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10 septembre 2013 2 10 /09 /septembre /2013 20:46

 

 

 

Marie Astier (Reporterre)

mardi 10 septembre 2013

 

 

Depuis seize ans, les habitants de Rosia Montana luttent contre un projet de mine d’or qui ravagerait leur village. De plus en plus nombreux sont les Roumains qui partagent leur combat, et le gouvernement a dû reculer lundi 9 septembre. Reporterre était avec les manifestants qui, à Paris aussi, ont marqué leur refus d’un nouveau désastre écologique.


En Roumanie, les manifestations contre le projet de mine d’or à Rosia Montana durent depuis bientôt deux semaines. Lundi 9 septembre, elles ont convaincu le gouvernement de retirer son projet de "loi exceptionnelle". Cette loi aurait permis à la compagnie minière Gabriel Resources d’exproprier les derniers habitants de Rosia Montana, un village agricole et touristique, niché dans les montagnes de Transylvanie au nord-ouest du pays, assis sur ce qui est peut-être le plus gros filon d’or en Europe.


Le village de Rosia Montana

Presque chaque jour depuis début septembre, des milliers de personnes ont défilé dans la capitale Bucarest et les grandes villes du pays. Les manifestations ont essaimé jusqu’en France avec un rassemblement vendredi 6 septembre à Paris, dont Reporterre était témoin.

Partout, des banderoles proclamant "Non au cyanure". Car si la compagnie canadienne Gabriel Ressources réussit à lancer son projet de mine d’or à Rosia Montana, 12.000 tonnes de cyanure seraient utilisées chaque année pour extraire l’or. Soit douze fois plus que la quantité de cyanure actuellement utilisée par an dans toute l’Europe.

En Roumanie, la mobilisation de dimanche a été massive. Au point que le Premier Ministre Victor Ponta a annoncé lundi 9 septembre qu’il renonçait à son projet de loi exceptionnelle.


La manifestation de dimanche à Bucarest

C’est ce texte, proposé par le gouvernement fin août, qui a ravivé l’opposition au projet de mine d’or. S’il était passé, il aurait signifié le feu vert à l’expropriation des derniers habitants de Rosia Montana et à l’exploitation du filon. Mais la bataille n’est pas pour autant gagnée, car c’est désormais au ministère de l’environnement de se prononcer. Son avis pourrait bloquer, ou au contraire approuver le projet minier.

Un patrimoine roumain, voire mondial

Cela fait seize ans ans que Gabriel Resources lorgne sur ce filon d’or, et presque aussi longtemps que les opposants résistent au projet. Il s’agirait du plus gros gisement d’or en Europe et le troisième au monde, selon la compagnie. 300 tonnes d’or et 1.600 tonnes d’argent qui pourraient rapporter plusieurs milliards. Un pactole qui augmente au même rythme que le cours de l’or (plus de 33.000 euros le kilo aujourd’hui, contre 10.000 euros en 2005).

Plusieurs milliards, mais avec quelles conséquences ? La mine serait aussi la plus grande exploitation à ciel ouvert du continent : elle détruirait quatre montagnes et une partie du village de Rosia Montana. Dans le lot, plusieurs bâtiments historiques seraient rasés, notamment des églises et surtout des vestiges de l’époque romaine. Dans le pays, l’Ordre des architectes de Roumanie ou encore l’association Architecture, Restauration, Archéologie (ARA : Arhitectura. Restaurare. Arheologie) demandent le classement du village au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais le ministère de la culture refuse d’inscrire le site sur la liste des sites candidats.

C’est pour cela qu’à Paris, la manifestation de soutien des opposants au projet s’est déroulée devant l’UNESCO vendredi. Quelques dizaines de personnes ont répondu à l’appel des associations roumaines OVR Solidarités, Pro Patrimonio France, Rencontre du patrimoine Europe-Roumanie.

Nicolas Teculescu y était. Il adhère à La Maison Roumaine. La cinquantaine, il se rappelle encore avoir visité Rosia Montana lors d’un voyage de classe : "Tous les élèves de Roumanie allaient visiter ce village, a-t-il expliqué à Reporterre. Il est peuplé depuis la préhistoire. Le gisement d’or a été exploité par les Daces puis par les Romains. On peut encore visiter les galeries aujourd’hui. Rosia Montana fait partie du patrimoine roumain". "C’est le plus ancien lieu de peuplement en Roumanie", ajoute Sorana Ciura, une jeune fille arrivée en France récemment.

Un lac de cyanure

Mais surtout, Nicolas et Sorana s’inquiètent du cyanure. Dans les mines, il est utilisé pour dissoudre l’or et le séparer du reste du minerai. "Ils vont créer un lac de retenue, explique Nicolas. Il sera rempli d’eau chargée de cyanure". Le projet lui rappelle un mauvais souvenir, la catastrophe de Baia Mare : "C’est la deuxième catastrophe technologique la plus importante après Tchernobyl", affirme-t-il. En 2000, la digue d’un bassin de déchets miniers située à Baia Mare avait cédé. L’eau concentrée en cyanure avait empoisonné les rivières alentours, la faune et la flore ont été détruites sur 600 km.

Sorana est mobilisée depuis longtemps contre le projet, car une partie de sa famille vit à Rosia Montana. "Là bas, la compagnie fait pression sur les habitants pour qu’ils partent. Elle a pris le contrôle de l’administration grâce à la corruption. Elle a obtenu un décret qui déclare la zone ’mono-industrielle’, cela veut dire que toutes les activités économiques, à part la mine, sont interdites. Cela permet d’étouffer la région et de dire aux habitants qu’il n’y a pas d’autre alternative à la mine."

Avant de travailler en France, Sorana a étudié au Canada et déjà milité contre le projet. Elle connaît les méthodes des compagnies minières canadiennes : "Gabriel Ressources est une compagnie qui a été créée spécialement pour le projet Rosia Montana. Son but est d’obtenir la concession, d’augmenter sa valeur en bourse, pour ensuite pouvoir la revendre à une plus grosse compagnie minière. C’est pour cela que par exemple elle a intérêt à dire qu’il y a beaucoup d’or dans le gisement."

En face, Gabriel Ressources affirme que les concentrations en cyanure ne dépasseront pas les normes autorisées par l’Union Européenne. La compagnie brandit aussi la promesse de 2.300 emplois pendant la phase de construction, puis 900 emplois pendant la phase d’exploitation.

A l’annonce du rejet de la loi, l’action en bourse de Gabriel Ressources a perdu plus de 50% de sa valeur=ASC]. Mais la compagnie a immédiatement répondu par un communiqué : "Si le projet de loi est rejeté, la compagnie évaluera toutes les voies de recours possibles, [...] y compris des poursuites pour violations multiples des traités internationaux d’investissement."


Compléments d’information :

- L’association Alburnus Maior, créée par les habitants de Rosia Montana ;
- L’appel à manifester à Paris avec une explication plus détaillée du contenu de la loi : Café des Roumains ;
- Les manifestations vues de Bucarest, par Le petit journal


Source : Marie Astier pour Reporterre

Photos :
- le village de Rosia Montana : association Alburnus Maior
- manifestation à Bucarest : association Alburnus Maior
- manifestation à Paris (dans le chapô) : photo de Nicoleta Marin.

Ecouter aussi : Pourquoi vous opposez-vous au projet minier de Rosia Montana, en Roumanie ?

 

 


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