Peter Doyle a envoyé sa lettre de démission le 18 juin 2012. Et elle fait quelques remous depuis sa reprise depuis hier, par l’AFP et diverses rédactions, voir ici ou là, la lettre cite l’ « incompétence du FMI » et la gestion « désastreuses du fond depuis 10 ans » par les différents directeurs (spéciale dédicace à Mr Strauss Kahn et Mme Lagarde ?).
Ce que ne rapportent pas les rédactions, c’est que Peter Doyle évoque la Grèce comme une des victime de ces incompétences. C’est d’ailleurs le seul pays cité dans la lettre. Etrange que personne de reprenne cette partie, mais il faut dire que la majorité des articles reprennent texto le communiqué de l’AFP, comme souvent.
OkeaNews propose donc la traduction de cette lettre croustillante (un grand merci à @IrateGreek pour son aide précieuse dans la traduction). En gras quelques parties -vraiment- intéressantes de la lettre :
Département Européen
Washington DC
18 juin 2012
A Mr Shalaan, doyen du conseil d’administration du FMI
Aujourd’hui, je me suis adressé au conseil d’administration pour la dernière fois - parce que je quitte le FMI.
Par conséquent, je souhaite exprimer formellement ma profonde appréciation pour les autorités Suédoises, Israéliennes et Danoises avec lesquelles j’ai travaillé récemment, ainsi que pour toutes les autres avec qui j’ai travaillé auparavant, pour leur générosité extraordinaire à mon égard.
Mais je veux aussi prendre cette occasion pour expliquer la raison de mon départ.
Après 20 ans de service, j’ai honte d’avoir été associé au FMI.
Ce n’est pas uniquement à cause de l’incompétence qui a été partiellement décrite dans le rapport OIA au sujet de la crise mondiale et par le rapport TSR sur les systèmes de surveillance lors de l’entrée dans crise de la zone Euro. Plus encore, c’est parce que les difficultés essentielles dans ces crises, comme cela a été le cas pour d’autres, avaient été identifiées bien avant mais ont été déniées par le FMI. En raison des longues périodes de gestation et processus internationaux de décision pour faire face a ces deux défits mondiaux, il était essentiel que nos avertissements répétés arrivent à temps. Par conséquent, le fait que le FMI n’ait pas émit de tels avertissements est un échec de premier ordre, quand bien même ils auraient pu être ignoré. Ceci a pour conséquences que beaucoup, y compris la Grèce, souffrent (et risquent bien pire à l’avenir), que la deuxième monnaie mondiale de réserve est au bord du gouffre, et que le FMI ces deux dernières années s’est cantonné a courir après les conséquences et a cherché à réagir sans les ultimes efforts pour la sauver.
De plus, les paramètres qui ont directement produit ces défaillances du système de surveillance du FMI, à savoir la répugnance à prendre des risques, les priorités bilatérales et le parti pris Européen, deviennent de fait plus profondément enracinés en dépit d’initiatives qui prétendent les confronter. Ceci est particulièrement clair dans le cas des individus nominés au poste de directeur exécutif, choix qui au cours des dix dernières années, ont été bien évidemment désastreux. Même la directrice en exercice est entachée car ni son sexe, ni son intégrité, ni son ardeur ne peuvent compenser l’illégitimité fondamentale du processus de sélection. Dans une institution aussi hiérarchique, les implications de tels choix infiltrent directement les niveaux supérieurs de la direction et, à travers les recrutements, les contrats à durée déterminés, la préparation de la succession du personnel de grades supérieurs, ces implications en arrivent à se diffuser dans l’ensemble de l’organisation prenant précédence sur toute autre chose. Ce que le comité executif préfère, c’est un FMI handicapé qui est sujet à ses causes immédiates de défaillance du système de surveillance. Ah, si j’avais pu comprendre il y a 20 ans que ce serait le cas.
Il y a des gens bien ici. Mais celui ci s’en va. Vous feriez bien de vous préoccuper de ne pas perdre les autres.
Bien à vous,
Peter Doyle