Les Jeux Olympiques marquèrent l'éveil du Japon en 1964. Ils ont été offerts de nouveau à Tokyo pour magnifier le réveil nippon, en 2020. Le CIO s'est montré rassuré par des garanties financières, sans s'inquiéter des suites de la catastrophe de Fukushima...
Samedi 7 septembre à Buenos Aires, les membres du CIO ont désigné Tokyo comme organisateur des Jeux olympiques de 2020, par 60 voix contre 36 à Istanbul (et une abstention). Madrid – qui présentait un projet fondé sur l'austérité – fut éliminé pour la troisième fois consécutive, dès le premier tour.
Pendant deux années de lobbying intense auprès du CIO, l'équipe japonaise a choisi pour stratégie de déployer sa solidité financière et sa capacité à tenir ses promesses, parvenant à reléguer au second plan les inquiétudes liées à la situation de la centrale nucléaire de Fukushima. Selon un membre de l'entourage olympique, c'est la candidature « la moins horrible » qui l'a emporté. Rien n'est moins sûr et l'avenir dira si, sur la question de la catastrophe nucléaire, l'aveuglement volontaire nippon ne s'est pas doublé d'une cécité mondiale...
Le Japon a su dissimuler ses faiblesses mieux que l'Espagne, qui misait sur le faible coût de ses Jeux et sur des infrastructures déjà existantes. Quant à la Turquie, qui rêvait de devenir le premier pays majoritairement musulman à accueillir ce grand rendez-vous planétaire, elle insista sur sa position de pont voire de tremplin, à cheval sur deux continents. Mais loin d'enthousiasmer les notables du sport et des affaires, la situation géographique et géopolitique d'Istanbul, après les manifestations anti-gouvernementales du printemps dernier, a inquiété le normatif et prudent CIO.
Le Comité s'est montré plus sensible à la sécurité de Tokyo, dont les rues sont les moins dangereuses au monde, y compris dans le Kabukicho (le quartier "chaud" de la capitale). Le Comité a surtout biché face au fonds spécial bloqué en banque pour couvrir le financement des Jeux. Selon Tokyo, 4,5 milliards de dollars (environ 3,4 milliards d'euros) attendaient déjà sur un compte la décision portègne (adjectif désignant ce qui a trait à Buenos-Aires). Difficile de résister à un tel argument financier quand la crise menace de balayer la planète...