Le Monde.fr avec AFP | 13.11.2012 à 16h22 • Mis à jour le 13.11.2012 à 17h12
Le gouvernement britannique a promis mardi 13 novembre de sévir s'il était avéré que de grands groupes ont manipulé le marché du gaz. "Nous soutiendrons les régulateurs afin qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que la loi soit appliquée dans toute sa force", a déclaré le secrétaire d'Etat à l'énergie Edward Davey devant les députés.
Les preuves rassemblées dans le cadre de ces enquêtes sur de possibles manipulations des prix de la part de grandes compagnies d'énergie en Grande-Bretagne pourront être utilisées dans le cadre de poursuite pénales ou civiles.
"La violation des règles du marché est toujours une mauvaise chose, mais en cette période où les ménages et les entreprises se débattent face à des factures énergétiques élevées, le pays peut attendre de nous que nous prenions des mesures fermes si ces allégations s'avèrent fondées - et c'est ce que nous allons faire", a déclaré M. Davey.
Le responsable gouvernemental a également appelé les témoins d'éventuelles manipulations à apporter des preuves aux enquêteurs, leur promettant la protection de leur anonymat si nécessaire. Le gouvernement britannique se félicite d'avoir par le passé "fourni aux régulateurs les pouvoirs nécessaires pour faire face aux violations des règles des marchés".
EXAMEN D'UN ABUS DU MARCHÉ
L'Autorité britannique des marchés financiers (FSA) a annoncé son intention d'enquêter sur de possibles manipulations sur le marché du gaz de la part de grands groupes d'énergie en Grande-Bretagne, après des informations publiées en ce sens par le journal The Guardian. "Nous pouvons confirmer avoir reçu des informations concernant le marché physique du gaz que nous allons analyser", a affirmé la FSA.
The Guardian avait indiqué dans son édition de lundi 12 novembre que l'autorité de régulation britannique enquêtait sur des plaintes de manipulations des prix de la part de certains grandes compagnies d'énergie en Grande-Bretagne. Le journal relève que ce scandale rappelle l'affaire de manipulation de taux interbancaires comme le Libor, qui a éclaboussé le secteur bancaire dans le royaume.
Elle intervient également quinze jours après que Barclays a annoncé être concernée par une autre enquête, concernant son activité de courtage d'énergie dans l'ouest des Etats-Unis, entre fin 2006 et 2008.
"Etant engagés à appliquer la nouvelle réglementation européenne destinée à lutter contre les abus du marché, nous allons examiner attentivement toute preuve portant sur des abus du marché qui sont portés à notre connaissance et nous agirons en conséquence", a indiqué un porte-parole d'Ofgem, qui "a déjà activé ses procédures habituelles pour examiner l'information en sa possession".
REJET EN BLOC DES ACCUSATIONS
Les grandes compagnies d'énergie ont rejeté l'accusation. Un porte-parole de ScottishPower (Iberdrola) a indiqué que le groupe "n'a jamais tenté de fixer les prix de gros sur les marchés du gaz". "Notre division marché a toujours agi avec intégrité et respecté toutes les règlementations dans nos engagements sur les marchés", a-t-il dit.
Un porte-parole de British Gas (Centrica) a pour sa part souligné que sa compagnie s'est toujours pliée aux directives de l'Union européenne et de Grande-Bretagne.
En octobre, le premier ministre britannique David Cameron avait annoncé une prochaine loi pour contraindre les groupes énergétiques à offrir les meilleurs tarifs à leurs clients, alors que les prix du gaz et de l'électricité explosent pour les ménages britanniques.
Les fournisseurs d'énergie sont accusés d'avoir des grilles tarifaires opaques. Des groupes comme British Gas, Scottish Power ou encore Npower (RWE) ont ainsi annoncé récemment des hausses de leurs tarifs, bien au-delà de l'inflation, invoquant la hausse des coûts de l'énergie.