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16 février 2014 7 16 /02 /février /2014 18:38

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

En Italie, on empêche l’avortement et tout le monde « s’en fiche »
Flora Zanichelli - Journaliste

Publié le 16/02/2014 à 11h46

 

 

 


Affiche sur le « mur des horreurs » à Jesi : « A deux mois de grossesse : je suis parfait, comme un grand : j’ai déjà tout, même les germes de mes petites dents. » (L’Espresso)

« Je voyais [la peau, le sang et le tissu] de mon enfant emplir le bocal [posé à côté de moi]. »

Dans le département gynécologique de l’hôpital de Jesi dans les Marches, voici ce que les femmes peuvent lire sur les murs.

Indignée, une habitante a écrit à l’hebdomadaire italien L’Espresso. Ces mots ont fait depuis le tour de la Péninsule.

L’avortement est, en Italie, un thème brûlant. Même si, observent les spécialistes, « c’est un thème brûlant pour lequel personne ne fait rien ».

Avant 90 jours, et après

Dans la Péninsule, l’avortement est réglementé par la loi 194. Voici ce qu’elle stipule dans ses trois articles les plus importants :

  • article 4 : « Pendant les 90 premiers jours, les femmes dont la grossesse, l’accouchement et la maternité comporteraient un risque pour leur santé physique ou psychiatrique, en lien avec leur état de santé ou leurs conditions économiques, sociales ou familiales ou en lien avec les circonstances dans lesquelles est advenue la conception ou en prévision de malformations et anomalies, peuvent se tourner vers un centre de consultation public ou un médecin de confiance. » ;
  • article 6 : « L’interruption volontaire de grossesse, après les premiers 90 jours de grossesse, peut être pratiquée :

– quand la grossesse ou l’accouchement comporte un grave danger de mort pour la femme ;

– quand, suite à des analyses rapportant une grave malformation de l’enfant, la santé physique et psychique de la mère sont en danger. » ;

  • article 9 : « Le personnel sanitaire, sous réserve de l’avoir déclaré au préalable, n’est pas tenu de prendre part [...] aux IVG quand il soulève l’objection de conscience. Le médecin doit le déclarer auprès du médecin en chef. [...]. L’objection peut toujours être révoquée […] mais une telle déclaration ne prendra effet qu’un mois après la présentation au médecin provincial. L’objection de conscience ne peut être soulevée quand leur intervention est indispensable pour sauver la femme d’un danger imminent. »

Des médecins objecteurs de conscience

C’est surtout ce dernier article qui fait débat. Gabriella Pacini est une sage-femme indépendante. Fondatrice de l’association Vita di donna (Vie de femme), elle défend bec et ongles le droit des femmes à avorter :

« L’objection de conscience donne la possibilité aux médecins de faire prévaloir leurs principes moraux. Ce qui a pour effet de fragiliser les patientes auxquelles les soins ne sont pas prodigués de manière objective. »

Sans compter la difficulté à s’imposer dans un hôpital, une équipe, quand la majorité des collègues prend position contre l’avortement. Carlo Flamigni, gynécologue et membre du Comité national de la bioéthique, répète souvent :

« Difficile de jouer les Don Quichotte surtout quand les moulins que vous croisez sont votre chef ou le directeur de l’hôpital. »

En Italie, selon le ministère de la santé, sept médecins sur dix seraient objecteurs de conscience. Un chiffre que l’association qui rassemble les gynécologues défendant la loi 194 – la Laiga – juge « sous-estimé ».

Gabriella continue :

« Cette situation complique tout. L’accès par exemple à la pilule du lendemain, qui ne se prend que sur prescription, et que vous devez obtenir rapidement. Que faire, quand on vous la refuse ? »

Seule, j’ai hurlé « Aidez-moi ! »

Laura Fiore cherche ses mots, bute sur les souvenirs, s’excuse. Cette Napolitaine professeure d’arts a écrit un livre au titre éloquent : « Avorter au milieu des objecteurs de conscience ». En Italie, son histoire est devenue un symbole.

Elle raconte :

« Le 4 juin, cette date restera à jamais gravée dans ma mémoire ».

Ce jour-là, Laura est transférée à l’hôpital à Naples. Elle ne souhaite et ne peut pas garder son enfant, qui souffre de graves malformations. Dans la salle d’accouchement, elle se retrouve seule.

« Ils m’ont mise sur un lit, au fond d’un couloir. Mon mari n’avait pas le droit d’entrer, les médecins étaient partis s’occuper d’autres patientes. »

S’enchaînent des heures douloureuses, jusqu’à l’expulsion du fœtus, qu’elle appelle encore aujourd’hui « sa fille ». Elle se souvient :

« J’ai hurlé “Aidez-moi”, et des médecins ont fini par arriver. »

Quelques jours plus tard, Laura apprend que le médecin chef du département néonatologie a tout fait pour tenter de sauver le fœtus, en vertu d’un paragraphe de la loi 194 qui stipule que « le médecin doit tout faire pour sauver la vie d’un enfant ».

Elle poursuit :

« Même le gynécologue qui me suivait était objecteur. Il ne m’a pas informé des possibilités qui s’offraient à moi. J’ai dû avorter dans l’urgence. »

Pilules périmées et avortements à l’étranger

Mal informées, culpabilisées, les Italiennes arrivent parfois in extremis, à la fin du délai imposé par la loi qui prévoit jusqu’à 24 semaines pour avorter. A Rome par exemple, l’un des rares hôpital public dont le praticien en chef n’est pas objecteur de conscience ne les pratique que jusqu’à 23 semaines.

Alors que les statistiques font état d’une baisse des IVG en Italie, d’autres chiffres circulent, comme les 20 000 avortements clandestins estimés en 2008. « Des chiffres jamais mis à jour depuis », précise Gabriella, « mais qui traduisent une bien triste réalité ». Comme celle de cette jeune mineure, qui, après avoir tenté un avortement médicamenteux avec des pilules périmées, a échoué à l’hôpital, l’utérus dévasté.

Sur son blog, Laura recueille aujourd’hui les témoignages de ces femmes. Sur sa page, des Italiennes lui écrivent anonymement et racontent humiliations ou départs pour l’étranger, la peur au ventre. « Nous nous sommes senties isolées et jugées », assène Laura. L’Espagne, la France et la Suisse sont, pour celles qui peuvent se le permettre, les destinations les plus prisées.

« C’est comme si on s’en fichait »

Dans son cabinet de consultation, Gabriella recueille elle aussi tous les jours ce type de témoignages. Elle qui pilote plusieurs associations et organise des conférences, se heurte à une administration hermétique aux problèmes des femmes, des adolescentes, des étrangères, surtout, privées de repères et parfois en grande difficulté financière :

« C’est comme si on s’en fichait. »


Lors d’une marche antiavortement le 13 mai 2012 à Rome (MISTRULLI LUIGI/SIPA)

Tous les jours, elle court les écoles et les services hospitaliers pour parler de contraception, d’IVG, de droits, même si les faire appliquer relève du parcours du combattant. Gabriella fait tout bénévolement. Non sans une certaine amertume :

« En Italie, dans certains établissements, on enseigne le catéchisme toutes les semaines, mais pour expliquer comment on utilise un préservatif, il faut demander l’autorisation aux parents, se battre pour obtenir une ridicule petite heure. »

Le 6 juin prochain, l’autre association qu’elle gère, « Le Bon médecin est celui qui n’objecte pas », organisera une rencontre avec les autorités concernées. « Nous avons désespérément besoin que les institutions nous soutiennent », soupire-t-elle. « Seules, nous ne sortirons jamais de l’ombre. »

 

 

Source : blogs.rue89.nouvelobs.com

 

 

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