Source : arte.tv/guide/fr

Comment, de 1970 à 1981, les paysans du Larzac ont lutté pacifiquement contre l'État qui avait décrété leur expropriation. Une épopée allègre et inspirante racontée par quelques-uns de ses protagonistes.
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En octobre 1970, le gouvernement Pompidou, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, annonce l’extension d’un camp militaire situé sur le Larzac et en conséquence, l’expropriation d’une centaine de petites exploitations agricoles. Un inconvénient mineur, pour les autorités, par rapport aux retombées escomptées pour cette région enclavée et désertifiée, où "quelques paysans, pas beaucoup, élèvent vaguement quelques moutons en vivant plus ou moins moyenâgeusement", résume dédaigneusement, quarante ans après, André Fanton, qui était secrétaire d’État à la Défense. Ni lui ni les intéressés ne se doutent alors que dix années durant, ces "quelques paysans" ? dont 103 sur les 107 concernés font le serment collectif, en 1972, de rester sur leurs terres et de n’accepter aucune transaction ? vont inventer au jour le jour l’un des mouvements de désobéissance civile les plus imaginatifs et démocratiques qui soient. Dans le sillage de Mai-68, ils vont bientôt être soutenus par tout ce que la France compte de contestataires, alors que la majorité d’entre eux n’a jamais milité, à l’image de Léon Maille, l’un des témoins du film, qui précise : "Avant j’étais normal, je votais à droite et j’allais à la messe." Grâce à lui et à ses anciens compagnons (Pierre et Christiane Burguière, Michel Courtin, Marizette Tarlier, la veuve de celui qui fut le leader incontesté de la lutte Guy Tarlier, avec aussi le curé Pierre Bonnefous et trois recrues plus tardives, Christian Roqueirol, José Bové et Michèle Vincent), cette décennie de combat ressuscite sous nos yeux sur un rythme allègre, avec en toile de fond les paysages magnifiques qui en étaient l’enjeu.
Western
Comme Paysan et rebelle, un portrait de Bernard Lambert (2002) et Les Lip, l’imagination au pouvoir (2007), les deux premiers volets de la trilogie qu’il clôt, Tous au Larzac repose sur la parole (vibrante, modeste, malicieuse) de ses protagonistes, mais est pourtant le contraire d’un film bavard. Peut-être parce que les paysages du causse "fabriquent de l’imaginaire tant et plus" dit le réalisateur Christian Rouaud, et qu’ils lui ont fait immédiatement penser à un western, ce récit choral est porté par une incontestable dimension épique. Comme les précédents, il joue aussi sur l’effet de surprise : que l’engagement résolu dont témoignent ces activistes à la retraite puisse être à ce point porteur d’humour et d’aventure, voilà qui contredit avec éclat l’image du militantisme triste qui, avec une forme de résignation collective, s’est imposée depuis les années 1980. Couronné du César du meilleur documentaire en 2012, Tous au Larzac a remporté en salles un grand et légitime succès public.