Source : www.marianne.net
Mercredi 28 Janvier 2015 à 13:00
Le choix du peuple grec qui, en accordant la victoire à Syriza a marqué sa volonté de rompre avec les politiques d’austérité imposées en Europe, doit être salué.
La dépression dans laquelle la Grèce s’est enfoncée à partir de 2009 traduit certes les limites de son modèle socio-économique, mais surtout le fiasco de la gouvernance économique de l’Europe. Après le choc de la crise financière, l’Europe a refusé d’assurer la solidarité nécessaire aux pays attaqués par la spéculation financière. Pire, elle y a ajouté un choc d’austérité. La Grèce a reçu une aide du FMI, de la BCE, du FESF, mais celle-ci était destinée à lui permettre de continuer à rembourser sa dette pour préserver les banques européennes et américaines de la faillite. L’aide a été conditionnée à des « plans d’ajustement économique » dictés par la Troïka (BCE, Commission européenne, FMI), autrement dit à une austérité dramatique qui a mené au désastre économique et social.
De 2010 à 2014, la baisse du PIB a été de 25%, celle de l’emploi de près de 20%. Le taux de chômage dépasse les 26%. Les salaires ont chuté et la demande intérieure s’est effondrée de plus de 30%. Le taux de pauvreté atteint 36%. Les services publics, les services de santé, les retraites ont été fortement affectés. Quant à la dette souveraine, elle est passée de 103% du PIB en 2007 à 178% aujourd’hui, malgré la décote de 2012. Le remède administré par la troïka a été pire que le mal.
C'est un chemin ambitieux et difficile, mais c'est le seul qui soit porteur d’avenirLe programme économique de Syriza vise à rompre avec ces politiques d’austérité qui ont failli. Face à une situation sociale très dégradée et au développement de la pauvreté, il prévoit une remise à niveau de la protection sociale et des services publics, la création de 300 000 emplois publics ou associatifs, une hausse du salaire minimum, la réduction des impôts des ménages pauvres, la refonte de l’imposition du patrimoine immobilier ainsi qu’un moratoire sur les dettes des ménages surendettés. Il prévoit également de lutter contre l’évasion fiscale, contre la corruption et contre la mauvaise gouvernance.
Au-delà de mesures qui devraient permettre de renouer avec la croissance à court terme, la Grèce est confrontée au défi du développement de ses capacités productives. Elle aura à mettre la politique industrielle, les politiques d’éducation, de formation, d’emploi, au service de cet objectif. Il lui faudra dégager des ressources à long terme, à la fois en interne (via une réforme fiscale) et en mobilisant des financements européens (prêts de la Banque européenne d’investissement notamment). C'est un chemin ambitieux et difficile, qui suppose de lutter contre l'inertie des classes dominantes et de mobiliser la société tout entière, mais c'est le seul qui soit porteur d’avenir.
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