Source : www.mediapart.fr
Comment l'industrie pharmaceutique réussit-elle à maintenir sa puissance malgré les scandales à répétition et les attaques dont elle fait l'objet ? Dans La Stratégie de la bactérie, Quentin Ravelli démonte les rouages.
Les scandales à répétition qui affectent le monde du médicament – Mediator, Vioxx, Distilbène, etc. – n’ont pas empêché l’industrie pharmaceutique de rester extrêmement profitable, de consolider sa puissance économique et de maintenir son influence politique.
Pourquoi les critiques contre les laboratoires, et les réformes destinées à mettre fin aux abus régulièrement dénoncés, semblent-elles impuissantes à changer réellement le système du médicament ? Pour Quentin Ravelli, chargé de recherche au CNRS, la limite de la critique actuelle vient de ce qu’elle se focalise sur les scandales sans analyser les mécanismes qui les provoquent, qu’elle se borne « à pointer du doigt les dysfonctionnements d’un système sans en décrire les rouages habituels et normaux qui sont peut-être tout aussi scandaleux ».

Pour aller plus loin, Quentin Ravelli a mené une enquête de quatre ans, au sein même d’un des plus grands groupes pharmaceutiques mondiaux (Sanofi-Aventis). Salarié de l’entreprise pendant deux périodes de deux mois, il a observé son fonctionnement de l’intérieur. Il a aussi assisté à de nombreux congrès médicaux et mené de multiples entretiens avec des cadres et des techniciens de la firme.
Dans un livre-document, il montre que l’industrie du médicament, à la manière des bactéries qui développent des résistances aux antibiotiques, a acquis une résistance à la critique, ce qui rend illusoires les tentatives superficielles de réformer le système, et nécessite de le réexaminer en profondeur.
Quentin Ravelli
La Stratégie de la bactérie – Une enquête au cœur de l’industrie pharmaceutique
Seuil. Paris. 368 pages. 23,50 €
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