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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 18:17

 

 

Source : www.mediapart.fr

Chine: le Mouvement des nouveaux citoyens est lourdement condamné

|  Par Louis Sabot

 


Le pouvoir chinois s'inquiète du réveil de la société civile. Le juriste chinois Xu Zhiyong a été condamné, dimanche 26 janvier, à quatre ans de prison. Il est l'une des figures du Mouvement des nouveaux citoyens, un réseau informel qui mobilise la société contre la corruption et les passe-droits.

 

 Pékin, correspondance

Le juriste chinois Xu Zhiyong a été condamné, dimanche 26 janvier, à quatre ans de prison pour avoir « assemblé une foule dans le but de troubler l’ordre public », à l’issue du premier d’une série de procès contre le Mouvement des nouveaux citoyens. Il s’agit d’une peine sévère, la peine maximale pour ce type de crime étant de quatre ans. Son avocat, Zhang Qingfang, a été emmené dans un fourgon de police à la sortie du tribunal après avoir parlé avec des journalistes étrangers. Le professeur Xu est une figure importante du mouvement des droits de l’Homme. En 2003, il a joué un rôle majeur dans l’affaire Sun Zhigang, qui a conduit à l’abolition des centres de rapatriement dans les villes chinoises. En 2008, il a défendu plusieur familles d’enfants victimes du scandale du lait mélaminé.


Xu Zhiyong. 
Xu Zhiyong. © (dr)

Six autres membres du Mouvement des nouveaux citoyens (Zhao Changqing, Hou Xin, Yuan Dong, Zhang Baocheng, Ding Jiaxi et Li Wei) doivent répondre de la même accusation. Zhao Changqing a déjà été condamné à plusieurs peines de prison pour sa participation au mouvement de Tiananmen et pour ses appels répétés à la démocratisation de la République populaire. Les autres accusés ont tous commencé leur activisme en rejoignant ce mouvement.

Un important dispositif de sécurité a été mis en place par les autorités avant et pendant les quatre jours des procès. Plusieurs militants pékinois des droits de l’Homme ont affirmé que leur surveillance par la police politique s’était renforcée dès le 20 janvier. Les personnes venues soutenir les accusés devant les tribunaux ont été arrêtées et emmenées dans des commissariats ou des prisons secrètes. Les diplomates étrangers voulant assister aux procès, théoriquement publics, n’ont pas pu entrer dans les salles d’audience, jugées « trop petites » par le personnel du tribunal. Enfin, le matériel de certains journalistes étrangers a été confisqué. Les autorités ont empêché toute mention des procès par les médias officiels pour bien s’assurer que les nouveaux citoyens soient jugés en silence.

Né en mai 2012 à la suite d’un article publié par le professeur Xu, ce Mouvement des nouveaux citoyens est un réseau informel qui vise à pousser les citoyens chinois à s’unir pour défendre leurs droits constitutionnels, établir un État de droit en Chine et lutter contre la corruption des fonctionnaires du Parti et du gouvernement par le moyen de manifestations publiques. Ce mouvement s’est consolidé à travers l’organisation de « dîners républicains » pendant lesquels les convives discutent de la situation politique et sociale en Chine. À l’apogée du mouvement, ces dîners se tenaient le dernier samedi de chaque mois dans plus de trente villes chinoises.

Il s’agit du premier mouvement d’envergure nationale regroupant toutes sortes de citoyens chinois. Une pétition de soutien aux accusés a d’ailleurs circulé sur Internet les jours précédant l’ouverture des procès et a été signée par des centaines de personnes, journalistes, avocats, professeurs, mais aussi paysans, ouvriers et chômeurs. Le succès du mouvement s’explique par le fait qu’il a réussi à capter les aspirations d’une partie de la classe moyenne chinoise. La corruption endémique du système et la violation des droits constitutionnels sont des problèmes auxquels la majorité de la population fait face de façon quotidienne, indépendamment du milieu social.

Entre mars et septembre 2013, soit immédiatement après l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, une répression sévère s’est abattue sur ce mouvement, culminant avec l’arrestation de Xu Zhiyong en juillet dernier. Il a été accusé en décembre d’avoir été l’organisateur de manifestations qui se sont tenues à Pékin en 2012 et 2013. Celles-ci exigeaient la publication du patrimoine des hauts cadres du gouvernement chinois et l’égalité d’accès à l’éducation pour les enfants qui vivent à Pékin mais dont le permis de résidence (hukou) dépend d’une autre province. Aujourd'hui, seuls les habitants de Pékin munis d’un permis de résidence pékinois ont le droit de s’inscrire au lycée et de passer l’examen d’entrée à l’université dans la capitale. Les autres enfants sont forcés de rentrer dans le lieu de résidence inscrit sur leur permis, qui peut se trouver à plusieurs milliers de kilomètres.

D’autres manifestations, de plus petite envergure, visant à promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation, se sont tenues à Pékin devant le ministère de l’éducation en 2012 et en 2013, sans donner suite à des arrestations, à l’inverse de celles exigeant la transparence des dirigeants (à Pékin ou ailleurs, dans la province du Jiangxi notamment). Il semble que c’est ce second type de revendications qui dérange les autorités et ce bien qu’il soit en adéquation avec le programme de Xi Jinping.

Violations des droits en série

Au cours de ces procès politiques, le gouvernement chinois a violé plusieurs fois la nouvelle loi de procédure pénale, entrée en vigueur en janvier 2013, ainsi que les interprétations de cette loi faites par la Cour suprême à l’issue du 3e plénum du Parti, en novembre dernier. Outre le fait que Xu Zhiyong n’a été informé de la tenue de son procès que cinq jours auparavant, ses avocats n’ont pas eu le droit de citer des témoins et encore moins d’interroger les témoins à charge.

 

Une manifestante, venue soutenir Xu Zhiyong, est arrêtée près du tribunal. 
Une manifestante, venue soutenir Xu Zhiyong, est arrêtée près du tribunal. © Reuters

De plus, son procès s’est tenu devant le tribunal intermédiaire n°1 de la ville de Pékin (comme celui du prix Nobel de la paix emprisonné, Liu Xiaobo, en 2009), quand ceux des autres personnes accusées du même crime se sont tenus devant le tribunal de base du district de Haidian de Pékin. Selon le droit chinois, des personnes accusées d’avoir fomenté ensemble le même crime doivent être jugées ensemble devant le même tribunal. Pour casser la solidarité entre les accusés et dans l’espoir qu’ils s’accusent réciproquement, les autorités ont donc décidé de tenir plusieurs procès, en faisant fi des procédures qu’elles se sont elles-mêmes fixées.

Pour protester contre ces multiples abus, Xu Zhiyong et ses avocats ont fait le choix de rester silencieux pendant la plus grande partie du procès. Ce silence n’a été rompu par l’accusé que par sa déclaration finale : « Pour la liberté, la justice et l’amour – ma déclaration finale devant le tribunal » (elle peut être lue en anglais ici). Il a été interrompu par le juge au bout de dix minutes.

Le lendemain, Zhao Changqing a décidé de protester à son tour en renvoyant ses avocats en raison des multiples violations de procédures commises par le tribunal, qui les ont empêchés de le défendre efficacement. Cette manœuvre lui a permis de disposer de quinze jours pour reconstituer une équipe de défense et être à nouveau jugé après le Nouvel an chinois en espérant que davantage de soutiens pourront se rendre au tribunal. Zhao voudrait ainsi contrer la stratégie des autorités qui ont choisi d’ouvrir les procès quelques jours avant le Nouvel an chinois pour en minimiser l’impact.

Le déroulement de ces procès et le verdict de ce matin confirment que le pouvoir ne laissera pas la société civile chinoise se développer facilement. Selon Nicholas Bequelin, chercheur à la division Asie de Human Rights Watch (HRW), « les autorités ont clairement voulu donner un coup d'arrêt au mouvement et faire un exemple de Xu Zhiyong afin de signaler que, sous la nouvelle ère Xi Jinping, le pouvoir continuera à veiller et réprimera toute forme d'activité de la société civile qui pourrait menacer le Parti. C'est un calcul qui vise à renforcer le pouvoir mais qui lui aliène également beaucoup des forces réformatrices et libérales dans la société dont Xi a besoin s'il veut réellement mener à bien son programme de réforme et vaincre les groupes d'intérêts particuliers au sein du Parti et des élites ».

À l’inverse du procès qui a clos l’affaire Bo Xilai, où l’accusé, ancien secrétaire général du Parti de Chongqing,  condamné à la prison à vie pour corruption, avait eu le droit de parler et d’interroger les témoins de l'accusation, les militants du Mouvement des nouveaux citoyens n’ont pas pu le faire. Malgré les campagnes lancées par Xi Jinping contre la corruption et en dépit des recommandations du 3e plénum, la justice chinoise continue d’être bienveillante pour les dirigeants du Parti et impitoyable envers les citoyens qui s’expriment spontanément et exigent que les autorités passent des paroles aux actes.

La peur du Parti unique de voir émerger un mouvement populaire autonome continue de primer sur la nécessité de consulter la société civile pour mettre en œuvre des réformes profondes indispensables à l’amélioration du système politique. Dans sa déclaration finale, Xu Zhiyong affirme : « Je comprends clairement que quelqu’un doit faire des sacrifices et je suis prêt à payer le prix nécessaire pour ma foi dans la liberté, la justice, l’amour et un avenir meilleur pour la Chine (…). Mais ne pensez pas une seconde que vous pouvez mettre un terme au Mouvement des nouveaux citoyens en me jetant en prison. Nous vivons dans une ère ou la civilisation moderne domine et dans laquelle un nombre grandissant Chinois  prennent leur citoyenneté et leurs responsabilités civiques à cœur. Le jour viendra où les 1,3 milliards de Chinois quitteront leur état de soumission et deviendront des citoyens fiers et responsables. »

Le parti communiste chinois, comme bien d’autres dynasties avant lui, espère qu’une fois encore le vieux proverbe chinois selon lequel il faut « couper la tête du poulet pour faire peur au singe » s’appliquera et lui permettra de conforter son pouvoir.

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

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