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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 16:13

 

 

Mediapart


|  Par Martine Orange

 

 

Le rapport du FMI sur la situation en Grèce est encore plus accablant que d’habitude. Pour aider Athènes à surnager, les pays européens devraient lui accorder une nouvelle restructuration et renoncer à, au moins, 7,8 milliards de prêts.

Au lendemain de l’autorisation de paiement d’une nouvelle tranche de crédits (4 milliards d’euros) accordée à la Grèce, la commission européenne s’était voulue rassurante. Le plan de sauvetage était parfaitement sur les rails, avait assuré un de ses porte-parole le 27 juillet. Toutes les rumeurs disant qu’il manquait au moins 4 milliards d’euros pour stabiliser la situation financière du pays étaient infondées, avait-il poursuivi. L’important était que le gouvernement grec tienne ses engagements, supprime les 35 000 fonctionnaires publics, accélère les privatisations et les réformes structurelles, avait-il conclu.

Trois jours plus tard, le Fonds monétaire international (FMI) fait éclater le discours lénifiant de l’Europe sur la Grèce. Selon son dernier rapport publié le 31 juillet, il manque 11 milliards d’euros (4,4 milliards cette année, 6,6 l’an prochain) pour que la situation de la Grèce soit viable.

Comment expliquer une telle différence ? Comme à l’habitude depuis le début de la crise européenne, les scénarios ont tous péché par excès d’optimisme. L’activité a plongé beaucoup plus que prévu, la montée du chômage (27,7 % en juin) reste beaucoup plus forte qu’attendu, les rentrées fiscales sont moins fortes qu’espéré, les dépenses sociales, malgré des réductions massives, plus élevées qu’escompté. Bref, aucun des critères retenus n’est respecté : la déflagration de l’économie grecque ayant fait exploser tous les schémas connus.

À cela s’ajoutent les reproches traditionnels faits au gouvernement grec sur sa lenteur à réformer l’administration, à privatiser. Sans compter des inconnues, pudiquement passées sous silence, mais dont l’évolution pourrait lourdement peser, comme le nettoyage des banques grecques.

À ce stade, le FMI pense qu’il n’est plus possible de se voiler la face : rien ne marche comme il convient et il est urgent de changer de logiciel, selon lui.

Un rapport interne qui avait fuité en juin avait déjà souligné les erreurs du plan de sauvetage concocté par la Commission européenne, le FMI et la BCE. Il pointait notamment l’erreur magistrale d’avoir fait reposer l’ensemble de l’ajustement économique sur la seule dévaluation interne (baisse des coûts, des charges, des salaires, des dépenses publiques) au lieu d’accepter rapidement une restructuration de la dette grecque. « Une restructuration plus rapide de la dette aurait diminué le fardeau de l’ajustement en Grèce et permis de diminuer les effets dramatiques de la récession. » Cette politique, soulignait-il alors, avait conduit à imposer une charge exorbitante à l’économie et à l’emploi.

La nouveauté est que le FMI assume désormais publiquement ce qu’il disait hier en coulisses. Il regrette à nouveau que la politique d’austérité imposée ait conduit à une récession sans précédent : moins 25 % en six ans, rappelle-t-il. Surtout, sans avoir rien résolu. Car le poids de la dette publique grecque est toujours aussi insupportable : 157 % l’an dernier, 176 % cette année, 174 % l’an prochain. Même l’objectif pourtant déjà insupportable d’atteindre un ratio de 120 % en 2020 paraît désormais relever d’un optimisme béat.

Pour revenir à un niveau d’endettement supportable, Athènes, selon les calculs du FMI, doit être soulagé de ses dettes à hauteur de 4 % de son PIB, soit 7,4 milliards de dollars dans les prochains dix-huit mois. Le FMI presse les États européens d’accepter le plus vite possible cette perte sèche : ce sont eux désormais les seuls créanciers de la Grèce, grâce aux atermoiements européens, qui ont permis à l’ensemble des créanciers privés de les passer dans des mains publiques. 

« Si les investisseurs ne sont pas persuadés que la ligne de conduite adoptée pour régler le problème de la dette est crédible, l’investissement et la croissance ne reviendront pas au rythme programmé », prévient le FMI. « Les partenaires européens devraient considérer la question d’apporter une aide qui accélérerait la réduction de la dette plus rapidement que prévu », dit le rapport. En d’autres termes, c’est près de vingt milliards, soit sous forme de nouveaux prêts, soit par une annulation des anciens qui sont demandés aux pays européens.

Après la publication du premier rapport, l’Europe avait déjà affiché son mécontentement, jugeant les critiques du FMI infondées. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, qui pourtant avait imposé la présence du FMI contre l’avis de la France et de la BCE dans les plans de sauvetage européens, avait déclaré qu’à l’avenir, l’Europe pourrait se passer de l’institution, compte tenu des nouvelles règles que s’était données l’Union. Le FMI avait déjà répliqué discrètement en faisant savoir à mi-mots qu’il n’était plus disposé de toute façon à participer aux programmes de sauvetage européen, les pays du Sud refusant de payer pour l’Europe.

Mais le différend est désormais sur la place publique, le FMI critiquant les options et le déni de réalité des pays européens. En pleine période d’élection allemande, cela risque d’être très mal interprété à Berlin, voire considéré comme une déclaration de guerre.

Lors de son voyage à Athènes, il y a quinze jours, Wolfgang Schäuble avait exclu toute restructuration de la dette. Il avait même exigé que le débat sur cette question cesse. « Ce débat ne sert pas nos intérêts », avait-il déclaré. Sur les réseaux sociaux, beaucoup s’étaient interrogés sur ce nous. Qui désignait-il ? Les Grecs ? Les Européens ? Ou les Allemands ? Beaucoup avaient penché pour la dernière solution.

Quoi qu’il en soit la question de la Grèce est à nouveau sur la table. Son niveau d’endettement est insupportable et le traitement imposé aux Grecs plus encore. Pour ménager Angela Merkel, les gouvernements européens s’étaient entendus pour que tout soit enseveli au moins jusqu’aux élections allemandes du 22 septembre, voire après si cela était possible. En forçant l’Europe à regarder la réalité en face, le FMI bouscule le jeu politique allemand et européen. À ce stade, une dernière question s’impose : pourquoi fait-il cela maintenant au risque de heurter l’Europe ? 

 

 

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