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14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 13:06

 

Rue89 - Tribune 14/03/2012 à 11h35
Antoine Chopin | Inside Electronic Pipo
Envoyer l'article par emailC'est connu : qu'on fasse une recherche sur Google ou qu'on se serve de réseaux sociaux, nos données personnelles sont collectées, notamment à des fins commerciales.

Les Etats peuvent également s'en servir à des fins judiciaires. A cela, la réponse est souvent la même :

« Peu importe que Facebook ou Google connaissent mes goûts musicaux ou mes opinions ! »

« Je n'ai rien à me reprocher. »

Pourtant, le problème n'est pas là et va beaucoup plus loin : la collecte des données personnelles atteint des proportions très importantes (identité, goûts, opinions, croyances, géolocalisation…), elle est peu régulée et le fichage constant des citoyens met en péril la présomption d'innocence.

Vers un outil de gestion des populations ?

Le décloisonnement de la vie privée : le profilage devient permanent

La collecte de données est passée depuis quelques années à un stade plus avancé de regroupement d'informations en créant des passerelles entre toutes les occupations de l'internaute qui étaient jusque-là cloisonnées. Exemples : les sites équipés de plug-ins Facebook (notamment la connexion avec son compte Facebook et le bouton « J'aime ») et Twitter, ou la géolocalisation dont les smartphones sont équipés.

Cette collecte permanente et vaste de détails anodins aboutit à la création de profils extrêmement précis des utilisateurs : il est non seulement possible de connaître les goûts, tendances politiques et religieuses, relations, achats, occupations d'une personne, mais aussi ses déplacements (virtuels et physiques), ses horaires ou ses modes de transport.

La vie de l'individu moderne, jusqu'ici caractérisée par le cloisonnement tant horaire que spatial de son quotidien, est donc rendue accessible et lisible facilement.

Chez Google, ce décloisonnement vient d'être officialisé par leurs nouvelles politiques de confidentialité : les données personnelles collectées par les différents services de Google seront désormais réunies en une seule base de données. La publicité selon votre géolocalisation exacte (smartphone) sur votre ordinateur, c'est pour bientôt.

Les enjeux d'un profilage constant

Nombreux sont ceux qui, en ayant conscience de ces changements, n'y accordent pas réellement d'importance. Les arguments abondent pour soutenir une telle opinion. Avec deux clichés qui reviennent le plus souvent.

  • Cliché 1. « Mes données enregistrées sur Internet ne sont pas sensibles, peu importe qu'elles soient conservées par tel ou tel organisme. »

Bien au contraire. Une fois un fichier mis en place, il ne reste plus qu'à espérer qu'il ne serve jamais à autre chose que le but initial pour lequel il a été conçu, et c'est un vœu pieu.

On l'a déjà vu avec les fichiers policiers en France : on commence par créer un fichier à but non judiciaire, puis le gouvernement suivant change sa politique et décide de le recouper avec des fichiers policiers. Les informations collectées, jusque là inoffensives, deviennent une arme contre les citoyens.

Or, c'est exactement la même chose avec Facebook : aujourd'hui, les informations dorment tranquillement dans des bases de données mais demain, telle ou telle officine peut très bien faire pression sur le réseau social et mettre la main dessus. Si ce n'est pas déjà fait.

Les possibilités sont d'autant plus importantes que le fichage étatique gagne en vigueur, comme le présage le projet de loi française instaurant un fichier des « gens honnêtes ».

  • Cliché 2. « Les comportements que l'on veut cacher sont forcément des comportements malsains. Les gens honnêtes n'ont pas à avoir peur de la surveillance. »

Cette idée semble avoir la vie dure, et malgré l'histoire chargée qui est la sienne, on la retrouve dans la bouche de presque tous ceux qui se targuent de faire respecter la vie privée. Ainsi selon Eric Schmidt, ancien PDG de Google :

« Si vous avez quelque chose que vous ne voulez pas que les autres sachent, ne le faites pas. »

Cette phrase est une négation de la vie privée, puisqu'elle insinue que toute information que l'on veut garder pour soi est une information immorale ou illégitime.

Or c'est à dans l'essence même de notre régime des libertés de pouvoir choisir d'entretenir sa sphère privée loin des regards intrusifs de ses voisins, de l'Etat ou du monde des affaires. L'argument que les gens honnêtes n'ont rien à craindre d'une surveillance constante a été utilisé presque chaque fois qu'il a fallu faire passer des mesures intrusives pour la vie du citoyen.

Il est d'autant plus immonde qu'il pousse l'individu à censurer son comportement privé au nom d'une prétendue morale collective.

« Regardez-moi » : le paradoxe des réseaux sociaux

Il est cependant évident que cette récupération massive des données n'est pas réalisée de manière autoritaire. C'est en effet tout le paradoxe des réseaux : on voit les usagers adopter successivement des attitudes et des opinions contradictoires.

Tout en protestant contre le non-respect de leur vie privée, les internautes participent joyeusement au décloisonnement de leurs informations personnelles et à leur collecte.

Pour autant, cela signifie-t-il que la protection de la vie privée est un combat qui doit être abandonné sous prétexte que les internautes l'auraient, après tout, bien cherché ?

Certainement pas. Il serait temps de faire enfin appliquer les principes fondamentaux de notre régime des libertés publiques, réaffirmés par le droit européen, mais toujours pas imposés aux organismes comme Facebook ou Google.

Messages privés, courrier électronique... la vie réellement « privée »

Au delà des données à caractère personnel, il faut également s'interroger sur la communication réellement privée – qui n'est destinée à aucun tiers que ce soit, entreprise ou particulier. Comme les messages instantanés, les messages privés, les courriers électroniques ou les conversations audio privées. Comment accepter qu'une entreprise comme Facebook conserve tous les messages privés et tous les e-mails ?

Il y a déjà plusieurs mois, un utilisateur de Facebook a demandé à l'entreprise de lui communiquer toutes les données qu'elle avait conservées sur lui, en vertu de la directive de l'Union européenne à ce sujet. Le résultat est frappant : le fichier PDF rendu contient une quantité astronomique d'informations, dont l'ensemble des messages privés envoyés et reçus, supprimés ou non par l'utilisateur.

Concrètement, cela signifie que tous vos messages privés, notamment, sont conservés dans la base de donnée de Facebook, sans qu'ils puissent être supprimés.

La messagerie instantanée n'est pas épargnée : c'est sur des conversations Skype que reposent par exemple une grande partie des accusations vis-à-vis de Kim « Dotcom » Schmitz. Il n'échappera donc à personne que les communications privées, malgré l'engagement des entreprises, peuvent être consultées grâce aux outils d'espionnage adéquats.

Plus problématique : les historiques de conversation

Il existe ainsi des moyens légaux d'espionner des conversations ou de consulter des e-mails : c'est du moins le cas aux Etats-Unis, où la compagnie Yahoo a même créé un guide pour les autorités publiques expliquant quelles données sont conservées, combien de temps, ainsi que comment y accéder.

Le plus problématique n'est encore pas la possibilité qu'a l'Etat d'espionner des conversations, mais plutôt de consulter des historiques de conversation (par exemple les messages privés conservés sur Facebook). Ces messages privés ne devraient pas être initialement stockés : ils concernent uniquement les citoyens et leurs interlocuteurs.

Un citoyen doit avoir le droit de supprimer ce type de contenu s'il le désire, quelle qu'en soit la raison. Nos courriers, nos messages, nos conversations n'appartiennent ni à Facebook, ni à l'Etat, ni à qui que ce soit d'autre que l'émetteur et le(s) destinataire(s).

L'Union européenne n'est heureusement pas dotée du Patriot Act américain, qui autorise le FBI à exiger l'accès aux données personnelles collectées par des groupes privées, sans supervision judiciaire. Mais le droit en la matière reste flou, incomplet, et a déjà posé problème en raison de l'hégémonie américaine sur Internet.

Pour cette raison, nous pensons que le droit doit être renforcé, à la fois pour limiter la collecte des données personnelles et pour limiter l'utilisation par les Etats de ces données. Le « droit à l'oubli », proposé dans une nouvelle directive européenne, doit également être plus qu'envisagé.

 

 

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