialiste du Telegraph ?

En ce lundi matin, il n’y avait que le gouvernement chinois pour dire que la crise de l’euro arrivait « à un moment crucial ». Les politiques, eux,  ont repris leurs occupations, comme si de rien n’était.

 
© Yannis Biliris

Le gouvernement grec s’est réuni, en vue de sa reformation après la démission de six ministres. Pour rassurer, il a confirmé que les élections législatives se tiendraient bien en avril, comme prévu. Le Pasok (parti socialiste) et la nouvelle démocratie (droite) ont confirmé l’exclusion de quelque 40 députés, qui ont refusé de voter le plan européen hier. Mais pressentant que la situation devenait beaucoup plus compliquée, Antonis Samaras, le leader de la droite, a déjà indiqué qu’il souhaitait renégocier les termes de l’accord signé hier, après les élections législatives.

L’Europe a fait mine de ne pas relever. Pour Bruxelles, il est de la responsabilité des politiques grecs désormais de vendre l’austérité aux Grecs, comme l’a rappelé ce matin le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn. Se félicitant du vote parlementaire, qui est «  l’expression de la détermination du pays de mettre un terme à la spirale des dépenses publiques insoutenables et de la perte de compétitivité », ce dernier s’est dit confiant dans l’issue des négociations qui doivent conduire à l’adoption du plan final de sauvetage de la Grèce, lors de la réunion de mercredi prochain. Pourtant, dans un entretien au Welt am Sonntage, le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaüble, juge déjà que les engagements de la Grèce sont insuffisants, car « trop de promesses n’ont pas été tenues et la situation a depuis empiré » .


 
© Yiannis Biliris, http://greekriots.com/

Mais toutes ces coupes claires imposées, cette rigueur imposée convainquent-elles seulement ceux à qui elles sont destinées, ce monde financier que les Européens veulent à tout prix rassurer ? Lundi, les marchés financiers ont accueilli chaleureusement le vote du parlement grec : l’euro a monté, les marchés boursiers aussi, tandis que les taux des obligations européennes baissaient. Pourtant, de nombreux analystes et investisseurs commencent à exprimer à nouveau de sérieux doutes sur la politique suivie par les gouvernements européens. Leurs analyses et leurs critiques rejoignent en de nombreux points ce que disent les Grecs.
 

« C’est une pause, un soulagement. Mais ce sera de courte durée. Chacun le sait. Nous nous achetons quelques mois de plus avant le prochain épisode de trouble », indique Milton Ezrati, chef économiste chez Lord Abbett & Company. « Une période de calme va s’installer. Après quelques mois, il deviendra évident que les coupes dans les salaires et les retraites grecques ont aggravé la dépression. Les dirigeants européens découvriront alors que dans un environnement si désolé, même un objectif réduit de privatisations est irréaliste. Le PIB de la Grèce a chuté de 6 % en 2011, il continuera à tomber au même rythme cette année. Et avant longtemps, un autre round de restructuration de la dette s’imposera », note de son côté l’éditorialiste Wolfgang Münchau, dans le Financial Times.

Un répit, seulement un répit
 
© Yiannis Biliris, http://greekriots.com/

La certitude que l’Europe, une fois de plus, s’est achetée un peu de temps, sans apporter aucun remède réel, est désormais ancrée dans les milieux financiers. Le pari des gouvernements européens de faire revenir les investisseurs, en faisant montre d’une austérité et d’une rigueur admirables, semble déjà perdu, à écouter l’avertissement du directeur de Pimco, un des plus importants fonds d’investissement des dettes souveraines : ils ne reviendront pas, prévient-il. « Aussi bienvenu que soit le nouvel accord sur la Grèce, nous devons reconnaître malheureusement qu’il offre une très petite chance de remettre le pays sur le chemin d’une croissance élevée, de l’emploi et de la stabilité financière. Il apparaît trop réduit pour soutenir la croissance et laisse le pays avec une charge d’endettement excessive à moyen terme (120 % du PIB à l’horizon 2020, selon l’objectif du FMI). Cela n’attirera vraisemblablement pas les nouveaux flux d’investissements extérieurs nécessaires pour financer les nouveaux investissements productifs et les secteurs créateurs d’emploi », écrit-il.


 
© Yiannis Biliris

L’échec semble donc inscrit par avance, pour le monde financier. Les reproches se font de plus en plus sévères sur la politique suivie par l’Europe depuis le début de la crise de l’euro. Pas un économiste, pas un financier ne la défend. « Les politiciens grecs et les autres eurocrates ont pris une question de 250 milliards d’euros pour le transformer en un problème existentiel de 1.000 milliards. Pire, leur refus de travailler ensemble et leurs politiques erronées de “contraction fiscale” ont plongé la Grèce dans une dépression qui menace toutes les autres économies faibles. A ce stade, il n’y a aucune donnée suggérant que le pays, de quelque manière que ce soit, soit plus compétitif qu’il y a trois ans », note un économiste dans un blog financier, accusant l'Europe de tuer la Grèce.
 

« La raison pour laquelle la Grèce se trouve dans cet état tient à la stratégie imposée par la Troïka. Le FMI n’a jamais traité un pays de cette manière. Avec une telle austérité, il y a toujours eu une importante dévaluation aussi », note l’économiste Samuel Tilford, du centre de réforme européenne, cité par le New York Times. « On pousse la Grèce à faire des choses infaisables. C’est sans doute ça, l’ultime erreur», ajoute une économiste de Goldman Sachs.
 

« Jamais l’Europe n’aurait dû faire appel au FMI. Elle avait les moyens de résoudre les problèmes toute seule », a renchéri ce week-end le financier George Soros, observateur perçant et intéressé de toutes les défaillances de l’Europe. Celui-ci juge négativement la politique suivie par l’Europe, consistant à consentir à la Grèce de nouvelles aides assorties de taux prohibitifs, par l’intermédiaire de mécanismes compliqués plutôt que d’avoir recours à la BCE. « C’est la raison pour laquelle la Grèce ne peut pas plus être sauvée aujourd’hui et il arrivera la même chose à l’Italie, si nous plaçons ce pays dans la camisole de force de paiements d’intérêts violents », prévient-il.

Le mariage peut-il encore être sauvé ?
 
© Yannis Biliris

L’Europe, pour tous, a complètement fait fausse route et s’entête. « Tant de dégâts ont été faits que je me demande si le mariage peut être encore sauvé », écrit Erick Nielsen, chef économiste d’UniCredit, dans une note adressée à ses clients, ce lundi matin. A ce stade que faire ? La Grèce doit sortir de l’euro, préconise un blog de The Economist, rappelant le précédent de 1931, lorsque la Grande-Bretagne avait quitté l’étalon-or et ne s’en était pas trouvée plus mal.

La tentation de pousser la Grèce à quitter la zone euro semble de plus en plus forte en Allemagne, aux Pays-Bas et en Finlande, les pays vertueux de l’Europe. Incidemment, le ministre allemand des finances a révélé, lors d’un débat parlementaire vendredi, que l’endettement de la Grèce ne reviendrait pas à 120 % de son PIB en 2020, mais au mieux à 136 % , selon les derniers chiffres disponibles. Une manière de suggérer que la cause est perdue d’avance et qu’il est inutile de s’acharner sur le cas grec. Et pour bien souligner la différence, Wolfgang Schaüble a volontairement commis l’indiscrétion à Bruxelles de dire qu’il était prêt à étudier de nouvelles aides pour le Portugal, dès que le sujet grec aurait été traité. L’Europe ferait ainsi la part du feu dans la crise de l’euro.

Une sortie de la Grèce de l’euro, cela signifie un défaut organisé ou non du pays. Les financiers ne l’ignorent pas et en redoutent déjà les conséquences. En premier lieu, cet événement amènerait immanquablement le paiement des CDS, ces fameuses assurances crédit censées protéger contre les risques de défaut et qui ont surtout servi de vecteurs de spéculations contre les dettes publiques européennes. Quatre banques américaines tiennent 80 % de ce marché totalement opaque. Elles ont vendu des garanties pour plusieurs milliers de milliards de dollars, sans constituer les provisions d’assurances en face. Demander le remboursement des CDS risque donc de déclencher un  nouveau tsunami financier à Wall Street.


 
© Yiannis Biliris, http://greekriots.com/

Dans une note à ses clients, Joachim Fels, chef économiste de Morgan Stanley, une des banques les plus exposées au risque des CDS,  parle « du très, très mauvais scénario » de la sortie de la Grèce de la zone euro. D’autant que la théorie de la part du feu, avancée par l’Allemagne, ne convainc pas du tout le monde financier. L’exemple grec peut faire des émules. « Si un pays de la zone euro peut faire défaut et quitter l’euro, un autre peut l’imiter. C’est une simple donnée que les banquiers et les gestionnaires de fonds prendront en compte, quoi que disent Angela Merkel et Nicolas Sarkozy », avertit Costas Lapavistas, économiste à l’université de Londres. Avant d’ajouter : « Le Portugal et l’Irlande ont aussi un niveau d’endettement insoutenable. Deux plus deux, cela fait toujours quatre. »  

A ce stade, les uns et les autres ne savent plus dans quelle direction il conviendrait de se tourner. Le monde financier n’a qu’une certitude : l’Europe a totalement échoué dans sa gestion de la crise de la zone euro. Selon un sondage publié par l'agence de notation Fitch, ce lundi, 48 % des personnes interrogées – des investisseurs spécialisés sur le marché obligataire – s'attendent à ce que la crise de l'euro se poursuive sans évolution notable cette année. Un quart est encore plus pessimiste et redoute une nette détérioration. 3 % d'entre eux seulement s'aventurent à prédire la fin de la crise de l'euro cette année. 

La gestion de la crise par l'Europe est un échec patent. Plus grave, pour le monde financier, elle fait courir un grand risque désormais à l’ensemble de l’économie mondiale, d’autant que les dirigeants de l'union ont avivé des risques politiques et sociaux au sein même de l’Europe, qui rendent la situation explosive.

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:45

 

| Par Jade Lindgaard

 

Au nom de la chasse au gaspillage «d’énergie, d’argent, de compétences humaines», le rapport Energies 2050 rendu lundi matin au ministre de l’industrie, Eric Besson, prône le prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires françaises. Ce n’est pas une surprise, Mediapart avait déjà largement révélé (voir ici notre article) le contenu de ce document, commandé pour préparer la programmation pluriannuelle des investissements énergétiques qui doit être votée l’année prochaine. «Fermer tout ou partie du parc nucléaire français avant 2030 reviendrait à détruire l’investissement que la France a consenti depuis plusieurs générations» (du moment que l’autorité de sûreté – ASN – autorise l’allongement de la durée de vie des réacteurs), a déclaré Eric Besson. Il souhaite donc que les tranches nucléaires restent en service au-delà de 40 ans, alors que la durée de vie théorique des réacteurs était estimée à 30 ans lors de la création du parc.

Nicolas Sarkozy, Eric Besson, et Nathalie Kosciusko-Morizet à la centrale nucléaire de Gravelines, en mai 2011 (©Reuters) 
Nicolas Sarkozy, Eric Besson, et Nathalie Kosciusko-Morizet à la centrale nucléaire de Gravelines, en mai 2011 (©Reuters)

Le ministre de l’industrie veut également que se poursuive le programme de construction de l’EPR, malgré les mises en garde de la Cour des comptes qui évalue le prix du mégawatt-heure (Mwh) produit par l’EPR de Flamanville entre 70 et 90 euros. Ce niveau se situe très au-dessus de l’Accès réglementé au nucléaire historique (Arenh) fixé à 42 euros, et même du coût réel du MWh, que la Cour des comptes établit à 49,5 euros. Mais à ce sujet, Eric Besson considère qu’avec les réacteurs EPR en construction à Flamanville, en Finlande et en Chine, «il y aura un retour d’expérience et une baisse des prix de l’électricité produite par l’EPR qui va être importante». De combien ? Le ministre n’a pas voulu quantifier, et annonce une visite sur un chantier chinois de l’EPR dans les dix jours. 


Tout en assurant ne pas être pro-nucléaires, les rapporteurs Jacques Percebois, économiste, et Claude Mandil, ancien de l’Agence internationale de l’énergie, plaident pour une intervention réduite à la portion congrue de l’Etat sur l’industrie de l’atome. Ils demandent l’interdiction de toute fermeture administrative d’une centrale nucléaire «qui n’aurait pas été décidée par l’exploitant à la suite des inspections de l’autorité de sûreté». En clair, seuls EDF, Areva et le CEA devraient, selon eux, avoir le pouvoir de fermer les installations sur injonction de l’ASN, et non le gouvernement. Cela interdirait de facto la mise en œuvre de l’engagement de François Hollande de ramener de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique française. Et serait incompatible avec une décision politique de sortie du nucléaire. Par ailleurs, ils souhaitent «ne pas fixer aujourd’hui d’objectif de part du nucléaire à quelque horizon que ce soit», ce qui revient à priver l’autorité publique de tout pouvoir de décision sur l’évolution de l’offre énergétique nationale. Ils appellent aussi à poursuivre le développement de la quatrième génération de réacteurs nucléaires – aujourd’hui au stade de recherches expérimentales.


Ces conclusions étonnantes des deux rapporteurs entrent en flagrante contradiction avec les préconisations de la Cour des comptes qui, au contraire, enjoint aux responsables politiques de prendre des décisions rapides et explicites sur la filière nucléaire : «Ne pas décider revient à prendre une décision qui engage l’avenir. Il apparaît souhaitable que les choix d’investissements futurs ne soient pas effectués de façon implicite mais qu’une stratégie énergétique soit formulée et adoptée de manière explicite, publique et transparente», explique ainsi Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes. Comme il l’affirmait lors de la présentation de son rapport il y a quinze jours, «le scénario industriel implicitement retenu aujourd’hui, sans aucune assurance sur son acceptation par l’autorité de sûreté du nucléaire, est celui d’un prolongement au-delà de 40 ans de la durée de fonctionnement des réacteurs, les capacités de production de substitution rendues nécessaires par un scénario à 40 ans n’ayant pas été lancées ni même programmées».


« Je ne suis pas ingénieur »

Les recommandations du rapport Energies 2050 et la conclusion qu’en retient Eric Besson entérinent l’idée de la crédibilité du scénario d’allongement de la vie des centrales nucléaires. Mais leur analyse, comme celle de la Cour des comptes, se fonde sur des arguments purement économiques (coût unitaire de l’électricité produite, prix pour les consommateurs, effets sur l’emploi…). Pourtant, rien ne garantit que la sûreté des réacteurs français puisse être assurée si le parc est maintenu en fonction au-delà de sa durée initialement prévue.


Très peu de réacteurs nucléaires dans le monde ont en effet dépassé la quarantaine. En 2009, l’expert Yves Marignac avait calculé que la moyenne d’âge des 436 réacteurs en exploitation dans le monde atteignait 25 ans. Le réacteur ayant fonctionné le plus longtemps, Calder Hall (au Royaume-Uni), avait atteint 46,5 années d’exploitation lors de son arrêt définitif. La filière des réacteurs à eau pressurisée (REP), à laquelle appartient l’ensemble des 58 réacteurs exploités par EDF en France, est encore jeune. La moyenne en 2009 était de 25 ans pour les REP en exploitation, et 23 ans pour les REP fermés.


Or pour qui veut bien y prendre garde, les experts en sûreté nucléaire font état depuis dix ans des questions et des doutes que soulève à leurs yeux le vieillissement du parc. Depuis 2002, l’IRSN relève des «phénomènes d’endommagement inattendu» sur les réacteurs. En 2010, l’ASN révélait que le risque de rupture des cuves des réacteurs n’était «pas pris en compte dans les études de sûreté», alors que c’est «un élément essentiel», et que les conséquences de la rupture de cet équipement «seraient très graves» (voir ici la note de l’ASN sur ce sujet). Or, dans les réacteurs de 900 MW, la résistance de l’acier de ces cuves à la rupture brutale, en présence d’un défaut, «est amoindrie par le vieillissement», sous l’effet de l’irradiation, explique encore l’ASN. Surtout, s’appuyant sur les experts de l’IRSN, elle relève toute une série de questions auxquelles EDF ne sait pas répondre aujourd’hui : des calculs thermohydrauliques sont insuffisants, certains scénarios de tenue mécanique des cuves sont incomplets, certaines prévisions de la fragilisation sous l’effet de l’irradiation sont sous-estimées, il y a trop d’incertitudes concernant l’évolution du revêtement de la cuve.


Or la France compte 26 réacteurs de 900 MW (Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Gravelines, Saint-Laurent et Tricastin). Ce sont parmi les plus anciens du parc, connectés au réseau au tout début des années 1980. Dans son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté post-Fukushima, l’IRSN note d’autres fragilités des réacteurs de 900 MW, comme la tenue défectueuse au séisme de leurs chemins de câbles électriques, «susceptible de provoquer des pertes électriques multiples voire des départs de feu et que celui-ci peut être initiateur de situations dégradées sur les réacteurs». Or les cuves des réacteurs ne peuvent pas être réparées.  Dans ces conditions, est-il prudent de tabler sur leur prolongement jusqu’à 40 ans et plus ?


Interrogé par Mediapart, Eric Besson répond : «Je ne suis pas ingénieur, mes compétences pour apprécier la durée de vie d’une chaudière sont limitées», et s’en remet aux décisions de l’ASN. Sauf que tabler sur un allongement de vie au-delà de 40 ans, et prendre les décisions correspondantes, c’est mettre l’ASN face à une forme de fait accompli. Dans ces conditions, le rôle du gendarme du nucléaire dans la politique énergétique française deviendrait central. Or rien n’assure aujourd’hui que l’autorité soit capable d’instaurer le rapport de force nécessaire pour imposer à EDF, à Areva ou au gouvernement la décision de fermeture d’un réacteur. Surtout que son président André-Claude Lacoste, figure historique de la sûreté nucléaire, s’apprête à prendre sa retraite. Le profil et l’expérience de son remplacement deviennent ainsi un substantiel enjeu politique.

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 16:36
| Par Mathieu Magnaudeix

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Contraindre les chômeurs à accepter l'offre d'emploi qu'on leur proposera après une (hypothétique) formation. Et faire adopter cette mesure par référendum. C'est la nouvelle proposition du bientôt candidat Nicolas Sarkozy, dans un entretien au Figaro Magazine paru samedi. Dans le contexte électoral, la proposition est conçue pour faire parler, voire pour choquer. Partis de gauche, syndicats, François Bayrou comme le pourtant très droitier Alain Madelin ont d'ailleurs dénoncé la mesure jugée tour à tour «simpliste», «humiliante» ou destinée à «livrer en pâture les chômeurs».

 

Le Figaro Magazine, juin 2011 
Le Figaro Magazine, juin 2011

La sortie de Nicolas Sarkozy, abondamment relayée par les médias ce week-end, n'a donc rien de fortuit. Depuis près d'un an désormais, le gouvernement marche allègrement sur les terres du Front national et se livre à une attaque en règle contre les prétendus "assistés" de notre système social.

Il y eut (entre autres) l'assistanat décrit comme le «cancer» de la société française par le ministre Laurent Wauquiez, la proposition de faire faire des travaux d'intérêt général aux titulaires du RSA, de limiter l'ensemble des aides reçues par les ménages les plus pauvres à 75 % du Smic ou de réserver le minimum vieillesse aux seuls Français.

Autant d'initiatives que Mediapart consigne méthodiquement depuis un an dans notre "Buissonscope", du nom de l'idéologue de cette stratégie auprès de Nicolas Sarkozy, le conseiller du Président, Patrick Buisson.

Cette stratégie sera-t-elle payante ? Cela reste à prouver. S'il peut séduire parmi les classes aisées, les classes supérieures et dans une partie de l'électorat «moyen» ou populaire, ce discours est profondément à côté de la réalité sociale, rappellent plusieurs ouvrages importants à lire en ces temps d'opprobre généralisé sur les plus pauvres.

Tous pointent la dégradation avancée de notre Etat-providence qui a laissé en plan des millions d'exclus, mais aussi l'extension générale du domaine de la précarité des travailleurs, fondement essentiel de ce «ressentiment» anti-assistanat sur lequel surfent les dirigeants de la majorité actuelle. Certains, heureusement, n'en restent pas à ce triste constat et dessinent des pistes de réflexion pour enrayer la progression de la pauvreté dans notre pays, et enfin raccrocher les pauvres au reste de la société. En prenant leurs distances avec les conservatismes et avec une approche simplement compassionnelle de la pauvreté, répandue à gauche.

Retrouvez les références des livres cités sous l'onglet "Prolonger"

Démonter le discours anti-assistanat. C'est une des ambitions de Salauds de pauvres ! petit livre de Benjamin Griveaux pour la Fondation Jean-Jaurès, dont le titre ironique emprunte évidemment à la tirade de Jean Gabin dans la Traversée de Paris (1956). Un livre de combat : son auteur, conseiller général PS de Saône-et-Loire, est chargé dans ce département (dirigé par Arnaud Montebourg) de l'économie et de l'insertion. Il est aussi membre de l'équipe de campagne de François Hollande.

 

 

 

Plus d'un bénéficiaire potentiel sur trois ne demande pas le RSA

 

A l'épicerie sociale de NiortA l'épicerie sociale de Niort

Griveaux revient utilement sur les «idées reçues» au sujet des bénéficiaires des minima sociaux, comme Mediapart l'avait d'ailleurs fait il y a près d'un an, au lendemain des élections cantonales. Il rappelle notamment que : 

  • Les minima sociaux en France sont loin d'être les plus élevés d'Europe. Les dépenses de santé, constate-t-il dans son département, grèvent parfois jusqu'à 90 % des ressources des plus pauvres. «La survie est devenue le quotidien de millions de Français», écrit-il.
  • Au contraire de ce que suggère la majorité, «personne ne peut gagner plus, en bénéficiant des aides sociales, que quelqu'un qui travaille». Quant aux aides versées par les CCAS ou les conseils généraux (transports scolaires, cantine, petite enfance, etc.), elles existent mais n'ont rien de privilèges honteux.
  • Loin d'être cet eldorado pour des étrangers en quête d'allocation comme l'affirme le FN, la France n'accorde son aide (minimum vieillesse, allocation d'invalidité et RSA) qu'aux réfugiés, aux étrangers qui ont des cartes de résident et un titre de séjour depuis au moins cinq ans.
  • La fraude sociale aux prestations versées représente chaque année 3 milliards d'euros, soit 0,5 % du montant total des sommes versées. Selon l'UMP, les fraudeurs ne dépassent pas 1 % des assurés. Et bien souvent, il s'agit d'erreurs plus que de cas avérés de fraudes. D'ailleurs, une grande majorité de ces montants est récupérée. La fraude fiscale (celle des riches et des très riches) représente entre 25 et 30 milliards d'euros par an. Près de dix fois plus.

 

A ces arguments s'en rajoutent d'autres, rappelle Nicolas Duvoux, sociologue à Paris-Descartes qui publie le 23 février Le Nouvel Âge de la solidarité (Seuil), une réflexion sur le délitement de l'Etat-providence et la nécessité de remettre la lutte contre la pauvreté au cœur des politiques sociales :

  • Entre 1990 et la création du RSA en 2009, le niveau du RMI a décroché de 34 % par rapport au revenu médian des Français.
  • L'idée selon laquelle les pauvres se complaisent dans l'oisiveté et la paresse n'a jamais été démontrée. Les pauvres qui affirment ne vouloir travailler en aucun cas sont extrêmement peu nombreux (les études insistent au contraire sur les handicaps qu'engendre une pauvreté durable, car elle limite les ressources pour la garde des enfants, les déplacements, etc.)
  • Contrairement aux idées reçues, des centaines de milliers de Français ne demandent pas le RSA auquel ils ont pourtant droit — c'est le "non-recours". Seules 450.000 personnes sur 1,5 million de bénéficiaires potentiels ont demandé à profiter du RSA-activité (le complément de revenu destiné à encourager à reprendre une activité). Par ailleurs, 30 % de ceux qui pourraient toucher le RSA-socle (l'ancien RMI) ne le demandent pas. La raison ? Le «refus, de la part des travailleurs modestes, d'être identifiés à des assistés»

Dans un ouvrage précédent, L'Autonomie des assistés, Nicolas Duvoux avait d'ailleurs démontré comment les bénéficiaires de minima sociaux refusent le terme d'assistés pour eux-mêmes… même s'ils l'utilisent volontiers pour les autres.

«Au cours des années 2000», écrit Duvoux, la stigmatisation de l'assistanat est devenue «un élément structurant du débat politique et des représentations sociales en France». Le «soupçon», dit-il, est largement partagé. Et «les boucs émissaires d'autant plus commodes qu'ils sont, à quelques exceptions près, silencieux». Paradoxe de l'époque : voici donc les «victimes de l'ordre social» vues comme des privilégiés.

La pauvreté gagne du terrain. Il y a aujourd'hui 8,2 millions de pauvres — ils vivent en dessous du seuil de pauvreté, 60 % du revenu médian, soit 954 euros par mois pour une personne seule ; 3,5 millions de personnes touchent les minima sociaux — c'est 6 millions avec les ayants droit. «Les niveaux de pauvreté sont redevenus équivalents à ceux du début des années 80», écrit Duvoux. Et «l'assistance s'étend à mesure que la pauvreté se déploie».

Une «nouvelle pauvreté» a vu le jour avec la crise de la société salariale et le chômage de masse. Du coup, en marge de l'Etat-providence, théorisé en 1945 et fondé sur le travail des salariés (et qui leur garantit en échange des droits à retraite, à la couverture maladie, etc.), sont apparus de nouveaux droits pour les plus démunis (RMI, Couverture maladie universelle, etc.). Une foule de «droits et de structures spécifiques» (eau, gaz, électricité, santé, services bancaires) ont aussi émergé.

Mais ces aides, outre qu'elles créent des effets de seuil difficiles à faire accepter à ceux qui n'y ont pas droit, entretiennent le «stigmate» de la pauvreté, et tendent à pérenniser l'assistance. Le RMI était fait pour développer l'insertion. Le RSA avait le même but. Mais malgré quelques points positifs (le RSA a sorti 150.000 personnes de catégorie des bas salaires), les bénéficiaires de minima sociaux restent exclus de la protection sociale et sont très mal suivis par Pôle emploi. La formation continue est défaillante, compromettant grandement le retour au travail.

 

Modèle social « conservateur »
Walincourt (Nord). Chez les Dubois, les deux parents sont au chômage. 
Walincourt (Nord). Chez les Dubois, les deux parents sont au chômage.© MM

Pendant les Trente Glorieuses, l'«organisation sociale [était] structurée autour du partage des fruits de la croissance». Les institutions de la Sécurité sociale devaient réduire définitivement la misère. Mais ce modèle social a pris l'eau. «Le développement continu [de l'assistance] depuis deux décennies résulte de la décomposition des protections collectives», écrit Duvoux.

Des réformes restrictives de l'assurance-chômage (gérée par les syndicats et le patronat), par exemple en 1993 et en 2003, précipitent des ex-chômeurs dans l'assistance. Aux marges du salariat et de la pauvreté est apparu un «second marché du travail», fait de petits boulots, de temps partiel, de contrats aidés et d'emplois au Smic exonérés de cotisation sociale.

«Si une partie des classes populaires nourrit une vision critique de l'assistance, c'est qu'elle a vu ses conditions d'existence bouleversées, écrit Nicolas Duvoux. Un fossé, voire un antagonisme, s'est ouvert entre les différentes strates du monde populaire.» La précarité, la hausse des dépenses contraintes «a fait naître des tensions, à la lisière des seuils de l'assistance, chez ceux qui sont trop modestes pour s'en sortir mais trop riches, éventuellement de quelques euros, pour avoir droit à des prestations de solidarité».

Ce ressentiment est souvent ethnicisé : «Les immigrés sont surreprésentés parmi les populations défavorisées, il est inévitable d'en voir un grand nombre dans les bureaux d'aide sociale ou auprès des organismes de la Sécurité sociale. Aux yeux des "petits Blancs", il s'agit d'un insupportable "privilège".»

Le bilan n'est pas glorieux : l'assistance ne produit pas beaucoup d'autres choses que «désarroi et humiliation» chez ceux qui en bénéficient. Elle les relègue hors de l'emploi et suscite une aigreur dans le reste de la société. Plus que jamais, la protection sociale est aujourd'hui «à deux vitesses», opposant les salariés (protégés par la Sécurité sociale) aux pauvres, pris en charge par la solidarité — et aujourd'hui, par les départements, envers lesquels l'Etat se montre pingre. 

«La révolution des politiques sociales n'a pas encore eu lieu, elle est pourtant plus que jamais nécessaire», estime Duvoux, partisan d'un «contrat social qui réconcilie l'autonomie des individus avec la solidarité nationale». Le chercheur propose plusieurs pistes, faute de quoi l'assistance ne cessera de gagner du terrain :

  • Une réforme de la protection sociale car l'Etat social hérité de 1945 crée d'insupportables inégalités : «Au sein de la protection sociale, le décalage entre les faiblesses des minima sociaux et la générosité de l'indemnisation du chômage ou de l'assurance vieillesse orientent la distribution au détriment des jeunes générations, des moins qualifiés et des femmes avec, par surcroît, une pénalité de type ethnique pour les minorités discriminées.»
  • Revaloriser les aides sociales — même en période de crise. 
  • L'abaissement du droit au RSA à 18 ans (contre 25 ans aujourd'hui) car les plus touchés par la pauvreté sont les plus jeunes (le taux de pauvreté est de 20 % chez les 18-25 ans).
  • «Fonder le droit à la prestation sur la citoyenneté», avec des droits communs pour tous et des droits spécifiques en fonction des besoins.
  • Revoir le système de formation.

 

Benjamin Griveaux, l'élu PS de Saône-et-Loire, développe dans Salauds de pauvres un diagnostic proche. Il égrène notamment les statistiques : 2,4 millions de pauvres ont moins de 18 ans, 4 sur 10 moins de 25 ans. 54 % sont des femmes. 700.000 personnes sont sans domicile, dont 140.000 SDF. On compte plus de trois millions de mal logés. Quatre millions de personnes vivent sans complémentaire santé. Cinq millions de personnes ont eu recours aux associations caritatives en 2010. 60 % des Français craignent de devenir SDF.

Mais l'élu socialiste tance aussi le «choix français de la pauvreté», et les «échecs successifs des politiques de lutte contre la pauvreté mises en place depuis plus de trente ans» par la droite et la gauche, qui défend «trop souvent» […] un système curatif, sans attaquer les inégalités à la racine». Lui aussi s'en prend à notre modèle social, «profondément conservateur».

«Les politiques de redistribution mises en place sont favorables aux anciennes générations et renforcent l'ordre social traditionnel. L'Etat prend en charge les personnes âgées et les coûts liés au vieillissement, laissant aux familles le soin d'accompagner les jeunes. En agissant ainsi, nous pénalisons les nouvelles générations, qui doivent compter sur les solidarités et les ressources familiales pour se lancer dans leur vie d'adulte.» Une formidable machine à reproduire les inégalités. «Nous ne pouvons continuer plus longtemps à faire l'apologie, par conservatisme et par paresse d'un système qui a figé, puis accru, les inégalités dans notre pays», explique-t-il.

Griveaux propose que l'Etat «investisse[…] dans la lutte contre la pauvreté» et propose plusieurs «idées neuves», parfois décapantes :

  • Faire varier le montant des minima sociaux, en fonction du lieu de vie (car les loyers, par exemple, varient fortement).
  • Pour lutter contre la pauvreté héritée, doter chaque enfant pauvre d'un capital de départ (23.000 euros à la majorité) pour se lancer dans la vie. La mesure serait financée par un impôt proportionnel sur le patrimoine.
  • Créer un service public du crédit pour les plus modestes.
  • Développer le secteur de l'insertion.
  • Protéger l'employabilité en développant par exemple le coaching (sic) pour les travailleurs de longue durée.

Avec des procédés fort différents (le reportage et l'enquête sociologique), deux autres ouvrages plongent aussi dans la France des pauvres, bien loin des clichés.

 

« Guerre aux pauvres »

 

Il y a quelques années, l'auteur américain William Vollmann avait demandé à des pauvres du monde entier la raison de leur état : «Pourquoi êtes-vous pauvre ?». Pendant de longs mois, la journaliste Catherine Herszberg a rencontré des Français de toutes origines sociales, employés, commerçants, cadres, militaires, magistrats, médecins, etc., et leur a posé une question un peu différente : «Mais pourquoi sont-ils pauvres ? (le titre de l'ouvrage). Une manière de sonder la grande peur de ceux qui travaillent face à la pauvreté.

De ce “voyage dans la France en crise” (parution le 1er mars), qui alterne paroles brutes et analyses de l'auteur, on retient plusieurs enseignements : 

  • «Sur le terreau du ressentiment», légitimé au plus haut niveau, la «guerre aux pauvres» lancée par nos dirigeants a «fait mouche». La journaliste a retrouvé la rhétorique anti-assistanat à de multiples reprises dans la bouche de ses interlocuteurs («dans tous les milieux, avec quelques variantes, bien sûr, selon les classes sociales»). «Sous l'effet de la propagande contre les assistés, qui attise le ressentiment comme réponse commune au malheur commun, il semble que les non-riches aient à leur tour fini par croire qu'épuiser les pauvres était aussi de leur intérêt.»
  • Bien souvent, la pauvreté est attribuée à des causes personnelles (le caractère, l'absence de volonté, le manque de "niaque", la paresse). Les chiffres qui démentent la réalité de l'assistanat n'ont guère de prise sur ces discours.
  • Les classes populaires sont atomisées : «35 années de chômage de masse ont entravé toute identité collective.» Au lieu de tancer les excès de la finance et de la mondialisation, ceux qui travaillent et craignent pour leur avenir veulent d'abord mettre l'assistanat à distance. «Quand les classes populaires trinquent davantage encore qu'à l'accoutumée, il n'est plus supportable que d'autres (chômeurs ou assistés) puissent toucher de l'argent de l'Etat sans emploi reconnu comme tel avec l'aval de l'Etat», dit l'auteure. «Plus on est proche économiquement des chômeurs, plus on redoute pour soi-même, et moins on est enclin à leur trouver des circonstances atténuantes.»
  • Elle aussi pointe les limites de notre système social, où l'assistance prospère sans avoir jamais été théorisée, marquée du stigmate : «L'assurance amarrée au travail est un droit, l'assistance cramponnée à son absence est une faute, ou tout comme.»

Il y a trente ans, les sociologues Jean-François Laé et Numa Murard avaient raconté dans L'Argent des pauvres (Seuil, 1985) la pauvreté dans la cité ouvrière des Ecameaux à Elbeuf (Seine-Maritime). Une cité "transitoire" : la France croyait encore qu'elle allait éradiquer les pauvres.

 

Récemment, ils sont revenus, en quête de leurs interlocuteurs. Ce come-back sociologique est raconté dans Deux générations dans la débine, qui vient de paraître (Bayard).

Elbeuf a perdu des usines, 3000 habitants, 45 cafés et de nombreuses boutiques. La cité a été rasée, mais les pauvres sont toujours là, disséminés dans la ville, discrets, cachés, disparus sans laisser d'adresse. La désindustrialisation a touché de plein fouet les plus qualifiés. De la culture ouvrière, il ne reste plus rien.

Quand ils ne sont pas morts, les pauvres du passé sont toujours pauvres et leurs enfants ont pris le relais. «D'une génération à l'autre, la parentèle colle aux doigts. Plus la précarité est grande et plus la colle est forte.» D'autres sont tombés dans la misère. «Les héritiers de la pauvreté laborieuse devenue pauvreté assistée ont été rejoints par tous ceux que les convulsions de l'économie, au cours des décennies suivantes, ont jetés dans la débine.»

 A leur tour, Jean-François Laé et Numa Murard constatent comment les classes populaires se fragmentent. Eux aussi ne voient qu'une issue à l'extension du domaine de la paupérisation : son urgente prise en charge. «Si les dégâts de l'industrialisation et la peur du paupérisme ont débouché sur les noces de la République avec la Sécurité sociale, il serait normal que ce couple donne aussi toute sa mesure pour éponger les dégâts de la désindustrialisation.»

Indispensable pour espérer recoller un jour les morceaux d'une société cassée. Mais sans doute impossible tant que les politiques s'entêteront à exploiter la rhétorique anti-assistanat, si facile, mais à mille lieues de la réalité sociale.

 

 

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