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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 19:40

 

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Marianne - Jeudi 8 Novembre 2012 à 12:00 |
Journaliste à Marianne, entre société et culture En savoir plus sur cet auteur

 

Faute d'argent, plus d'un Français sur cinq reporte ou renonce tout bonnement à se soigner. Ce phénomène touche les plus démunis mais aussi les classes moyennes, et inquiète de plus en plus les professionnels de la santé.

 

 

GIRAUD FLORE/SIPA
GIRAUD FLORE/SIPA
Décrocher un emploi n'est pas toujours une bonne nouvelle. Quand il était au chômage, Luc, 43 ans, pouvait se faire soigner. Comme 4 millions de Français, il était bénéficiaire de la couverture maladie universelle (CMU), mais aussi de la CMU-C, une complémentaire gratuite réservée aux personnes dont les revenus n'excèdent pas 661 e par mois ; un plafond, soit dit en passant, très inférieur au seuil de pauvreté (803 euros pour une personne seule). Aujourd'hui, il a décroché un emploi dans une association, mais, revers de la médaille, il a perdu ses droits à la CMU. Et, du coup, il ne va plus chez le médecin, la Sécurité sociale ne couvrant ses dépenses qu'à hauteur de 55 %.

La difficulté d'accès à la santé ne frappe pas seulement les plus démunis, elle touche désormais les classes dites «moyennes». Ces ménages qui ne sont pas éligibles aux aides telles que l'aide médicale de l'Etat (AME) ou la CMU (voir l'encadré, p. 25), mais qui ne gagnent pas assez pour se payer une mutuelle efficace. Selon le baromètre Europ Assistance 2012, 27 % des Français ont renoncé à, ou reporté des soins de santé au cours de l'année. Même constat pour le Centre d'études et de connaissances sur l'opinion publique (Cecop), qui détaille les motifs invoqués : pour 57 % des répondants, c'est le «manque d'argent» qui les a maintenus à distance de leur médecin et, pour 41 % d'entre eux, «parce que le remboursement aurait été insuffisant».

Pour l'UFC-Que choisir, l'inflation des dépenses de santé rend indispensable l'adhésion à une complémentaire. Et c'est bien là que se dessinent les contours d'une médecine à plusieurs vitesses. Bénéficier de la CMU n'ouvre pas toutes les portes des cabinets médicaux. Loin de là. «Si vous dites à la secrétaire que vous êtes à la CMU, elle vous donne un rendez-vous dans trois mois. C'est une façon de vous dire qu'on ne veut pas de vous», estime Ludovic, 36 ans, qui est au revenu de solidarité active (RSA)*. Le motif invoqué par les médecins pour justifier ce non-respect des droits ? Le retard des remboursements par les caisses.

Indispensable mutuelle

Pour tous les autres, ceux qui doivent se débrouiller seuls pour bénéficier d'une mutuelle, l'accès aux soins est fonction de la taille du compte en banque. Quand la carte Vitale ne suffit plus, c'est la carte de crédit qui fait la différence. Car les performances de couverture des mutuelles ou des assurances varient évidemment en fonction de leur coût : pour être bien protégé, il faut y mettre le prix, une mutuelle coûtant en moyenne 481,20 euros par an. «Si on a de quoi payer, on est bien remboursé, dit Marc Paris, du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss). C'est le principe de l'assurance individuelle : certains ménages sont très bien pris en charge, mieux que jamais même, et d'autres sont exclus du système.» Au congrès de la mutualité, le 20 octobre 2012, François Hollande a fait la promesse qu'à l'horizon 2017 tous les Français auront accès à une mutuelle. Pour l'instant, ils sont 8 % à y renoncer.


Pour faire face aux dépenses de santé, certains font appel à des microcrédits auprès des CCAS, les centres communaux d'action sociale. «Beaucoup de nos centres reçoivent des demandes de ce type. Pourtant, à l'origine, ça ne fait pas vraiment partie de nos champs d'action», rappelle Hélène-Sophie Mesnage, de l'Union nationale des CCAS. Un tiers des CCAS estiment que les frais de santé constituent un poste de dépenses que les ménages qu'ils rencontrent renoncent à assumer. Un constat qui les a conduits à accompagner les familles dans leur quête de spécialistes qui ne pratiquent pas de dépassements d'honoraires. Une denrée rare : selon la très récente enquête de l'UFC-Que choisir, 80 % des Français habitent dans une zone où l'accès à un gynécologue ou à un ophtalmologue au tarif de la Sécu est compliqué. Pour 27 % d'entre eux, c'est la consultation d'un simple généraliste qui relève de la mission impossible, surtout dans les grandes villes et en zone rurale.

Le manque de spécialistes pratiquant des tarifs raisonnables révèle une discrimination tout aussi choquante que la barrière financière : pour se livrer à un tel parcours du combattant, il faut avoir le temps d'attendre. Une visite annuelle chez le gynécologue peut, certes, se prévoir longtemps à l'avance, mais certainement pas une affection «surprise». Celui qui doit faire face à un imprévu de santé se retrouve dans la même situation que l'étourdi qui a oublié ses clés en partant de chez lui : faire appel à un serrurier, quel qu'en soit le coût, ou bien rester dehors.

* Cité par Caroline Desprès dans «Le renoncement aux soins pour raisons financières», Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), mars 2012.

 

POURQUOI LES LUNETTES SONT SI CHÈRES

Selon le baromètre Europ Assistance, les Français qui ont reporté des soins, ou y ont renoncé, ont commencé par délaisser d'abord les soins dentaires (19 %) et, immédiatement après, l'achat de lunettes (10 %). Deux secteurs historiquement mal remboursés par l'assurance maladie : chez le dentiste, seul le traitement des caries est pris en charge et, chez l'opticien, la Sécurité sociale couvre environ un douzième des coûts d'une paire de lunettes. Pour financer ses binocles, c'est donc vers les mutuelles que l'on se tourne. Sauf que, même pour les mutuelles, les prix pratiqués par les opticiens, qui margent entre 60 et 80 %, deviennent prohibitifs. Elles sont de plus en plus nombreuses à créer un «réseau d'opticiens partenaires» avec qui elles négocient des tarifs préférentiels. Pour bénéficier du meilleur remboursement, le consommateur doit donc se rendre dans l'une des boutiques «partenaires» de sa mutuelle. Pour les bénéficiaires de la CMU complémentaire, le choix proposé par les opticiens se limite en général à cinq montures. Pour ceux qui ne trouveraient pas leur bonheur dans ce qu'on leur propose, le reste à charge est en moyenne de 165 €. A ce tarif, pas étonnant que beaucoup fassent le choix de rester dans le flou.

Source : Crédoc 2011.

LES AIDES AUX PLUS DÉMUNIS

Aide médicale de l'Etat (AME) : dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d'un accès aux soins. Prise en charge à 100 % des soins médicaux et d'hospitalisation en cas de maladie ou de maternité dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale.

Couverture maladie universelle (CMU) : protection maladie obligatoire pour les personnes qui ne sont pas déjà couvertes par un autre régime obligatoire d'assurance maladie. Le bénéficiaire paie ses dépenses de santé (consultations médicales, médicaments, examens médicaux) et l'assurance maladie rembourse la part obligatoire, également appelée «part Sécurité sociale».

CMU complémentaire : complémentaire santé réservée aux revenus n'excédant pas 661 € par mois. Prise en charge à 100 % de la part complémentaire des dépenses à hauteur de 100 % des tarifs de la Sécurité sociale.

Aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS) : pour les revenus n'excédant pas 874 € par mois. Elle permet d'avoir une réduction de la cotisation à payer à l'organisme de protection complémentaire.
 

 

* Article publié dans le numéro 811 du magazine Marianne paru le 3 novembre 2012

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