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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 12:37

 

Rue89 - Révolution 27/11/2011 à 10h51
Sid Ahmed Hammouche et Pierre-André Sieber

 

 

Un manifestant blessé est transporté vers un centre médical de fortune près de la place Tahrir (Amr Dalsh/Reuters)

 

Dans l'atmosphère de guerre urbaine qui a régné ces derniers jours au Caire, des médecins égyptiens ont dressé de vrais hôpitaux de fortune sur la place Tahrir. Nous avons pu les joindre au téléphone.

Au cœur de l'affrontement, Mohamed Hassan, responsable de l'hôpital de la révolution du Maydan-al-Tahrir, a joué les Henri Dunand. Un croissant rouge sur le dos, il organisait le ballet des blessés :

« Nous avons quitté nos cabinets pour sauver des vies. La situation est catastrophique. Il y a trop de blessés. L'armée commet un véritable massacre. Volontairement, les policiers visent la tête et les yeux.

Ils provoquent les jeunes en leur disant qu'ils veulent les aveugler pour qu'ils ne voient jamais cette liberté au grand jour.

Certains blessés refusent de rester à l'hôpital. Dès qu'ils se sentent en forme, ils repartent à l'assaut, de peur que les forces de l'ordre ne gagnent du terrain. »

Au cœur de la place Tahrir, Asmaa, femme médecin, énumèrait de son côté les besoins. Valium, analgésiques, compresses :

« Chaque dix secondes, on enregistre une nouvelle victime. Le gaz employé par l'armée est très toxique. Il provoque des paralysie du système nerveux qui peuvent durer de trois à vingt-quatre heures ! C'est démentiel.

Nous avons également des gens qui sont touchés par des balles réelles. »

Les blessés sont privés de soins

Mais ce qui inquiètait les médecins contactés, c'est le nombre de victimes qui ne cessait d'augmenter. Selon un recensement non officiel, on parlait d'une soixantaine de morts en quatre jours. Du côté officiel, l'Etat dénombre 41 victimes et plus de 3 000 blessés.

Pour Hiba, médecin bénévole, l'Etat ne recense que les victimes qu'il a enregistrées, et certains corps sont toujours dans des morgues improvisées. Reste à établir leur identité.

Face à cette réalité macabre, un élan de solidarité a mis un peu de baume dans ce climat de violence urbaine.

Les gens ont transporté les blessés, offert des médicaments, des couvertures, de la nourriture, de l'eau. Certains ont même formé un mur humain pour protéger les blessés jonchant le cœur de la place.

Pourquoi les blessés n'ont pas été transportés vers les hôpitaux de la capitale ? Hiba répond :

« Si vous le faites, les forces de sécurité arrêtent les gens et les mettent en détention. »

Une unité de soins dans une église

Les réseaux sociaux à la rescousse

Sur Twitter, le groupe Spincairo livrait les contacts pour les dons de sang. Une autre internaute annonçait sa venue sur la place Tahrir avec des fournitures, demandant de sécuriser le passage. Une autre encore organisait une collecte de matériel médical de base, indiquant les points de livraison.

Eman Yousry lançait un appel : « Devant le McDonald de Merghany maintenant, nous réunissons des dons et du matériel médical. Nous avons besoin de véhicules pour les transporter. » Ailleurs, on apprend que l'hôpital dans la mosquée Omar Karam cherche un médecin anesthésiste, un chirurgien et un neurologue de toute urgence.

Dans les abords de la place, un fast-food américain a été transformé en dispensaire.

Dina, une infirmière, enregistrait les nouveaux blessés tout en jetant un coup d'œil à son Blackberry pour coordonner les opérations entre les quatre points de secours :

« Il y a deux unités au cœur de la place. Il y a un centre à côté du fast-food Hardees, un autre dans les locaux de KFC, un autre encore dans la mosquée Omar Karam où sont opérés les cas les plus graves.

Aujourd'hui, on a ouvert une unité dans l'église anglicane à deux pas de la mosquée. »

De la mosquée Omar Karam, Amir, un ophtalmologue, criait au téléphone pour couvrir les cris « des martyrs d'Al Tahrir », quand nous l'avons joint :

« Beaucoup de blessés au visage et dans les yeux. Je travaille depuis bientôt trois jours sans dormir.

J'ai le patient dans une main et mon smartphone dans l'autre. Je lance des appels sur Twitter et Facebook pour recevoir des fournitures médicales. »

Ce qui touche le plus le praticien, ce sont les gens pauvres vidant leurs pharmacies pour aider les victimes. Combien sont-ils, ces blessés ? Des milliers, confirme Mohamed Hassan, débordé :

« Non seulement les révoltés, mais aussi les habitants des quartiers alentour qui, depuis quatre jours, reçoivent une pluie de gaz et sont touchés par des balles perdues. On recense plus de 2 000 blessés dans un état critique. »

Et soudain le médecin de s'écrier au téléphone : « Du sang ! On a besoin de donneurs ! »

« On nous fait passer pour des anarchistes »

Activiste de la révolution, Mahmoud Al Rakhm souhaite la chute du maréchal Tantaoui et le retour du pays aux mains des civils :

« La télévision de l'Etat nous fait passer pour des anarchistes et des ennemis de l'Egypte et nous accuse de saboter les législatives. »

Avec une répression qui dépasse celle de Moubarak, le militant se demande comment faire confiance à l'armée et comment elle peut garantir dans ce climat de terreur des élections démocratiques. Qui croit à ce régime qui veut confisquer la révolution ?

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