Le courant ne passe plus entre les collectivités locales et ERDF, leur fédération ayant accusé, mardi 27 novembre, cette filiale d'EDF qui exploite le réseau électrique de proximité de sacrifier l'intérêt général sur l'autel de la rentabilité de sa maison mère, un argument contesté par Electricité réseau distribution France.
En France, les réseaux électriques basse et moyenne tensions, qui acheminent le courant depuis les lignes à haute tension jusqu'aux consommateurs, sont gérées par ERDF (filiale à 100 % d'EDF) dans le cadre de concessions de service public octroyées par leurs propriétaires, les collectivités locales. Or, depuis des années, les relations sont mauvaises entre le gestionnaire de réseau et les collectivités, et la tension est encore montée d'un cran mardi.
En effet, le conseil d'administration de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régie (FNCCR) a adopté une motion, dont l'AFP a obtenu une copie, en forme de réquisitoire contre la stratégie du gestionnaire de réseau, auquel elle réclame un "vigoureux changement de cap". "ERDF fait le choix de s'affranchir du fondement démocratique des concessions et de tout véritable contrôle public local" et "certaines dérives qui ont été dénoncées ne doivent plus perdurer", proteste la FNCCR.
Parmi les reproches, les collectivités accusent ERDF de tenter d'imposer "une profonde modification de l'économie générale des concessions (électriques), dans un sens plus favorable aux intérêts à court terme du groupe EDF au détriment de l'intérêt général".
TEMPS DE COUPURE TOUJOURS ÉLEVÉS
Cette tendance se serait amplifiée depuis le changement de statut d'EDF (transformation de l'entreprise publique en société anonyme en 2004 et ouverture du capital en 2005). La FNCCR dit s'être battue pour obtenir une relance des investissements dans les réseaux et déplore des temps de coupure toujours élevés malgré une amorce de redressement.
De plus, elle reproche à ERDF d'avoir "multiplié les initiatives visant à priver les collectivités des moyens d'exercer efficacement leurs attributions de régulateurs locaux", notamment dans le cadre du projet de compteur intelligent Linky, qui empoisonne leurs relations.
Enfin, elle l'accuse d'avoir procédé unilatéralement à "un allongement de la durée d'amortissement des réseaux" et à d'autres opérations comptables "qui vont améliorer les résultats de la maison mère aux dépens du service public".
La filiale d'EDF s'en est défendue : "Si ERDF ne nie pas les difficultés rencontrées entre 2008 et 2010, les relations avec les collectivités locales se sont très nettement améliorées depuis deux ans", a expliqué la direction. "ERDF a d'ailleurs changé son organisation territoriale le 15 mai, afin de renforcer sa proximité, en créant vingt-cinq directions régionales", a-t-elle rappelé, tout en soulignant qu'une "plate-forme de négociation a été proposée lundi à la FNCR".