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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 12:57

 

Entretien 14/03/2012 à 12h08
Zineb Dryef | Journaliste Rue89

 


L'équipe de France féminine de cyclisme à Doha lors du Tour du Qatar 2010, en le 4 février 2010 (Fadi Al-Assaad/Reuters)

 

Devenu le plus gros investisseur du monde, le Qatar est de plus en plus présent en France. Ce mercredi, Les Echos révèlent que Le Qatar a acquis 2% du capital de Total depuis cet été. Le pays devient le troisième actionnaire du groupe derrière les salariés et le milliardaire belge Albert Frère.

Comment expliquer cette stratégie récente de l'émirat et son intérêt pour la France jusque dans des petites villages corréziens, comme l'a raconté Rue89 ?

Directeur de recherche à l'Iris, Karim Emile Bitar, spécialiste du Proche et Moyen-Orient, décrypte les enjeux que représentent ces millions investis par le Qatar en France.

Rue89 : En France, le Qatar investit dans l'immobilier, les grandes et petites entreprises, la culture, le sport... désormais les banlieues. Pourquoi cet engouement pour notre pays ? De quand peut-on le dater ?

Karim Emile Bitar : Des années 80. Une certaine francophilie règne au Qatar depuis cette période. Le père de l'émir actuel était un dilettante qui avait une prédilection pour la Côte d'Azur.

En 1995, lors d'un voyage du père à Genève, le fils l'a déposé et a pris le pouvoir à la faveur d'une révolution de palais. Le père a alors voulu faire jouer un accord de défense entre la France et le Qatar, qui avait été signé un an auparavant. La France a fait la sourde oreille.

Aux yeux du fils, la France avait, par cette attitude, marqué un très bon point. A contrario, le fils ne pardonnera jamais à Hosni Moubarak d'avoir essayé de soutenir son père.

Mais c'est surtout à partir du milieu des années 2000 que l'on peut parler d'engouement pour la France.

  1. « Une politique arabe “bling-bling” »
  2. Profiter de la crise en Europe
  3. « Un Arabe pauvre est un Arabe »
  4. « Le Qatar ne va pas se défaire des Etats-Unis »

Comment qualifierez-vous cette relation ? Est-elle plus étroite depuis l'élection de Nicolas Sarkozy ?

Oui, elle a pris son véritable envol après l'élection de Nicolas Sarkozy.

L'émir du Qatar fut le premier chef d'Etat arabe reçu en France, dès mai 2007. Il venait d'acheter 80 Airbus au prix fort. Par la suite, Nicolas Sarkozy fera lui-même quatre voyages au Qatar.

Avant, des relations s'étaient créées avec lui lors qu'il était encore ministre de l'Intérieur ; la France formait déjà une partie des cadres du Qatar. Jacques Chirac n'avait pas négligé le Qatar, il y avait même fait une dizaine de visites, mais le courant est, semble-t-il, passé beaucoup mieux entre l'émir du Qatar et Nicolas Sarkozy.

Il existe certains points communs dans les tempéraments des deux hommes : ils sont déterminés, énergiques, prennent les choses à bras le corps et veulent que tout aille vite. Ils aiment bien faire des « coups » diplomatiques ou économiques et ne craignent pas de faire preuve d'autoritarisme ou d'un certain bonapartisme.

Le Qatar voulait rapidement élargir son influence sur la scène internationale et était prêt à s'en donner les moyens. Nicolas Sarkozy voulait avoir des relais dans le monde arabe où il était perçu comme pro-israélien. La complémentarité était évidente.

Economiquement, les deux pays avaient énormément à gagner de ce partenariat. Plusieurs grandes entreprises françaises en ont profité. Le Qatar est intervenu comme intermédiaire dans l'affaire des infirmières bulgares, ce qui a permis à Sarkozy d'enregistrer une victoire médiatique.

Sarkozy voulait aussi prendre le contre-pied de Jacques Chirac et réintégrer Bachar el-Assad dans la communauté internationale. Le Qatar va beaucoup aider à ce rapprochement franco-syrien, qui sera couronné par la venue à Paris d'Assad pour le défilé du 14 juillet 2008, aux côtés de Moubarak et de Ben Ali.

Le Qatar interviendra aussi dans beaucoup d'autres dossiers dans lesquels la France avait des intérêts : l'affaire Gilad Shalit, l'aide à l'Autorité palestinienne, les négociations interlibanaises… Enfin, en 2011, la relation est encore montée d'un cran avec la guerre en Libye.

Globalement, si le bilan économique de la relation est bon, le bilan politique est beaucoup plus discutable. Le soutien du Qatar aux milices libyennes fut très problématique puisqu'on voit aujourd'hui qu'elles refusent de désarmer et cherchent à imposer leurs desiderata idéologiques.

En tout état de cause, le Qatar est aujourd'hui devenu pour la France un partenaire stratégique privilégié et incontournable, le pivot d'une nouvelle politique arabe, une politique arabe « bling-bling ».

 

 

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