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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 17:24

 

ouest-france.fr

  samedi 25 août 2012

320 pylônes sur 160 km entre Saint-Sébastien-de-Raids (Manche) et Beaulieu-sur-Oudon (Mayenne). La ligne très haute tension (THT) taille sa route dans la campagne où elle plante ses chandeliers. Il y a un os. Un os en forme de village : Le Chefresne.

Le coin est bossu et touffu. Il n'y a rien de plat au Chefresne : « Ici c'est trois vallées, point barre. » Tout a du relief : les paysages, les gens. Les gens sont même du genre haut perché.

Dans le bois de la Bévinière, d'intrépides alpinistes campent à 8 m sur des plateformes dans les arbres, pour protester contre la THT. Et attendent de pied ferme qu'on vienne les en déloger. Ils ont essuyé un printemps glacial, un été humide mais campent toujours. Ils sont coriaces, les jeunes écureuils.

Coriace aussi Martine Leroy. Haut perchée pareillement : l'agricultrice passe une partie de ses journées au bout de la fourche déployée de son tracteur. La THT surplombera sa ferme sur 1 km : « On me saccage mon outil de travail qui devient invendable. » Martine Leroy, déterminée à ne pas vivre sous 400 000 volts, avec ses vaches, sous le futur pylône 227. Le terrain reste donc inaccessible aux constructeurs de pylônes.

Claude Osmond, son compagnon, y a lâché un taureau noir irascible et sanguin qui fonce sur tout ce qui bouge. Au Chefresne, engraisse le seul taureau à meugler « Mort aux vaches ! ». Tous les jours, des connaissances passent voir la courageuse Martine. Quand ils s'en vont, ils envoient un texto énigmatique aux copains : « Cendrillon toujours dans son godet. » Comprendre : toujours dans son tracteur.

Ainsi va la vie au Chefresne, 305 habitants, tête d'épingle d'une Normandie de carte postale, à la verdure grassouillette, aux collines peignées comme un tweed anglais, le damier de haies vives dessinant une marqueterie chlorophyllée. Pourquoi la ligne THT (rebaptisée par des ricaneurs en « ligne t'es acheté ») bute-t-elle ici ? RTE, la filiale d'EDF, a pourtant mis le paquet. Jamais, dans l'histoire de l'énergie, on avait autant accompagné financièrement un tel ouvrage. Le chantier de 350 millions d'euros arrose généreusement. Et achète même les maisons situées à moins de 100 m du passage de la ligne.

Le Chefresne dispose ainsi d'une coquette promesse de dotation de 197 518 €. Que la commune, au modeste budget de 150 000 €, refuse tout net : « Pas d'argent de la corruption chez nous. »

« Cendrillon toujours dans son godet »

C'est là où il faut faire connaissance avec Jean-Claude Bossard. Bossard le trublion, l'ancien boulanger-pâtissier au sourire en forme de croissant. Bossard, l'original, le non violent, l'inflexible, le voyageur parti à 14 ans, revenu au pays, élu maire à la surprise générale en 2001. Et qui s'y révèle un écologiste « plein d'idées, de bon sens, cohérent ». Il interdit les pesticides, les OGM. Il recouvre le toit de l'église de panneaux solaires : « EDF nous achète 12 000 € de courant chaque année. Je ne me contente pas de refuser la ligne qui part de l'EPR de Flamanville. Je ne suis même pas client. »

Pour le rouleau compresseur nucléaire, habitué à plus de docilité en Manche, le département français le plus atomisé de France, l'adversaire est redoutable car ingérable, insaisissable, inventif. Il a de la moelle, de l'instinct et des nerfs. Début juin, voyant débarquer sept voitures de gendarmerie, Bossard se voit emmener manu militari pour une nuit de garde à vue, ceint de son écharpe tricolore. C'était le 6 juin.

Le 6 juin, d'ordinaire en Normandie, on débarque. Lui, il est embarqué. Il en rit encore. Mais un peu jaune : « La France donne des leçons de démocratie au monde entier ? Moi, j'ai vu que notre démocratie est bien malade. J'en ai démissionné. Comme un joueur de foot qui quitte le terrain parce que l'arbitre triche. »

Depuis, Le Chefresne ne compte plus qu'un élu en place. Des élections sont prévues le 9 septembre mais il n'y a aucun candidat déclaré. Le 9 septembre, Jean-Claude Bossard sera aux abonnés absents : « Je serai en Bolivie, sans téléphone portable. » Il a en tête un tour du monde lent et curieux. Il disparaît du paysage. Ce qui chagrine un peu Laurent Lhermitte, le précieux correspondant d'Ouest-France, en poste depuis 48 ans : « C'est un peu mon fonds de commerce qui s'en va. »

Quand on quitte Le Chefresne, on croise d'étranges et belles ruines : un temple protestant. Oui, en 1553, le seigneur des lieux avait été conquis par les idées nouvelles et épousé la religion protestante. Protestants, au sens civil du mot, ils le sont restés un peu, beaucoup...

François SIMON.
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