Réputé être le peuple qui se plie frileusement à l’autorité, le Japonais peut, lui aussi, s’indigner.
Réveillé par la catastrophe de Fukushima, le « pays du consensus » est en colère contre ses élites. L’origine de ce malaise latent de l’opinion nippone : les mensonges des gouvernants qui ont minimisé les risques et les répercussions de la catastrophe.
Symbole de ce que les Japonais pensent être la limite d’un modèle de développement basé uniquement sur les technologies, Fukushima est un véritable électrochoc pour une partie de l’opinion nippone, qui demande de plus en plus le respect des principes démocratiques.
A l’instar du prix Nobel de littérature 1994, Kenzaburo Oé, réalisateur d’une campagne, « Adieu au nucléaire », qui réunit 5 millions de Japonais, « le drame de Fukushima nous convie à ne pas juger le nucléaire en termes uniquement économiques mais éthiques. »
Alors qu’une manifestation réunissant 110 000 personnes s’est tenue à Yokohama permettant d’adopter une déclaration « pour un monde libéré du nucléaire », l’Etat nippon et Tepco – compagnie d’électricité de Tokyo, propriétaire de la centrale de Fukushima – sont désormais les cibles de critiques acerbes des mouvements de protestation. Ceux-ci exigent le respect du droit des victimes, ainsi qu’un calendrier précis de sortie de l’atome et une interdiction de vente de réacteurs au-delà des frontières du pays du « soleil levant ».
Le politologue Yoshikazu Sakamoto, professeur à Todai – université de Tokyo – résume ainsi la situation dans laquelle se trouvent ses concitoyens « Les Japonais doivent renoncer à un mode de développement fondé sur une arrogance prométhéenne ».
La grogne japonaise peut-elle mener à un bouleversement politique ?
commenter cet article …