lecourrier.ch - JEUDI 26 JANVIER 2012

OCCUPY GENEVA • Les indignés ont renouvelé avec un mois de retard leur demande d’autorisation. Ils insistent sur la pertinence du mouvement.
Le campement des indignés genevois est en sérieux ballottage. Le Conseil municipal doit se prononcer la semaine prochaine sur une résolution de la droite demandant l’évacuation immédiate du camp. Le canton a également fait savoir à la Ville ses réticences à laisser le mouvement occuper le parc des Bastions. Après un mois d’inertie, les militants ont fait parvenir une demande de renouvellement de leur autorisation d’utilisation du domaine public pour février. Si Occupy Geneva peut pour l’instant compter sur le soutien du conseiller administratif Rémy Pagani, la question sera réglée mercredi prochain lors de la séance hebdomadaire de l’exécutif municipal.
Mardi soir, Rémy Pagani avait sommé les indignés de procéder à la demande de renouvellement au plus vite. Lors de sa visite au camp, le magistrat s’est inquiété de n’avoir toujours pas reçu de lettre, qu’il réclame depuis la mi-décembre déjà. Hier matin, c’était enfin chose faite. Une rencontre entre les parties est prévue vendredi à 13h30. En attendant, le mouvement doit recadrer son camp.
«Le campement est devenu un lieu d’accueil pour les SDF, avec l’adjonction de deux tentes qui font penser à un bidonville», regrette le magistrat. Si le mouvement veut avoir une chance de rester, il va devoir démonter les nouvelles structures semi-dures «installées sans autorisation, contrairement à la tente d’accueil», précise M. Pagani. Un point que les indignés ont concédé dans leur assemblée générale du même jour.
«Malgré les apparences, le mouvement n’est pas un camping», assure une militante. Et de reconnaître que l’hiver a amené son lot de cas sociaux. «Nous avons dû gérer plusieurs personnes à problèmes. Heureusement, nous avons eu l’aide des services sociaux de la Ville», poursuit-elle. «Tous les camps sont confrontés à ce problème», ajoute Stéphane, indigné de la première heure. Pour leur part, ils regrettent l’apparence négligée qu’a pu montrer le mouvement. «Pour nous, c’est très clair qu’Occupy Geneva est une plateforme de travail et non un lieu d’accueil pour des gens qui n’ont nulle part où aller.»
Vers un second souffle?
Reste que de fortes dissensions internes ont ébranlé les campeurs début janvier. Le camp aurait fait les frais de quelques illuminés. Plusieurs membres très investis ont pris du recul. Essoufflé, Occupy Geneva semble toutefois avoir retrouvé le goût de l’action mardi soir. Avec la demande d’autorisation, il a transmis au conseiller administratif un dossier annonçant la création d’une Radio Occupy Geneva, précédée de près par des actions contre le Forum de Davos cette semaine et une manifestation le 11 février pour dire non au gaz de schiste. Le groupe prépare également une pétition contre le secret bancaire ainsi que l’ouverture d’un infokiosque.
Les indignés rappellent aussi que le camp est le lieu indispensable de leur expression démocratique et des rencontres avec la population genevoise. Mais, face à leur avenir bancal, certains membres réfléchissent déjà à réinventer leur existence sans campement, sur internet par exemple. Avec l’espoir de trouver davantage de soutiens
auprès des Genevois. «Il faudrait que les gens n’attendent pas d’être en difficulté pour nous rejoindre», confie l’un
des leurs. I
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