Selon l’accord dévoilé mercredi 5 décembre au soir par communiqué, pour accompagner la sortie de Lagardère du capital, EADS va puiser dans sa trésorerie pour racheter 15% du capital. Entre un tiers et la moitié du programme (entre 5,5% et 7,5%) est réservé au rachat d’actions détenues par Lagardère Group, un des membres (avec Daimler et l’Etats français) du pacte d’actionnaire qui gère actuellement l’entreprise. Lagardère va donc avoir droit à un « golden parachute » estimé entre 1,2 milliard d’euros et 1,7 milliard d’euros. L’entreprise s’appauvrit donc pour que Lagardère la quitte, puisque la réorganisation est justement faite pour lui permettre de sortir, ainsi qu’à l’allemand Daimler. On aura tout vu dans le monde de la finance sans vergogne !
De plus Lagardère actionnaire n’a pas rendu d’éminents services à l’entreprise aéronautique. Le scandale de l’Airbus A380 en 2006, et la dommageable affaire de soupçons de délits d’initiés qui s’ensuivit est, entre autres, dû, à l’incapacité d’Arnaud Lagardère à la concurrence entre hauts cadres venus de Lagardère, Noël Forgeard et Philippe Camus. A l’époque Arnaud Lagardère avait dit : « je préfère passer pour un incompétent que pour un malhonnête… »
Voici donc l’incompétent (la justice a tranché : il n’est pas malhonnête) Arnaud Lagardère couvert d’or par EADS. Sa prime de départ va lui permettre de d’améliorer le bilan désastreux de son propre groupe de médias et de distractions sportives, Lagardère Active.
Pour rappel, le programme de rachat d’actions, au total, représente près de 30% de la trésorerie de l’entreprise. Or cette trésorerie est nécessaire, car elle qui permet de payer les fournisseurs, voire aussi, de leur faire crédit quand les banques se retirent, ce qui avait été le cas en 2009.
Le plus étonnant de cette histoire est le silence du gouvernement français, qui a tous les moyens de s’opposer à un tel fric-frac légal auquel la gauche est, par doctrine, opposée ! Il sera intéressant d’entendre l’avis de Pierre Moscovici. Il paraît qu’il est ministre de l’économie… A moins que Bercy se soit fait embobiné par le petit susucre glissé dans l’accord à son intention. Il est écrit que la Sogepa (société qui porte les actions de l’Etat dans EADS), aura droit elle aussi de profiter du rachat des actions, pour près de 400 millions d’euros.
On voit venir l’argument : l’Etat comme Lagardère profitera du pactole d’EADS, et comme les temps sont difficiles…. Certes, mais il ya une différence de taille : l’Etat demeure au capital pour soutenir le développement de l’aéronautique européenne. Lagardère, lui, se barre, avec une partie de la caisse.