Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 30.09.2012 à 12h22
Tabac à rouler ou cigarettes manufacturées, tous les produits du tabac vont augmenter d'au moins 6,5 % lundi 1er octobre en France, et plus aucun paquet ne sera vendu à moins de 6,10 euros, ce qui représente la hausse la plus importante depuis 2003-2004. Dès lundi, tous les paquets de cigarettes seront vendus 40 centimes plus cher. Les marques premier prix (Gauloises Blondes), seront à 6,10 euros. La marque la plus vendue (Marlboro, près de 25 % de parts de marché) sera vendue 6,60 euros. Pour le haut-de-gamme, il faudra débourser plus de 7 euros. Le paquet de tabac à rouler de 30 grammes augmente lui de 60 centimes, avec un prix plancher à 6,45 euros.
Si une hausse des prix avait été prévue par l'ancien gouvernement puis confirmée par le nouveau, l'augmentation arrondie à 40 centimes pour les cigarettes et à 60 centimes pour le tabac à rouler, va au-delà des 6 % annoncés. Pour les cigarettes, la hausse varie de 6,5 % à 7 % suivant les marques et, pour le tabac à rouler, elle dépasse 10 %. Ces augmentations pourraient rapporter un milliard d'euros supplémentaires à l'Etat, à volume de ventes constant. En 2011, le tabac, taxé à 80 %, a rapporté 13,8 milliards d'euros aux finances publiques.
D'AUTRES HAUSSES ATTENDUES ?
Le ministre délégué au budget, Jérôme Cahuzac, n'exclut pas de nouvelles hausses du prix. "Il ne faut d'ailleurs pas nier le rôle de la fiscalité pour inciter à des comportements plus vertueux", a-t-il déclaré sur i>Télé, ajoutant : "Il est hautement probable que, dans les cinq années qui viennent, le prix du tabac augmente dans le cadre de politiques de santé publique." La présentation, lundi, du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pourrait aussi être l'occasion pour Jérôme Cahuzac de détailler ses projets de révisions de la structure de la fiscalité sur le tabac. En juillet, au Sénat, il avait indiqué vouloir entamer "une réflexion sur les droits du tabac", notant que "toute hausse du prix du tabac favorise les produits de moindre qualité et les moins chers, dont on dit qu'ils sont les plus nocifs".
De leur côté, les associations anti-tabac jugent insuffisante la hausse du 1er octobre. Le Pr Yves Martinet, président du groupement Alliance contre le tabac, demande des augmentations "importantes et brutales avec une cassure dans le prix". "Si c'est une hausse très progressive comme durant les cinq dernières années, cela a peu d'effet sur la consommation", a-t-il expliqué. Depuis 2003, plusieurs hausses successives se sont traduites par un renchérissement du paquet d'environ 40 %.
REPORT D'ACHAT VERS LES BURALISTES FRONTALIERS
Pour les buralistes en revanche, la hausse est trop forte, puisqu'elle accroît encore la différence de prix avec l'Espagne où la marque phare est à 4,25 euros, mais aussi avec l'Allemagne (5,16 euros) la Belgique (5,05 euros), l'Italie (4,90 euros) et le Luxembourg (4,40 euros). Cela risque de se traduire par un déport des achats des fumeurs français vers les buralistes étrangers, ou vers du tabac de contrebande. Déjà 20 % des cigarettes fumées en France n'ont pas été achetées légalement dans l'Hexagone.
Au Luxembourg, les buralistes ont constaté une augmentation de fumeurs français venant faire leurs provisions. "Ils viennent évidemment de Lorraine, d'Alsace, mais aussi de Champagne-Ardenne et de Franche-Comté : à chaque hausse du tabac en France, on a un gros rush, constate une responsable de la station-service de Berchem. Dans une autre statio frontalière, à Frisange, la vendeuse estime à "10 % de fréquentation de Français en plus à chaque fois qu'il y a une hausse des prix en France". En 2011, le ministre des finances luxembourgeois, Luc Frieden, indiquait que "le taux de cigarettes vendues aux non-résidents se situe entre 85 et 90 %", ce qui représente environ 400 millions d'euros de recettes pour le Grand-Duché