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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 17:00

 

Marianne - Lundi 16 Avril 2012 à 18:00

 

Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis... En savoir plus sur cet auteur

 

L'annonce a été faite mercredi soir par Lucas Papademos. Des élections législatives anticipées se tiendront le 6 mai en Grèce. Notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou livre pêle-mêle les réactions d'une poignée d'Athèniens.

 

(Lucas Papademos peu avant l'annonce des législatives anticipées, mercredi - Louisa Gouliamaki/AP/SIPA)
(Lucas Papademos peu avant l'annonce des législatives anticipées, mercredi - Louisa Gouliamaki/AP/SIPA)
Ce dimanche nous fêtions, paraît-il, Pâques orthodoxe. Hier, à la sortie de la messe de minuit, le banquier Papadémos et des politiciens marionnettes ont été désapprouvés par les fidèles et les passants : « Allez-vous en, traîtres. » C'était à Kolonaki, quartier historiquement bourgeois de la capitale (reportage sur le site de l'hebdomadaire satyrique Topontiki ). Entre-temps, et vers 20 heures hier, « la Sainte Lumière est arrivée depuis Jérusalem, à bord d'un avion gouvernemental ; puis, sur l'aéroport d'Athènes elle fut accueillie, suivant le protocole d'accueil en usage pour un chef d'Etat. Par la suite, elle a été emmenée aux quatre coins de la Grèce par des vols spéciaux de l'aviation civile et militaire » (reportage sur le sur le site de l'hebdomadaire Epikaira ).

Je préfère ne pas commenter. Sous les Troïkans, certains usages ne changent guère. On murmure déjà à travers le pays que cette Res publica de l'Etat et de l'Eglise est aussi à revoir. Pour le reste, les gens peuvent toujours croire ou pas, c'est une affaire de conscience, comme la politique.
 
Sauf qu'en politique, il nous arrive encore de voter. Ainsi, les discussions encadrant le traditionnel méchoui d'agneau du dimanche de Pâques ont tourné autour des élections, les retrouvailles en plus. Déjà samedi, les jeunes au café du village se disaient vraiment passionnés par le scrutin.

Costas, soixante ans, chômeur, est revenu d'Allemagne exprès pour fêter Pâques à la maison. Il était parti à Noël retrouver son fils Manolis, qui travaille pour le compte d'un restaurateur grec originaire de la région. Ce dernier a émigré au bout de six mois de Mémorandum, il en avait assez de « cette survie permanente et du chômage ». « J'ai décidé de partir en attendant une retraite hypothétique. Je ne travaille pas vraiment, seulement j'aide mon fils et son épouse. Ma femme et moi gardons leurs deux enfants dont un bébé, ce qui permet au couple de faire carrière, si on peut dire, dans la restauration. Entre-temps, nous n'avons plus à payer les frais liés à la maison, au chauffage et à la voiture en Grèce. J'y retournerai je pense durant l'été. L'Allemagne se porte bien, les gens sont polis, c'est calme... C'est une vie un peu renfermée mais, de toutes façons, en Grèce nous ne sortions plus comme avant. J'ai été licencié de mon travail en septembre 2010 puis, ma femme, qui faisait tourner un petite épicerie ici au village, a déposé le bilan en juillet 2011 », explique Costas.

Par un hasard sans doute du calendrier journalistique, on vient d'apprendre que Ernst Elitz lance un appel aux Grecs, dans un commentaire, à travers les colonnes de Bild : « [Grecs] venez gagner de l'argent comme il faut en Allemagne ».

Ce petit commentaire a été très médiatisé par la presse grecque. Mais Costas et son fils n'ont pas attendu cette prise de position pour partir. « Je ne pense pas revenir pour les élections, c'est important, mais nos vies n'ont plus l'air d'en dépendre désormais, tant pis... allons y, occupons-nous de nos rôtis de Pâques maintenant », a ajouté Costas, l'air un peu gêné.

Étrange univers politique et festif, craquelé de partout. Dans les représentations collectives, il y a du basculement rappelant ainsi qu'une société n'est jamais une machine bien huilée, surtout par les temps qui courent. En Grèce centrale et rurale, un tout premier constat semble unanime : « Nous ne croyons pas du tout aux sondages, ils veulent nous faire peur, nous instrumentaliser, ces escrocs, ces voleurs, tous ces salopards » (paroles prononcées entre jeunes dans un café, samedi 14 avril). En effet, selon un dernier sondage, la droite (parti de la Nouvelle Démocratie) serait en tête des intentions de vote à 21% ; le PASOK serait à 15,5%, le parti SYRIZA (gauche anti-Mémorandum) à 11,5%, le KKE (parti communiste, clairement positionné en faveur de la sortie du pays de l'Union européenne) à 11,5%, le nouveau parti de droite des Grecs indépendants (anti-Mémorandum) à 9,5%, la Gauche démocratique (formation, pratiquement pro-Mémorandum) à 9%, l'extrême droite de l'Aube dorée à 5% et le LAOS à 3% (sondage Pulse du 11 avril 2012).

Tout semble si contradictoire, mais on oublie précisément que l'histoire se façonne dans les contradictions. « J'ai honte, c'était la plus grande idiotie de ma vie. En 2009, j'avais voté pour le PASOK. Je ne voterai plus jamais, qu'ils aillent tous se faire voir, je m'abstiens désormais, car nous sommes tous des c..., c'est pour cela que nous avons eu de tels politiciens... Mais au pire... je voterai pour les Grecs indépendants ou pour la Gauche démocratique. Tsipras (à la tête du parti SYRIZA) est un vendu, puis les communistes du KKE ne sortent jamais de leur bocal, ils sont sur une autre planète », explique un homme, la petite cinquantaine passée. Il a entrepris récemment la remise en culture d'une parcelle : « Mon frère et moi, nous irons produire des légumes secs de qualité. Nous les vendrons ici, dans le département, ou sinon au village, entre nous, adoptant le prix le plus bas possible. Nous voulons juste vivre, car la vieille manière est morte. Voyez-vous, tous ceux qui vendaient hors de prix les produits de terroir vont mourir. Leurs clients en ont acheté une fois, il n'y aura plus de deuxième fois. Plus qu'en faveur de la partitocratie, je voterai... pour mes légumes secs ; je m'en fiche de Papadémos. »

Pourtant, ce même homme, répondant à la question d'un autre villageois au sujet des notables politiques locaux et des élections de mai, a souligné que « Georges M., ami et proche de Samaras (chef de la Nouvelle démocratie), dans l'éventualité d'un cabinet majoritairement de droite, peut devenir le prochain ministre de l'environnement. Georges M. et moi, nous sommes parents par alliance. Avant-hier, comme il était de passage, je lui en ai glissé deux mots à l'oreille. Il ira m'arranger l'autorisation et des subventions si possible, afin d'installer des photovoltaïques sur mes autres champs ». Ressentir de la honte ou de l'indignation n'est pas forcement signe de renouveau radical dans les actes et les représentations du fait politique, y compris sous le Mémorandum. « Je n'irai pas voter non plus, par contre, je ne suis pas d'accord sur cette affaire des photovoltaïques, car c'est une arnaque », a aussitôt répondu le frère de cet homme.

Dans ce village de mille habitants, frappé par la crise et le chômage, d'autres habitants se disent prêts à faire un autre choix politique : « J'ai toujours voté à droite et j'ai été trahi. Mon dernier travail, situé à quarante kilomètres d'ici, me procurait sept cent euros par mois, et en plus c'était pas déclaré. Rien que les frais en carburant, à presque deux euros le litre d'essence, faisaient de ce travail une affaire vraiment non rentable. A présent, j'aide mes parents à entretenir notre troupeau. Nous possédons une centaine de moutons et quelques brebis. Tiens, ces deux agneaux que je suis en train de faire cuire ce jour de Pâques nous appartenaient. Nous survivrons ici dans nos campagnes, c'est clair. J'irai voter. Je voterai pour le candidat du KKE (parti communiste), je sais qu'il est pauvre comme moi, il n'a pas volé lui au moins », témoigne Dimitri.

Chez d'autres, de curieux revirements s'opèrent. Maria, très croyante, fréquentant l'église, est une grande adepte du tourisme des monastères à l'échelle locale. Elle jurait en février dernier « ne plus supporter les deux grands partis, ceux des menteurs et des voleurs ». Elle revient à présent sur ses propos : « Je voterai PASOK, Venizelos est un chef responsable, pas comme l'autre [Georges Papandréou] dont l'âme est vendue à Satan. De toute façon, PASOK ou pas, Troïka ou pas, en suivant le chemin du Christ, nous ne craignons plus rien car nous pouvons vaincre la mort. »

Giorgos, le doyen du village né en 1918, est un ancien résistant communiste et ex-soldat servant au sein de l'armée régulière durant la Guerre Civile (1946-1949, opposant les forces communistes à l'Etat officiel, semi-fascisant). Il a pris la parole répondant à Maria : « Tout cela, la mort, les popes, le PASOK, ce n'est que du vent. Notre histoire a pris tout simplement un vilain virage, comme du temps des mes 20 ans. Regardez les météores en face, ces rochets étaient là, bien avant les moines, me semble-t-il. Dans un virage, soit on reste debout, soit on bascule, c'est tout. Moi en tout cas, je vous quitterai debout, mais entre-temps, je suis toujours heureux de vivre et j'irai voter ».

 

Grèce : ce qu'inspirent les législatives
Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.
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