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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 20:56

 

Rue89 - Methodologie 06/02/2013 à 16h54
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

 

 

Le titre du Monde est sans appel : « Le FN se banalise aux yeux des Français ». Sondage [PDF] à l’appui. Avec un chiffre clé : 47% des personnes interrogées estiment que le FN « ne représente pas un danger pour la démocratie ». Huit points de plus qu’en 2012.

Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Le Front national serait-il devenu un parti comme les autres pour « les Français » ? Tant les résultats que la méthodologie de ce type de sondage méritent questionnement.

« Longtemps, le FN a représenté la ligne rouge »

Si ce sondage présente un intérêt, c’est de reposer sur la durée. Un chiffre isolé ne dit pas grand-chose, d’autant que les réponses, sur le FN, varient avec l’actualité. Ici, l’image du parti est évaluée depuis 1984 par le Baromètre TNS-Sofres, réalisé pour France Info, Le Monde et Canal Plus.

Et elle a évolué : le parti d’extrême-droite aujourd’hui ne « représente un danger pour la démocratie » qu’aux yeux de 47% de sondés, passant pour la première fois depuis 1985 sous la barre des 50%. Ils étaient encore 53% à le penser il y a un an.

 


Baromètre d’image du Front national édition 2013, réalisé par TNS Sofres du 24 au 28 janvier, pour France Info, Le Monde et Canal Plus (TNS-Sofres)

 

De quel danger pourrait-il s’agir, en revanche, cela n’est pas précisé. On fait appel à un sentiment diffus, qui n’est sans doute pas le même pour tous les répondants. Un jugement « tripal », estime Nonna Mayer, chercheuse au Centre d’études européennes de Sciences Po-CNRS :

« Longtemps, le FN a représenté la ligne rouge à ne pas franchir, le marqueur politique numéro 1. Le danger pour la démocratie fait écho à la Seconde Guerre mondiale, à la Shoah. »

Or, Marine Le Pen n’y est pas associée, constate la chercheuse.

Une stratégie de com’ réussie

C’est ce que mesure ce sondage, poursuit Nonna Mayer :

« Le sondage porte sur l’image et montre la réussite de la stratégie de communication de Marine Le Pen. Elle fait moins peur que son père. Elle a désextrémisé le parti. »

La chercheuse mène des entretiens en Seine-Saint-Denis auprès de personnes en grande précarité, et constate que ses interlocuteurs parlent « très volontiers de Marine Le Pen, avec une certaines sympathie, même s’ils ne sont pas d’accord avec ses idées ». Ils la trouvent « moins raciste ».

D’ailleurs, elle est davantage considérée qu’avant comme représentant une « droite patriote aux valeurs traditionnelles » : c’est ce qu’estiment 44% des sondés, contre 36% il y a trois ans. Elle était auparavant davantage vue comme appartenant à une « extrême-droite nationaliste et xénophobe ».

Pas de « banalisation » du FN

A tempérer toutefois. Il continue à y avoir des limites :

  • 63% des personnes interrogées n’ont « jamais voté » FN et « n’envisagent pas » de le faire à l’avenir ;
  • 81% n’adhèrent pas aux solutions proposées par ce parti ;
  • 63% rejettent les idées du FN.

Il ne s’agit donc pas d’une banalisation du parti, analyse Nonna Mayer. Encore moins de ses idées : seuls 32% des sondés déclarent adhérer aux idées du FN. Un niveau atteint par Jean-Marie Le Pen en 1990, après la profanation du cimetière juif de Carpentras ; il avait déclaré que son parti avait injustement été accusé, et l’événement s’était finalement retourné en sa faveur. Le niveau est donc élevé, mais il reste stable par rapport à l’an dernier.

Les fragilités du sondage

Simplement, il est une manière de formuler les questions qui prête à confusion... L’étude commence par une liste d’ « opinions concernant la société actuelle », sans lien avec le FN. Comme :

  • « on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France » ;
  • « il faut supprimer l’Euro et revenir au Franc » ;
  • « il faut donner beaucoup plus de pouvoir à la police ».

Les formulations sont présentées comme objectives et neutres. Pourtant, elles sonnent déjà très FN. Une spécialiste des sondages, qui travaille dans le secteur et tient à garder l’anonymat, le déplore :

« Ce qu’exprime le résultat du sondage à ces questions, c’est un malaise. Les sondés ne sont pas qualifiés pour savoir s’il faut supprimer l’euro, mais ils expriment une nostalgie par rapport à une époque plus faste. De la même manière, comment les citoyens peuvent-ils se prononcer sur l’augmentation des pouvoirs de la police ? On ne dit pas s’il s’agit de pouvoir financier, juridique ou autre. La réponse des personnes interrogées est une façon d’exprimer un sentiment d’impuissance. Et il faut bien sûr écouter ce que ça dit. »

Mais les personnes sondées n’ont pas la possibilité de dire leur malaise, elles ne peuvent que cautionner ou non des solutions présentées comme neutres, mais que propose le FN lui-même :

« Le FN est justement à l’écoute de ces plaintes et il y répond en faisant comme s’il proposait des solutions. Comme la suppression de l’euro ou l’augmentation des pouvoirs de police. Si les sondeurs font de même, en questionnant sur des solutions plutôt que sur des constats, et en les formulant comme le ferait le FN, bien sûr qu’ils vont trouver que les sondés sont favorables aux idées du FN ! »

Illusions d’optiques

L’enquête a été menée en face à face. C’est déjà mieux que par Internet, une méthode contestée. Ce type de travail reste toutefois à prendre avec des pincettes.

Le Monde avait déjà été critiqué, il y a quelques jours, pour une étude Ipsos d’où il resortait que 87% des sondés souhaitaient « un vrai chef pour remettre de l’ordre », 74% d’entre eux considéraient que l’islam est une religion intolérante, 70% jugeaient qu’il y avait « trop d’étrangers » en France, etc. Apocalyptique, le tableau qui en ressortait était une France qui se recroquevillait autour de thèmes d’extrême-droite.

Quelle crédibilité accorder à de telles conclusions ? L’ordre et la formulation des questions prêtent à questionnement. Comme s’était alors interrogé le chroniqueur de France Inter, Thomas Legrand :

« Pourquoi une France qui se refermerait à ce point continuerait de mettre Marine Le Pen au bas des classements de popularité ? Pourquoi François Hollande, qui sur l’échelle du populisme était sans doute le candidat le moins bien placé, a-t-il gagné la présidentielle ? »

Ces sondages sur le FN, pour de multiples raisons, sont très fragiles. Le problème, c’est que le parti d’extrême-droite n’hésite pas à les exploiter pour se rengorger. Et l’UMP pour passer des alliances avec lui.

 

 

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