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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 10:59


 

 

 LES INDIGNE/E/S  AG Lundi /Mercredi /Samedi /19h/ Assemblée + repas partagé

Chaque 1er samedi du mois : Tour de Vélo  RV Palais de justice à 11h

Chaque mardi Repas à l’Assoc Côté Jardins Solidaires

Chaque mercredi RESF Nîmes local APTI 18h

Agenda Démosphère Gard-Cévennes http://gard.demosphere.eu


Dates

Evènement

Lieu

heure

Lundi 11 juin

Discriminations dans le logement

Centre J.Paulhan .Mas-de-mingue

9 à 17h

Mercr 13/6

RESF Nîmes

Local APTI

18h

Jeudi 14/6

Interpellation du CG par les anti nucléaires

Conseil Général

9h

Jeudi 14/6

Réunion des Alternatifs

Les Ramblas

17h

Jeudi 14/6

FSL 30 (Forum Social Local)

Pablo Neruda S. 2

18h30

Vendredi 15/6

Présentation saison 2012/2013 de l’ATP

Hôtel de Bernis

18h30

Vendredi 15/6

Débat avec  X.Renou « désobéir pour le  logement »avec les INDIGNE/E/S +++

Pablo Neruda. S2

20h

Samedi 16/6

AG ATTACNîmes + débat « Leur dette , notre démocratie » Avec A. Trouvé, co-prés d’ATTAC

Local FSU

 15H ++ 17H

Sam 16/6

Fêtes  Pissevin , Mas-de-Mingue,Valdegour, Chemin-Bas d’Avignon, Gambetta, Route d’Arles

 

 

Sam 16/Dim 17

Stage de clowns activistes désobéissants

Nîmes

 

Dim 17/6

2ème tour Elections  Législatives

 

8 à 18h

Dim 17/6

Dimanche Décroissant

Anduze

 

Mercr 20/6

Collectif Nîmes anti schiste

La Brasserie

18h

Vendredi 22/6

Repas Association AZUR

PLACE Avogadro Valdegour

12h ++

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 13:46

Publié par Poetes Indignes le 10/06/2012

 

En solidarité avec le peuple grec, contre la dette illégitime et les plans d’austérité, mobilisons !

 Pour des actions coordonnées autour des élections grecques et

une grande mobilisation euro-méditerranéenne en automne 2012 !


!
!© Indignés

  Partout, la réponse à la crise économique et financière est la même. Les coupes, plans d’austérité et de rigueur s’appliquent dans tous les pays au nom de la réduction des déficits publics et du paiement de la dette. Cette dette publique, produit direct des politiques néolibérales menées depuis plus de 20 ans, sert aujourd’hui de prétexte aux gouvernants au service de la finance pour diminuer encore plus les dépenses sociales, baisser les salaires et les retraites, privatiser les systèmes de santé, démolir les acquis sociaux et dérèglementer le droit du travail, augmenter la fiscalité pour le plus grand nombre pendant que les cadeaux fiscaux et sociaux sont généralisés pour les grandes entreprises et les ménages les plus riches.

Aucun peuple n’est épargné

Des mesures d’une même violence contre les populations que celles à l’œuvre dans le laboratoire social que constitue la Grèce depuis deux ans s’appliquent déjà au Portugal, en Irlande, en Espagne, en Italie et dans les pays d’Europe orientale. La Lettonie, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie ont inauguré la triste litanie des plans d’austérité avec ses coupes budgétaires drastiques (baisses des salaires, fermeture d’écoles et d’hôpitaux, diminution ou suppression d’allocations sociales, hausse de la TVA…). Aucun peuple européen n’est épargné. Partout les entreprises ferment, de véritables déserts industriels sont créés sur l’autel du profit immédiat. Partout, les inégalités sociales s’accroissent. La dette publique augmente et la récession économique s’installe dans de nombreux pays. Cette orientation politique, cause de l’accroissement du chômage et de la misère, doit être rejetée radicalement.

De nouveaux traités instaurent l’immunité des hauts fonctionnaires européens

Enfin, à l’heure où des gouvernements de technocrates sont mis en place par les créanciers en se passant d’élection au suffrage universel, les règles démocratiques les plus élémentaires sont bafouées. L’adoption de nouveaux traités européens (MES, Mécanisme européen de stabilité et TSCG, Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein de l’Union Économique et Monétaire) se fait au détriment de la démocratie, au profit des marchés financiers et à l’insu des peuples, alors même que ces traités instaurent l’immunité des hauts fonctionnaires européens, prévoient une participation du secteur privé en étroite collaboration avec le FMI, imposent un plafonnement du déficit et donnent la priorité au remboursement de la dette quelles qu’en soient les conséquences.

Des initiatives d’audit citoyen de la dette travaillent…

Face à ces chantiers coordonnés de destruction des acquis sociaux, la résistance des peuples euro-méditerranéens s’organise, des grèves générales nationales ont lieu et les mouvements des indignés multiplient les initiatives. En Islande, la population a refusé de payer la dette « Icesave » au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, montrant la voie des possibles. En Europe comme en Égypte et en Tunisie, des initiatives d’audit citoyen de la dette travaillent à déterminer la part illégale, illégitime odieuse ou insoutenable de la dette publique qu’il convient d’annuler. Le paiement de toutes ces dettes devrait s’arrêter tant que les tous les droits des populations concernées ne sont pas garantis, et tant que nous n’avons pas d’audit de la dette. Le paiement aux créanciers vole aux populations ce qui légalement leur appartient et la poursuite des paiements est responsable de fermetures d’établissements scolaires et d’hôpitaux, des coupes dans les pensions, etc. La résistance grecque persévère depuis 2 ans et les résultats des récentes élections en Grèce illustrent un rejet très fort des politiques néolibérales en vigueur. Nous tenons à exprimer ici notre ferme soutien au refus de toute négociation avec la Troika et ses mémorandums, conditionalités scélérates des créanciers, tel que souhaité par le peuple grec dans les urnes le 6 mai 2012.

Pour autant, le rouleau compresseur du néolibéralisme poursuit son œuvre dévastatrice et il est temps pour les populations et leurs organisations de développer des mobilisations à une échelle plus importante.

Construction d’une mobilisation unitaire de l’ensemble du mouvement social sans exclusive

À l’instar d’autres réseaux européens et internationaux comme la Joint Social Conference, le réseau international des collectifs pour l’audit citoyen (ICAN-International Citizen debt Audit Network) appelle à la construction d’une mobilisation unitaire de l’ensemble du mouvement social, sans exclusive, rassemblant syndicats, mouvements des indignés et occupy, mouvements féministes, ONG et associations altermondialistes, organisations et personnalités politiques, simples citoyens, intellectuels et artistes.

Conscients de la nécessité que les mobilisations de masse convergent, nous appelons à une grande mobilisation européenne durant l’automne 2012, coordonnée partout sur le plan international, en solidarité avec le peuple grec, contre la dette illégitime, illégale, odieuse ou simplement insoutenable et les plans d’austérité, aux alentours de la traditionnelle semaine d’action contre la dette et les Institutions financières internationales qui, cette année, coïncide avec le 25ème anniversaire de la mort de Thomas Sankara.

Dans le même état d’esprit, nous appelons, en lien avec les groupes d’audit locaux, dans tous les pays européens à la création ou au renforcement de comités de base unitaires d’action et de lutte contre les attaques de l’Union européenne, en solidarité avec le peuple grec et tous les peuples agressés.

Ensemble, nous pouvons gagner !

Pour signer envoyer un email à : debtauditineuromed@gmail.com

NB : Pour une meilleure coordination, le réseau international des collectifs pour l’audit citoyen, (ICAN-International Citizen debt Audit Network) fournira plus d’informations dans chacun des pays où il est présent :

Allemagne, http://blockupy-frankfurt.org/es et http://www.attac-netzwerk.de/ag-schulden et http://www.zukunftskonvent.de/

Belgique, http://www.sauvetage-dexia.be/ et www.cadtm.org

Egypte, http://www.dropegyptsdebt.org/

Espagne, http://auditoria15m.org/

France, http://www.audit-citoyen.org/ et https://sites.google.com/site/referendumdette/

Grèce, http://www.contra-xreos.gr/ et www.elegr.gr

Irlande, http://www.notourdebt.ie/

Italie, http://rivoltaildebito.globalist.it/ et www.smontaildebito.org

Pologne, http://nienaszdlug.pl/

Portugal, http://auditoriacidada.info/

Royaume-Uni, http://www.jubileedebtcampaign.org.uk/

Tunisie, http://www.tunisie.attac.org/dette/index.php / et http://zelzel.net/

Source: http://blogs.mediapart.fr

 

 

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 13:38

Publié par Poetes Indignes le 10/06/2012

 

Le collectif “Urgence un toit pour tous – Cornouaille” qui regroupe des associations, des citoyens et partis politiques de la vraie gauche a réquisitionné hier un logement appartenant à la mairie de Quimper pour y loger des demandeurs d’asile…

 

 


Publiée le  7 juin 2012 par elgaliche

Le collectif "Urgence un toit pour tous - Cornouaille" qui regroupe des associations, des citoyens et partis politiques de la vraie gauche a réquisitionné hier un logement appartenant à la mairie de Quimper pour y loger des demandeurs d'asile...

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 13:24

 

 

 

Publiée le  9 juin 2012 par degaspes

Le mouvement étudiant se poursuit au Québec.
Site : www.odasselin.wordpress.com

 

                                                                                *******************************

 

A voir ! Une autre vidéo à voir en suivant ce lien link

(*pour la visualiser, appuyer sur la touche "Ctrl" de votre clavier + cliquer gauche sur le "link" ci-dessus)

Soirée mouvementée au Grand Prix
10 juin 2012, 13:38 - De TVA Nouvelles

La 47e manifestation nocturne a donné lieu à de violents affrontements entre policiers et manifestants

 

 

                                                                                ********************************   

47e manifestation nocturne

24hmontreal.canoe.ca - Policiers et manifestants s'affrontent

09/06/2012 22h12 - Mise à jour 09/06/2012 23h11


Des policiers procèdent à une arrestation.
Photo Michel Desbiens / Agence QMI

MONTRÉAL - La 47e manifestation nocturne a donné lieu à de violents affrontements entre policiers et manifestants à l'entrée du site des festivités du Grand Prix de F1, à l'angle des rues Sainte-Catherine et Crescent, en plein coeur du centre-ville de Montréal.

En fin de soirée, la police de Montréal confirmait avoir effectué plus d'une vingtaine d'arrestations.

Une fois de plus, l'itinéraire de la marche n'a pas été remis aux autorités, rendant du même coup la manifestation illégale dès le départ.

Destination rue Crescent

Mais les policiers n'ont semblé aucunement surpris de voir les manifestants quitter la place Émilie-Gamelin pour se diriger tout droit vers la rue Crescent, où les festivités du Grand Prix de Formule 1 battaient leur plein.

Le mot d'ordre chez les policiers était toutefois de tout mettre en oeuvre pour empêcher les protestataires de se rendre à destination.

Ainsi, les forces de l'ordre ont systématiquement bloqué toutes les rues permettant aux manifestants de progresser vers l'ouest du centre-ville et ce, à partir de la rue City Councillors.

Parmi la foule d'environ 500 à 600 personnes, un groupe d'environ 250 manifestants est parvenu à prendre les policiers de vitesse en se faufilant à travers les véhicules sur la rue Sainte-Catherine, pour finalement atteindre la rue Crescent.

De ce nombre, plusieurs étaient masqués.

Un peu avant 22h, à l'intersection des rues Sainte-Catherine et Crescent, les policiers présents ont reçu une pluie de projectiles. Appelés en renfort, les groupes anti-émeute sont intervenus en force et ont dispersé les manifestants.

Les groupes de l'unité d'urgence de la Sûreté du Québec ont également été déployés dans le secteur, afin de prêter main-forte à leurs collègues du SPVM.

La grande majorité du noyau dur des protestataires s'est alors enfui en empruntant des ruelles.

Fait à noter, au moins trois véhicules de police ont été endommagés au cours de l'intervention policière musclée.

C'est la deuxième fois en deux soirs que la manifestation nocturne dégénère aux abords de la rue Crescent; vendredi soir, une douzaine d'arrestations ont eu lieu.

«La plupart des gens ayant été arrêtés ce (samedi) soir devraient faire face à des accusations criminelles et les autres recevront des constats d'infraction pour avoir contrevenu à divers règlements municipaux», a dit l'agent Raphaël Bergeron, porte-parole de la police de Montréal, en toute fin de soirée.

Incident impliquant un taxi

Plus tôt dans la manifestation, samedi, soit un peu après 21 h 30, au moins une ambulance a été demandée à l'angle de la côte du Beaver Hall et de la rue De La Gauchetière après qu'un chauffeur de taxi eut roulé sur les pieds de trois manifestants.

Quelques instants plus tard, des vitrines auraient été fracassées par des manifestants à la Place Bonaventure.

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 13:00
| Par Edwy Plenel

S’il faut une énième preuve des déséquilibres démocratiques du présidentialisme français et des renoncements auxquels ils nous ont habitués, l’actuelle campagne électorale législative nous la fournit. L’enjeu des scrutins des 10 et 17 juin est réduit à la confirmation parlementaire de la victoire du président élu, François Hollande. Or, plutôt qu’une majorité présidentielle dominée par le PS, c’est une majorité du changement, pluraliste et diverse, des écologistes au Front de gauche, qui garantira son approfondissement par le rééquilibrage du pouvoir.


A suivre, notamment dans les grands médias audiovisuels, ces élections législatives qui détermineront l’Assemblée nationale pour les cinq ans à venir, on a peine à croire que les députés sont les premiers élus de la nation, chargés de faire la loi et de contrôler son exécution, d’élaborer et de voter les règles et objectifs que le pays se fixe tout en surveillant leur mise en œuvre par le gouvernement. A part l’excessive focalisation médiatique sur le faux duel Mélenchon-Le Pen (nous en parlions ici), dans une circonscription acquise à la gauche avant que le leader du Front de gauche ne s’y porte candidat, l’atonie et le localisme l’emportent, dans une indifférence entretenue qui fera des abstentionnistes les véritables arbitres des scrutins.


La faute nous incombe à tous. Depuis bientôt un demi-siècle – très précisément, le référendum du 28 octobre 1962 instaurant l’élection du président de la République au suffrage universel direct –, nous n’avons cessé de nous habituer à une anormalité croissante : la prépondérance de l’institution présidentielle sur l’institution parlementaire. Pourtant, l’enjeu du changement démocratique qu’a appelé de ses vœux une majorité de Français le 6 mai, en mettant fin à l’hyperprésidence sarkozyste pour lui préférer les engagements d’un président « normal », c’est d’inverser ce cours, en rééquilibrant notre démocratie au profit des propositions et des délibérations des assemblées élues, et au détriment de cette dérive qui n’a cessé d’aligner leurs majorités sur la volonté d’un seul, le locataire provisoire de l’Elysée.


Il suffit de se reporter aux Mémoires du général de Gaulle pour découvrir le ver autoritaire glissé dans le fruit démocratique par le référendum de 1962, ce coup d’Etat légal produit de la crise algérienne, cette longue guerre civile française. « Certes, écrit le premier président de la Cinquième République, il y a un Parlement, dont l’une des deux Chambres a la faculté de censurer les ministres. Mais la masse nationale et moi-même ne voyons rien là qui limite ma responsabilité, d’autant mieux que je suis juridiquement en mesure de dissoudre, le cas échéant, l’assemblée opposante, d’en appeler au pays au-dessus du Parlement par la voie du référendum et, en cas de péril public, de prendre toutes les mesures qui me paraîtraient nécessaires. » Si les mots ont un sens, il s’agit bien dans l’esprit du fondateur du régime de subordonner les Assemblées au chef de l’Etat, et par conséquent le pouvoir législatif au pouvoir exécutif.


On aurait pu penser que le temps éroderait en profondeur cette omni-puissance présidentielle, d’autant plus que tel était le désir profond du pays lors de la première alternance de 1981, après vingt-trois ans de pouvoir sans partage de la droite. Mais, derrière l’apparence des discours et des réformes, la pratique présidentialiste du pouvoir n’a cessé de s’imposer, de rentrer dans les usages et de devenir une habitude. Conforté par l’inversion des calendriers électoraux, plaçant en 2002 les législatives après la présidentielle, le passage au quinquennat a potentiellement affermi cette évolution, conjurant les tentations de cohabitation qui, à trois reprises (1986-1988, 1993-1995, 1997-2002), avaient contrarié la domination présidentielle et, par conséquent, accentuant l’identification des majorités parlementaires à une majorité présidentielle compacte et obéissante.


En ce sens, le sarkozysme, sa démesure et sa virulence, ne tombent pas du ciel, et il ne suffit pas d’avoir congédié son personnage principal pour en conjurer durablement les périls. S’ils sont aussi ceux d’un homme excessif, exprimant la dérive idéologique de la droite républicaine vers la droite extrême, les excès de la présidence Sarkozy (2007-2012) sont le produit des dérives anciennes, ces mauvaises habitudes et ces déséquilibres accentués sous Mitterrand (1981-1995) comme sous Chirac (1995-2007). De fait, ces cinq dernières années, aucune digue solide n’a empêché l’abus de pouvoir élyséen, qu’il s’agisse de son interventionnisme gouvernemental généralisé (le premier ministre devenu collaborateur, symbole d’un mépris pour la fonction publique) ou de son droit de nomination étendu (dont l’audiovisuel public reste le symbole, avec des conséquences non négligeables sur la qualité du débat et de l’éducation politiques).


Une majorité du changement, pluraliste et diverse

C’est donc une démocratie de basse intensité que celle qui dépend des seules limites que se fixent les hommes, au lieu de s’en remettre à des pouvoirs institués qui arrêtent le pouvoir, l’équilibrent ou le contrôlent. Telle est la fragilité foncière du défi politique que s’est lancé le pays en élisant un président qui revendique sa normalité comme ligne de conduite, promesse d’un retour sur la terre ferme d’une démocratie rendue à tout un peuple après l’hystérie de sa confiscation au profit d’un seul et du clan oligarchique dont il défendait les intérêts. Si les premiers pas du nouveau pouvoir attestent plutôt de la sincérité de cet engagement, nous ne saurions, collectivement, nous satisfaire de ces signaux de bon augure. Le changement ne se réduit pas à une délégation de pouvoir à d’autres, mais suppose, pour réussir, une volonté partagée, par tous.


Le garantir et l’approfondir passe par l’élection à l’Assemblée nationale d’une majorité du changement, pluraliste et diverse, plutôt que d’une majorité présidentielle dominée par le seul Parti socialiste. Le paradoxe n’est qu’apparent, mais c’est, sans doute, le meilleur service à rendre à François Hollande pour qu’il soit au rendez-vous non seulement de ses propres engagements de campagne mais des défis immenses qui l’attendent. Une majorité absolue du PS, c’est le risque de ces majorités automatiques, sans délibération véritable ni invention originale, qui n’obligent plus le pouvoir à convaincre, à rassembler, à mobiliser. Des députés qui se contenteraient de mettre en musique les choix présidentiels, dans la seule discipline partisane, ne seraient pas au rendez-vous de leur fonction le jour où les premières difficultés obligeront à innover, dans la libre discussion entre parlementaires d’horizons divers.


Alors que, pour la première fois dans l’histoire de la Cinquième République, le Sénat offre depuis 2011 une courte majorité à la gauche, l’élection d’une nouvelle Assemblée nationale donne une chance historique d’ouvrir la voie du changement comme cela ne fut jamais possible dans le passé. Quelles que soient les promesses, une majorité absolue du PS ne déplacera pas la centralité du pouvoir présidentiel ou, du moins, n’en offre aucunement la garantie. Elle laisserait la porte ouverte aux habitudes anciennes, devenues des réflexes culturels tellement notre pratique politique les a banalisées : servitude volontaire habillée de cohérence politique, isolement du pouvoir autour d’une seule famille partisane, tentation dominatrice du parti dont l’un des siens est au sommet du pouvoir exécutif, certitudes gestionnaires indifférentes aux contestations de la société, etc.


Conforter le changement, c’est vouloir l’approfondir par la dynamique parlementaire, ses initiatives et ses créativités, ses audaces et ses pluralités. Les défis nationaux et internationaux, économiques et démocratiques, sociaux et écologiques, etc., qui sont devant nous appellent des majorités d’idées, issues de l’échange démocratique, de ses logiques de conviction et de ses occasions de compromis. L’ensemble des forces politiques qui, peu ou prou, ont apporté leur contribution à la victoire de François Hollande doivent pouvoir peser sur le changement, y apporter leurs contributions, leurs nuances ou leurs exigences.


Aux députés socialistes, inévitablement les plus nombreux à gauche, il nous faut ajouter des députés écologistes d’EELV, mais sans pour autant laisser le PS dans cette union solitaire. Il nous faut donc aussi des députés du Front de gauche, dans la diversité de ses composantes, du PCF au Parti de gauche. Tout comme nous devons espérer une diversité des députés socialistes eux-mêmes, de leurs sensibilités et de leurs priorités, à l’image d’un gouvernement qui, par la promotion de nombreux ministres qui étaient favorables au « non » lors du référendum de 2005 sur le Traité constitutionnel, a manifesté l’acceptation du pluralisme socialiste sur les questions européennes, avec tous les enjeux économiques et financiers qui s’y rattachent.


Des majorités d’idées sont des majorités qui ne sont pas données d’avance et qui, par conséquent, sont plus fortes une fois constituées. Produit de la discussion et de la négociation, elles emportent et convainquent parce qu’elles ont été patiemment construites et consolidées. Qui ne voit que, sur certaines questions démocratiques décisives, celles-ci mêmes peuvent aller parfois au-delà du seul bloc des parlementaires de gauche ? Sur la morale publique, la démocratisation des institutions, la libération des médias, le contrôle des gouvernants, etc., le Modem peut rejoindre ces majorités-là, tout comme, malgré leurs divergences en d’autres domaines, Europe Ecologie et le Front de gauche se retrouvent dans le souhait radical d’une Sixième République.


Restaurer une dynamique parlementaire d'invention

Si l’on veut bien admettre, comme le défend Mediapart depuis sa création, qu’une démocratie étendue et approfondie, rendue au peuple souverain, est la meilleure garantie de réponses sociales, justes et équitables, à la crise, alors, c’est cette majorité parlementaire qu’il nous faut, assemblage des fidélités socialistes, des audaces écologiques, des radicalités sociales et des exigences démocratiques. A l’inverse, une majorité absolue du seul PS ne met pas à l’abri le nouveau pouvoir, et nous avec lui, d’une sourde défaite face aux héritages présidentialistes et à leur imbrication aux intérêts oligarchiques. Président normal, François Hollande n’en est pas moins au centre d’un jeu depuis longtemps anormal tant il met le pouvoir à distance de l’intérêt général et au plus près des intérêts particuliers.

Au-delà des annonces publiques, pour l’essentiel conformes aux engagements pris et espoir d’une République redevenue irréprochable, la séquence gouvernementale qui s’achèvera au soir des élections législatives aura été consacrée, plus discrètement, à la constitution des cabinets ministériels. Or l’un des effets du présidentialisme, depuis longtemps, est l’extension de leur poids et de leur nombre. Travaillant à l’abri du regard public et entretenus dans une culture de l’impunité, puisque leurs fautes éventuelles sont assumées par leurs ministres, ils sont caractérisés par un poids des élites administratives façonnées par l’Enarchie, alors même que la composition du nouveau gouvernement marque un heureux recul des anciens élèves de l’ENA.


Qu’il faille d’authentiques, et qu’il y en ait heureusement, serviteurs désintéressés de l’Etat est une évidence : des techniciens de la machinerie administrative, des compétents et des experts. Mais si, comme ce fut le cas ces dernières décennies, leur puissance de feu l’emporte sur celle des élus de la nation, le risque de confiscation démocratique est grand. La France est la seule démocratie apparente où le nombre total des membres de cabinets ministériels a fini par dépasser celui des députés. En 2010, sans compter le cabinet élyséen et sans intégrer les collaborateurs cachés, ils étaient officiellement 616, chiffre à mettre en comparaison d’une Assemblée nationale qui, au soir du 17 juin, comptera 577 députés (télécharger ici l'étude officielle la plus récente sur les personnels des cabinets ministériels).


De plus, cette petite armée de collaborateurs au service du pouvoir politique et, parfois, au-dessus des hiérarchies administratives s’est trop souvent éloignée, depuis trente ans, des rigueurs anciennes du service de l’Etat. L’Etat fort instauré par le gaullisme est devenu, malgré les apparences, un Etat affaibli depuis qu’il n’a plus mis à distance les intérêts privés, leurs tentations et clientèles, émoluments et profits. Les passages au secteur privé, les va-et-vient entre public et privé, les relations et fréquentations au risque permanent des conflits d’intérêts n’ont cessé de croître et, par conséquent, de se retrouver au cœur de ce pouvoir caché derrière le pouvoir public des ministres.


Or c’est ainsi qu’insensiblement, un nouveau pouvoir peut être défait sur son propre terrain : sa volonté politique. En la laissant échapper à d’autres qui œuvrent en secret, loin du débat public, sans sanction électorale, bref ni responsables ni comptables. C’est une raison supplémentaire pour souhaiter que le Parlement avec ses deux chambres, l’Assemblée et le Sénat, retrouve pleinement sa force d’initiative, de proposition et de délibération. Et que, ainsi, soit enfin refondée une République authentiquement démocratique et sociale.


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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 12:49


 

 

Une ambiguïté semble persister à propos des élections législatives : est-ce une élection locale ou nationale ? Le fait que l'on parle essentiellement de telle ou telle circonscription, qu'individuellement on soit amené à élire « son » député, que, de plus, les candidats, pour avoir des voix, se présentent souvent comme futurs défenseurs des particularités locales... Tout concoure à nous faire voir ces élections comme une élection de terrain, venant compléter l'élection nationale qui la précède, la présidentielle.

Or c'est faux. Un député participe à l'élaboration des lois, et les vote. Et les lois ont une application nationale. Donc il s'agit d'une élection nationale.  

Et cette élection va permettre d'influer la politique dans le sens que l'on souhaite. Ou pas.

Il n'a pas échappé à tout le monde que le Front de Gauche n'a pas été souvent cité, dans cette campagne, si ce n'est pour monter en épingle le combat que mène son leader, ou pour souligner une hypothétique dissociation entre PC et Parti de Gauche. Je pense, comme d'autres, que ce parti gène, non pas parce que les communistes auraient le couteau entre les dents et menaceraient la République en entendant revenir au collectivisme, non pas parce que Jean-Luc Mélenchon ne pratique pas la langue de bois et sait se mettre en colère, en particulier quand il se sent harcelé par des journalistes, mais parce que le programme de ce parti contient le projet de s'opposer à la finance, et en particulier d'enlever aux banques le privilège de la création monétaire. C'est cela, le crime du Front de Gauche, vouloir enlever aux banques la possibilité de la politique d'usure qu'elles ont auprès des États, c'est-à-dire celle de s'enrichir sur la faillite de ceux-ci.

Or, nous voyons bien que les plans divers censés sauver les pays ayant beaucoup de dettes, sont des plans qui augmentent leurs dettes et enrichissent leurs créanciers. Et nous nous savons que le MES et le Traité de Stabilité entendent mutualiser ce système qui va appauvrir tous les pays d'Europe au prétexte de les sauver (soi-disant) les uns après les autres.

Observons les séquences successives : menace d'un pays par une agence de notation, austérité votée démocratiquement, début de récession, dégradation de la note par les agences de notation, augmentation du taux d'emprunt, mesures encore plus grandes, et autoritaires, d’austérité, aggravation de la récession, demande d'aide internationale et perte de souveraineté.... Constatons que ces séquences touchent pays après pays. D'abord la Grèce, laboratoire de cette expérience néolibérale, puis l'Italie, l'Espagne ? L'Irlande, le Portugal, la France ?

On peut faire l'hypothèse qu'ils (qui, ils ? Disons l'oligarchie financière, le pouvoir financier, les banques. On peut dire, aussi, le Capital...) n'auraient pas pu s'attaquer à tous les pays en même temps, parce que les peuples auraient risqué pousser leurs gouvernants à trouver une réponse collective (ce n'est pas très difficile à inventer, et cela commence par ne pas rembourser tous les intérêts indus, et reprendre le contrôle de la création monétaire). L’Europe aurait, enfin, trouvé une légitimité politique si cette résistance s'était mise en place.

Mais ils sont plus malins que cela nos financiers, et nous trop naïfs. Ils vont donc attaquer chaque pays individuellement, le pointant comme fautif ( toujours le bon vieux truc manipulateur de la culpabilité, qui marche donc même au niveau de la politique internationale!), ou stigmatisant un groupe de pays (au surnom bien trouvé :les PIGS ) contre les vertueux... Et nous sommes conviés à espérer rester du côté de ceux qui ne sont pas passés à la moulinette.

Tout cela a pour but de casser la solidarité européenne, qui seule, pourrait diminuer le pouvoir exorbitant que s’octroie la finance.

Mais la finance a ses pièces avancées dans le monde politique et dans celui des médias, même dans le monde universitaire (cf le film « Inside job », très éclairant sur cette question). Une propagande généralisée nous conduit à penser que notre bien-être dépend de celui de nos banquiers. Retrouvant en cela ce qui a pu maintenir si longtemps le pouvoir absolu des monarques, nous sommes conviés à penser dépendre de la richesse que d'autres se font sur notre dos.

Et encore, si cette situation était stable, comme elle a pu l'être au temps de la royauté, elle aurait au moins le mérite d'apporter un peu de sécurité. Mais ce n'est pas du tout le cas.

Le pouvoir de la finance n'est pas actuellement équivalent à celui de l'ancienne monarchie héréditaire, mais à celui des dictatures : il contient en lui-même la volonté d'expansion qui va détruire peu à peu la démocratie sur laquelle il se développe. Mais, du coup, il implique aussi dans son mouvement sa perte inéluctable, car toutes les dictatures finissent par s'effondrer.

Cet effondrement a plusieurs raisons, la première d'entre elles c'est que la volonté d'une dictature n'est pas celle d'un équilibre mais celle d'une prise de pouvoir. Le pouvoir obtenu n’arrêtant pas la volonté de prise de pouvoir, le désir hégémonique ne peut s'éteindre de lui-même. La réalité qui vient avertir que le pouvoir va trop loin (par exemple par des manifestations des peuples, ou des votes contraires) ne peut pas être interprétée objectivement par celui-ci : il n'y voit qu'une résistance de plus à combattre pour obtenir son but.

La fin du système, c'est quand les résistances sont assez fortes et organisées pour arrêter la marche en avant mortifère du pouvoir dictatorial.

Il y a d'abord des voix démocratiques, notamment par le vote. Puis les soulèvements populaires.

En ce qui concerne le pouvoir de la finance et ses exigences extrêmes d'austérité et de casse du service public, les peuples touchés commencent à se soulever.

Et pour ce qu'il en est de nous, un moratoire semble avoir été posé sur notre pays en attendant la fin de la période électorale. Ensuite, nous allons prendre notre tour dans la file des pays qui vont à l’abattoir. D'autant plus que le parti socialiste n'a apparemment pas davantage pour projet de mettre en place une fronde européenne contre les banques qu'il ne l'a eu jusque-là (cf les votes du MES et du Traité de Stabilité auxquels il ne s'est pas opposé).

Allons-nous attendre que le peuple se soulève contre le pouvoir des banques à force de trop de malheurs, ou allons-nous voter pour stopper la marche en avant du pouvoir financier avant qu'il ne soit trop tard ?

Alors, on vote, dimanche ?

 


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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 12:44

 

 

Poser la question des luttes et de leur « vertu » formatrice est l’un des buts des prochaines rencontres avec Médiapart organisées les 25 et 26 août dans la région de Lyon par l’association CAMédia.Voici le lien pour découvrir le programme (en « fichier attaché au bas du billet ici donné).

http://blogs.mediapart.fr/edition/camedia/article/210512/troisieme-rencontre-avec-mediapart-organisee-par-camedia-montlue

Dans ce cadre, un débat aura lieu entre le Collectif de lutte contre les gaz de schiste en Ardèche, représenté par Guillaume Vermorel, et Paul Aries, rédacteur en chef du journal Le Sarkophage et auteur de plusieurs livres, dont le dernier, Le socialisme gourmand.

Comme le dit Aries, « Parce que le pétrole socialiste n’est pas plus écolo que le pétrole capitaliste », nous aimerions examiner ensemble comment le réveil de certaines luttes, tant écologiques que politiques, entraîne pour leurs participants, non seulement un engagement politique au sens large, mais offre une véritable chance de devenir « auteur » de quelque chose - auteur d’une question sociale et d'un apprentissage du changement possible pour soi aussi - Je fais ici référence au beau travail d’entretien mené dans le film Tous au Larzac, où des paysans analysent dans l’après coup tout ce que ces combats collectifs ont dynamisé de prise de conscience, de dépassement de représentations enkystées, d’élargissement de leur monde.

La question politique aujourd’hui dépasse largement celle de l’affrontement de programmes : les longues habitudes productivistes qui ont charpenté nos politiques traditionnelles de droite comme de gauche trouvent leurs limites et révèlent leurs périls. L’emballement de l’hyperconsommation, son intrication avec le cul-de-sac du triomphe de la finance, le gaspillage et la misère comme autant « d’allants de soi », de réalités montrées comme sans alternative (du pur TINA – There Is No Alternative - formule à succès de Thatcher), ce sont là les fers qui nous ligotent.

Dans ce moment que nous vivons, nous côtoyons le monde et voyons l’horreur le disputer à l’absurde :  comment alors  faire des liens ? comment pouvons-nous prendre part au devenir « humain » ? quelles pistes à suivre pour tracer un chemin ? Partager, prendre le temps, réinventer la simplicité, combiner recherche et choix de monde à construire …

Il est donc question d’inventer, de ragaillardir, de propager de  multiples raisons de luttes, qui seront aussi bien des occasions de diffusion d’idées que des champs d’expérience humaine : l’engagement peut être porteur d’invention. Voilà une des questions qui nous occupera lors de ce week-end : les luttes sociales comme chance de la création démocratique, comme apprentissage en acte de la liberté, du souci de l’autre et de la création de la geste collective.

 

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 12:30

 

| Par Philippe Riès

On sait depuis la ligne Maginot que se préparer pour la guerre précédente est un travers bien français. Avec le ministère du “redressement productif ”, confié au chantre du protectionnisme Arnaud Montebourg, on peut craindre le pire. Car si l’industrie a un avenir dans les pays anciennement industrialisés, le nouveau paradigme qui se dessine condamne à coup sûr les stratégies défensives tournées vers le passé et va imposer un énorme effort d’imagination et de projection dans un avenir incertain. Un grand bond en avant dans la robotisation des processus de fabrication, un bouleversement de la donne mondiale de l’énergie et les avancées d’une “troisième révolution industrielle”, après celles de la vapeur et de l’électricité, vont provoquer un tsunami schumpéterien aux effets économiques et sociaux incalculables. Embourbés dans une crise financière qui sanctionne aussi l’obsolescence de leur modèle de non-croissance, le “social-clientélisme”, les responsables européens ont la tête dans le sac, ou dans le sable, ce qui n’est pas la position la plus favorable pour surveiller l’horizon.

C’est de Chine, “l’atelier du monde”, qu’est parvenu un des signaux les plus significatifs des bouleversements à venir. L’entreprise taiwanaise Foxconn Technology Group, premier employeur industriel privé au monde, va installer dans les trois ans à venir un million de robots dans ses villes-usines de Chine continentale. Confronté à des hausses de salaires de 20% par an, non seulement à Shenzen mais aussi dans les régions de l’intérieur où il s’est installé plus récemment, le principal assembleur des produits Apple pourrait supprimer un demi-million d’emplois dans les années à venir, estime la société de recherche économique de Hong Kong, Gavekal.

 

La convergence des coûts: robots et humains  
La convergence des coûts: robots et humains © Gavekal

 

Foxconn approche en effet, explique Gavekal, du point de convergence entre le coût moyen d’un robot industriel travaillant 24 heures sur 24, soit environ 50 000 dollars, et son équivalent humain sur une période de deux ans correspondant à l’amortissement de cet investissement (soit près de 45 000 dollars). Le robot ne demande ni dortoir, ni cantine, ni augmentation de salaires. Il ne fait pas grève, ne tombe pas malade, ne disparaît pas au moment du nouvel an chinois pour, de plus en plus souvent, ne pas revenir dans son bagne industriel. Et une fois amorti, il travaille presque gratuitement pendant de longues années, dans des ateliers sans lumière ni chauffage ou climatisation. A contrario, comme l’avait compris Henry Ford, le robot n’est pas client de la firme. En attendant les « réplicants » de Blade Runner, il n’a pas besoin ou envie d’un iPhone ou d’un iPad.

La fin du modèle mercantiliste chinois

Ce n’est pas la première fois que la réduction drastique, voire l’élimination de la participation directe des hommes dans le processus de production, est annoncée. Face à la concurrence montante de l’industrie automobile nipponne, Detroit avait cru un moment trouver la riposte dans une robotisation radicale des chaînes de production, avant de comprendre que l’équilibre entre la machine et l’homme, et sa capacité unique (jusqu’à présent) d’imaginer en permanence des améliorations incrémentales du processus de production, était au cœur du fameux Toyota Production System (TPS).

Mais la troisième révolution industrielle, ancrée dans les avancées scientifiques et technologiques des vingt dernières années, promet un saut qualitatif, dans l’utilisation des matières premières, dans la chaîne internationale de fabrication et dans la participation du facteur humain. Les imprimantes en trois dimensions, instruments essentiels de cette rupture avec l'intelligence artificielle, seront capables de fabriquer à distance, avec une précision absolue, n’importe quelle pièce ou équipement complet (y compris de nouvelles imprimantes 3 D) en utilisant une fraction des matériaux nécessaire à l’usinage traditionnel et pratiquement sans intervention humaine au stade de la réalisation. La machine capable de se répliquer à l’infini, le robot qui fait des petits, n’appartiennent plus à la science-fiction. Autrement dit, le coût du travail dans la production manufacturière stricto sensu, déjà réduit dans nombre de secteurs industriels, va devenir marginal.

Conséquence : « le modèle mercantiliste chinois est fini », affirmait lors d’un récent séminaire à Paris le très libéral et volontiers provocateur Charles Gave, co-fondateur de Gavekal. La moitié du déficit commercial des Etats-Unis est due aux échanges avec la Chine et la même proportion liée à des produits fabriqués par ou pour des entreprises américaines. « Il n’y a aucune raison de conserver les usines en Chine », estime-t-il en annonçant une ré-industrialisation du monde occidental grâce à la robotisation. « Une implication en est que les Etats-Unis et les autres pays riches vont regagner de la compétitivité dans la production manufacturière. » Une autre conséquence en est « que les marchés émergents, où le bas coût du travail était le principal avantage compétitif, seront les perdants ».

Et l’emploi dans tout ça ? Ce n’est pas la préoccupation première de Gavekal, qui vend ses conseils à des investisseurs, pas à des syndicats. Un autre cas d’étude permet d’éclairer l’impact sur l’emploi des “énormes changements technologiques” en cours : la comparaison entre Wall Mart, le numéro un mondial des grandes surfaces, et Amazon, le pionnier du e-commerce. Dans le modèle traditionnel, la logistique (et les emplois qui vont avec) pèse à peu près 9 % du chiffre d’affaires. Dans le modèle Amazon (avec ses entrepôts robotisés) plus Fedex (pour la distribution), ce n’est que 3 %, explique Gavekal. En clair, la combinaison Amazon/Fedex (ou tout autre coursier) fait le même travail avec trois fois moins de personnel.

La nouvelle donne énergétique mondiale

Pour Charles Gave, « l’appareil industriel de l’avenir va se domicilier en fonction du coût de l’énergie » et non plus du travail. Or, dans ce domaine également, les cartes sont en train d’être rebattues, au bénéfice de certains pays riches, notamment les Etats-Unis. Le boom spectaculaire dans l’exploitation du gaz de schistes est en train de renverser la tendance séculaire à l’aggravation de la dépendance énergétique de l’Amérique du Nord. Pour Gavekal, « l’indépendance énergétique est désormais une perspective réaliste pour les Etats-Unis ». Selon lui, « l’Amérique du Nord pourrait devenir auto-suffisante dans un délai de cinq à dix ans ».

 

La révolution du gaz de schiste: divergence des prix gaz/pétrole 
La révolution du gaz de schiste: divergence des prix gaz/pétrole© Gavekal

L’impact économique potentiel, pour ne rien dire des retombées géopolitiques mondiales, de cette nouvelle donne est encore largement ignoré. « L’équation énergétique globale va changer dans des proportions que la plupart des gens n’ont même pas commencé à évaluer », relève l’économiste Kenneth Courtis. Pour le moment, la progression exponentielle de la production de gaz naturel à partir de la fragmentation des roches s’est traduite par un découplage des prix du pétrole et du gaz, ce dernier s’affichant en chute libre (l’unité de mesure, le MMBtu) tombant d’un plus haut de 15 dollars en 2005 à moins de 2,5 dollars récemment.

 

Ce n’est pas étonnant car la reconversion de l’économie américaine du pétrole (et du charbon) vers le gaz demandera de longues années et de lourds investissements au niveau de la production, du transport et des consommateurs finaux. Mais le potentiel est gigantesque. Les réserves exploitables des Etats-Unis en gaz de schistes sont estimées à 862 trillions (milliers de milliards) de pieds cubes, soit trois fois celles du gaz conventionnel. Seule la Chine a un potentiel plus important mais elle est confrontée à une grave pénurie en eau, ingrédient essentiel pour la fragmentation des roches qui libèrent le gaz. Et les Etats-Unis, à ce stade, ne semblent pas devoir s’embarrasser des scrupules écologiques qui conduisent certains pays européens (dont la France) à faire une croix sur cette ressource nouvelle et inespérée.

Si ce scénario d’une « période de destruction créatrice colossale » (Charles Gave) se matérialise dans les années qui viennent, les effets en seront multiples et profonds. Un exemple (parmi beaucoup d’autres) : depuis l’éclatement du système de Bretton Woods en 1971, la liquidité financière mondiale a été fournie essentiellement par les Etats-Unis qui ont imprimé des dollars afin de financer le déficit exponentiel de leurs comptes courants. Si les Etats-Unis n’importent plus d’énergie et « ré-importent » la production industrielle, revenant à des comptes extérieurs équilibrés ou même excédentaires, le monde va manquer de dollars.

50 millions d'emplois menacés aux Etats-Unis ?

 

Pour comprendre ce que cela signifie, il suffit de se souvenir que la transmission du choc des « subprimes » à l’Europe en août 2007 s’est faite par la fermeture brutale de l’accès au dollar pour les banques européennes, contraignant la BCE à mettre en place dans l’urgence des accords de swaps avec la Réserve fédérale des Etats-Unis. On connaît la suite. « L’Europe du Sud a un cash flow négatif en dollars de 150 milliards par an », explique Charles Gave. « La Fed prête à la BCE qui prête à ces pays pour qu’ils puissent continuer à acheter en dollars », notamment leur énergie. « Mais la BCE ne peut pas imprimer des dollars. »

Pour Gavekal, il y a un pays qui a compris ce qui se prépare. La Chine, expliquait Louis-Vincent Gave au cours du même séminaire, « va sortir d’un modèle de croissance fondé sur l’injection de travail à bas coût ». Les réformes financières lancées par l’équipe sortante du premier ministre, Wen Jiabao, sont une composante essentielle de cette stratégie. « Au cours des vingt dernières années, la Chine s’est développée en vendant à l’Occident pour des dollars. Pour les vingt prochaines années, elle va vendre aux pays émergents des biens et des services facturés en renminbi. » L’internationalisation de la devise chinoise progresse rapidement, la convertibilité complète du yuan (son autre nom) devant intervenir dans les trois à cinq ans à venir. Utilisant Hong Kong comme « point de passage et laboratoire », la Chine est en train de créer un marché obligataire ouvert aux émetteurs et aux investisseurs étrangers, de se libérer des banques internationales pour financer ses échanges, etc. Il s’agit, ni plus ni moins, que de « créer une source alternative de liquidité centrée sur Hong Kong ».

Le contraste est saisissant avec une Europe qui vaticine depuis plus de deux ans autour de la faillite de la Grèce, petite infection devenue gangrène du fait de l’irrésolution et de l’incompétence de la classe dirigeante européenne. « La Chine, souligne Louis-Vincent Gave, crée l’équivalent d’une économie grecque toutes les onze semaines ! » Les Chinois veulent une monnaie internationale forte et stable pour avancer dans un environnement monétaire bouleversé. Une partie des Européens rêvent de dévaluation, d’inflation, voire de retour aux monnaies nationales. Cherchez l’erreur.

 

50 millions d'emplois menacés aux Etats-Unis? 
50 millions d'emplois menacés aux Etats-Unis?
Dans un livre de prospective plutôt apocalyptique, The Lights in the Tunnel, l’informaticien et blogueur californien Martin Ford estimait que l’automatisation et les progrès de l’intelligence artificielle pourraient conduire aux Etats-Unis à la disparation de quelque 50 millions d’emplois. Et pas seulement dans l’industrie mais dans de nombreuses activités de service également. Une destruction du marché du travail tel qu’il fonctionne (déjà mal) actuellement. Et il posait ainsi les termes de l’équation dans l’introduction : « La réalité est que l’économie de marché, comme nous la comprenons aujourd’hui, ne peut tout simplement pas fonctionner sans un marché de travail viable. Les emplois sont le mécanisme principal par lequel les revenus – et donc le pouvoir d’achat – sont distribués à ceux qui consomment tout ce que l’économie produit. Si à un moment donné, les machines peuvent assurer de manière permanente une grande partie du travail effectué aujourd’hui par des humains, cela menacera les fondations de notre système économique. Ce problème ne se réglera pas de lui-même. C’est maintenant qu’il faut commencer à y penser. »

 

Le pire n’est jamais sûr. Il est très difficile de faire des prévisions, surtout quand il s’agit du futur, disait Yogi Berra. Mais, sans endosser intégralement la vision de l’avenir de Martin Ford, les Européens pourraient suivre sa recommandation de commencer à réfléchir. De la réforme fiscale à celle de l'éducation, de la recherche au capital humain, l'heure n'est plus vraiment au rafistolage et au bricolage. Quand ils en auront fini avec la Grèce ?

 

 

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10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 12:14
Samedi 9 Juin 2012 à 05:00

 

Régis Soubrouillard
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales En savoir plus sur cet auteur

 

Croissance gonflée, dissidents suicidés, mesures de niveaux de pollution, statistiques sociales et criminelles faussées, fiascos industriels, intrigues du Parti, de nombreux événements récents démontrent à quel point l'Empire du Milieu s'est transformée en un Empire du mensonge validant la thèse orwellienne: en régime totalitaire, la vérité c'est le mensonge.

 

Eugene Hoshiko/AP/SIPA
Eugene Hoshiko/AP/SIPA
« La vérité c’est le mensonge » faisait dire Georges Orwell à ses personnages dans 1984. Le Parti Communiste chinois applique ce précepte à la lettre. Le correspondant à Hong-Kong de Foreign Policy a mené l’enquête sur le jeu de la vérité permanent auquel se livre le régime de Pékin dans divers domaines stratégiques pour la survie du régime. 

Premiére marque, anecdotique, mais qui en dit long sur la paranoïa du Parti. Pékin a vivement condamné l’initiative de l’Ambassade des Etats-Unis de publier sur twitter les mesures de pollution de l’air dans la capitale chinoise. Le ministère de l’environnement chinois a instamment demandé à l’Ambassade américaine de stopper ces publications,  arguant « qu’elles violaient les dispositions pertinentes à la protection de l’environnement ».
Difficile à entendre sinon que le gouvernement chinois diffuse ses propres mesures de la qualité de l’air, beaucoup moins alarmistes.

Le taux de croissance de l’économie chinoise est un autre baromètre du Grand mensonge du Parti. Chaque année, la République populaire de Chine affiche des taux de croissance affolants, supérieurs à 7,6% par an avec des pointes à 14% depuis 1992. S’il n’est pas contestable que la Chine a connu un remarquable décollage économique depuis la fin du règne du Mao, la croissance du PIB est artificiellement gonflée par des mécanismes que décrivait déjà Keynes en son temps : « Pour enjoliver le PIB, il suffit d'augmenter la masse monétaire et donner l'argent créé à des ouvriers pour creuser des trous et les reboucher ».

Les mensonges et les statistiques: vrai ou faux ?

Analyste à l’Institut Turgot, Vincent Bénard explique que dans le cas chinois « construire des villes condamnées à l'inoccupation relève de la même logique que de creuser et reboucher des trous : de l'argent est dépensé (ce qui augmente les flux, donc le PIB) mais ne crée aucune valeur. Et ceci ne vaut que pour les sur-capacités immobilières. D'autres rapports sur l'économie chinoise se font l'écho de sur-capacités industrielles tout aussi importantes ».

Le crime est une autre donnée sensible. Les données officielles de Pékin affirment que si la criminalité non violente a augmenté, les assassinats auraient été divisés par deux entre 2000 à 2009. L’académie des sciences sociales chinoises a surpris son monde en 2010 quand dans un rapport elle indiquait que pour la première fois en une décennie la criminalité violente avait augmenté. Une information divulguée pour répondre à l’émotion suscitée par une série d’homicides. Les chiffres de la criminalité violente ne pouvaient pas avoir baissé.  L’affirmation a laissé sceptique les chercheurs en sciences sociales qui ont commencé à s’interroger sur la validité des précédents rapports sur la criminalité dont les résultats fluctuent donc au gré de l’émotion populaire et des priorités politiques du Parti.
 
Le récent soulèvement du petit village de Wukan qui a « mis à la porte » ses dirigeants corrompus, a levé le voile sur l’agitation sociale qui secoue régulièrement la Chine dans les provinces du pays. Les écarts de niveau de vie entre ruraux et urbains, la corruption sont de plus en plus souvent dénoncés. Selon le Bureau National des statistiques, les inégalités auraient plutôt baissé, mais de nombreux travaux estiment que ces écarts de richesses se sont fortement aggravés notamment parce que les statistiques officielles ne prennent jamais en compte « les revenus non divulgués par les populations riches et urbaines ». 
Comme le disait l’homme politique britannique Benjamin Disraeli, « Il y a trois types de mensonges : les mensonges, les foutus mensonges, et les statistiques ».

Des dissidents qui se font suicidés

L’affaire Bo Xilai a permis de jeter un regard cru sur la vie privée des dirigeants chinois. Pour les citoyens « ordinaires », les dirigeants du pays n’existent que par leur carrière personnelle et leur dévouement pour le Parti et le pays. Bo Xilai, ses maitresses, ses intrigues, sa fortune, les accusations de complot  ont donné un aperçu beaucoup plus croustillant sur les mœurs des barons du Parti.

Destinée à devenir la première puissance industrielle du monde en 2017, selon l’OCDE,  ces derniers temps le pays s’est surtout illustré par ses flops. C’est le fiasco récent du TGV chinois qui a marqué après un accident près de Wenzhou qui a tué 40 personnes. Un projet dirigé par un groupe d'individus corrompus qui contraints à déployer le réseau le plus rapidement possible pour le 90ème anniversaire du PCC, quels que soient les conséquences pour la sécurité et les coûts financiers. Les bougies soufflées, la propagande a calmé le jeu sur la révolution TGV et le Parti a largement revu ses ambitions à la baisse.

Si le gouvernement manipule avec malice le présent, il réécrit aussi l’histoire de La Chine selon son bon vouloir. Ainsi la discussion des épisodes les plus douloureux de l'histoire moderne de la Chine - le Grand Bond en avant, la Révolution culturelle, et la répression de la place Tiananmen - restent strictement circonscrits.

Le gouvernement possède pourtant des registres détaillés démographiques datant des années 1950, avec son vaste réseau de bureaux de la  sécurité publique. Ces données, aux côtés d'autres dossiers du gouvernement, pourraient fournir une estimation plus précise de combien de personnes sont mortes à la suite des purges du gouvernement et des famines provoquées par Mao. Mais Pékin n’est pas prêt à d'ouvrir ses fichiers à la population. Même chose pour le massacre Tian’anmen dont le nombre de morts n’est toujours pas connu.

La mort récente en résidence surveillée du dissident Li Wangyang, condamné à 21 ans de prison pour avoir participé au mouvement de 1989, fait peser une lourde suspicion sur les « suicides assistés » au point que le militant Hu Jia, libéré en juin 2011 après quatre ans de prison, a proposé sur Twitter selon Le Monde que ceux qui, comme lui, sont régulièrement confrontés à la police fassent une déclaration devant notaire comme quoi ils n'ont pas l'intention de se suicider : « Si vous êtes détenu politique, dissident, défenseur des droits, ou simple citoyen et que vous êtes souvent détenu illégalement par des agents en civil ou des policiers, je vous conseille de laisser une déclaration écrite ou un acte notarié. Car dans ce pays, il ne manque pas de gens qui se sont fait suicider ».

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 21:44

 

Espagne : la protestation contre les banques prend des allures de flamenco
  • Rue89 - Publié le :
    06/06/2012 à 07h46

 

 

 

En Espagne, le mouvement de protestation contre le sauvetage à coups de milliards publics de la banque en difficultés Bankia alors que le pays est plongé dans l’austérité, provoque des formes originales d’« occupation ». Ici, à Séville, le 17 mai, des protestataires se sont livrés à une démonstration de flamenco dans une succursale de Bankia, durant laquelle un chanteur accompagné de danseuses ont mis en scène une chanson intitulée « Bankia, pulmones y branquias ». La classe.

Cette belle manière de protester s’ajoute à une série d’actions à travers le pays, dont notre partenaire Global Voices a recensé quelques exemples.

 

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