Du combustible MOX contenant du plutonium, très radioactif et controversé, se trouve depuis mercredi 2H35 à Cherbourg, en attente d’un départ dans la journée pour le Japon, après avoir été acheminé par un convoi terrestre sous haute surveillance et sans encombre parti de l’usine Areva de Beaumont-Hague.
Le chargement a démarré vers 6H30 et devrait s’achever vers 9H00, a indiqué à l’AFP Dominique Louzeau, un des responsables du transport d’Areva, sans préciser les quantités de MOX.
Selon Greenpeace, il s’agit d’un peu plus de 10 tonnes de combustible MOX ,soit 650 à 800 kg de plutonium, «le plus grand radiotoxique du monde» qui peut servir à fabriquer des bombes.
Vers 8H30, deux des trois emballages étaient chargés sur le Pacific Egret, un navire spécialisé de la compagnie britannique PNTL, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le bateau naviguera de conserve avec un navire similaire, le Pacific Heron, également à quai à Cherbourg mercredi matin.
Un peu plus tôt, dans la nuit, une trentaine de militants de Greenpeace arborant des pancartes «Stop plutonium» ont déclenché une sirène le long d’une route au passage du convoi peu avant son arrivée sur le port, escorté par des dizaines de fourgons. Une trentaine de CRS s’étaient, peu avant, positionnés entre les militants et la route, a constaté une journaliste de l’AFP.
Selon le groupe nucléaire Areva, le MOX est un combustible qui permet de «recycler» le plutonium produit lors de l’irradiation de combustibles classiques (composés uniquement d’uranium) dans les centrales nucléaires. Et il est, selon lui, «quasi impossible» de fabriquer une bombe avec son plutonium.
Le combustible voyage dans des emballages «d’une grande robustesse (chaque emballage pèse 98 tonnes à vide pour 10 tonnes de matière transportée)», a souligné Areva.
Premier convoi depuis Fukushima
Selon Greenpeace, les bateaux sont équipés chacun de deux canons 30 mm, et une trentaine d’hommes d’une force spéciale britannique seront chargés d’assurer leur sécurité. Les Etats-Unis suivent également discrètement le transport puisque les matières fissiles japonaises sont sous leur contrôle.
Le convoi maritime doit durer environ 65 jours, selon Greenpeace.
Selon une source proche des forces de l’ordre, plus d’un millier d’hommes étaient mobilisés pour le parcours terrestre.
Un collectif antinucléaire connu pour avoir déjà fortement perturbé un convoi avait un temps menacé de bloquer ce MOX.
Et la justice avait, sur requête d’Areva, interdit à quiconque d’approcher du convoi sous peine d’une sanction de 75.000 euros.
Lundi matin, huit à dix personnes ont été mises en fuite après s’être introduites sur la zone du port, interdite au public, où le MOX doit être chargé.
Ce premier convoi de MOX vers le Japon depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011 est vivement critiqué par Greenpeace, Sortir du nucléaire et Europe Ecologie les Verts qui en avaient demandé l’annulation.
Il était initialement programmé en 2011 mais avait été «reporté» en raison de la catastrophe de Fukushima.
Il s’agit du 5e convoi de MOX vers le Japon, le premier ayant eu lieu en 1999. Selon Greenpeace, les quantités sont nettement moindres que par le passé.
«Cette expédition est une manière grossière et autoritaire pour la France de dire au Japon: +redémarrez vos centrales nucléaires!+», a estimé Sébastien Blavier, chargé de campagne énergie pour Greenpeace.
«Il serait naïf et présomptueux de croire que la France peut contraindre le Japon à réaliser un transport de ce type», a déclaré Julien Duperray, porte-parole d’Areva lors d’une conférence de presse dans la nuit à Cherbourg.
La cargaison est destinée à la centrale de Takahama, selon Kansai Electric client de cette cargaison. Greenpeace affirme que la centrale ne va pas redémarrer avant mars 2015.
Seuls deux des 50 réacteurs japonais sont actuellement exploités mais le gouvernement libéral démocrate (droite), au pouvoir depuis décembre, est revenu sur la promesse de son prédécesseur de centre gauche de sortir du nucléaire.
Les opposants au transport déplorent en outre que celui-ci intervienne au moment où les tensions sont vives entre la Corée du Nord et le Japon.