Métro en grève, entreprises à l'arrêt, assemblées et meetings... la Confédération générale des travailleurs portugais (CGTP), principal syndicat portugais, organise jeudi 30 mai une journée de protestation contre la politique d'austérité, exigée par les créanciers du pays, l'Union européenne, le FMI et la BCE. LA CGTP a choisi la journée du 30 mai, correspondant à la Fête-Dieu, dans la mesure où, pour la première fois, ce jour ne sera pas chômé cette année, le gouvernement ayant décidé de supprimer quatre jours fériés dans le cadre de ses efforts pour redresser ses finances.
Le Portugal bénéficie depuis deux ans d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros, en contrepartie duquel il doit mettre en place un programme de rigueur draconien. Selon les prévisions officielles, l'année 2013 ne sera pas celle des résultats car le PIB devrait reculer de 2,3 %, et le chômage, déjà à un taux record de 17,7 %, atteindre les 18,2 %.
Comme dans d'autres pays d'Europe, l'austérité a provoqué le mécontentement populaire. Au Portugal, les mouvements sociaux ont pris la forme de grèves à répétition et des manifestations qui jusqu'à présent se sont déroulées de manière pacifique, contrairement aux débordements en Espagne et en Grèce. Le gouvernement tente désormais d'apaiser le mécontentement en avançant des propositions en faveur de la croissance et de l'emploi alors qu'il prévoit à partir de l'année prochaine une légère croissance de 0,6 %.
UN NOUVEL ASSOUPLISSEMENT DES OBJECTIFS EN VUE
Mais, avec une dette qui dépasse 120 % du PIB, le pays reste confronté à de sérieuses difficultés pour respecter ses objectifs budgétaires, même si les bailleurs de fonds ont accepté de les alléger en mars 2013. Bruxelles a confirmé ces objectifs en début de semaine : un déficit public à 5,5 % du PIB, puis à 4 % l'année prochaine et à 2,5 % en 2015.
Lire aussi : La récession devrait être pire que prévu au Portugal en 2013
Ils semblent pourtant difficiles à atteindre et, dans ses dernières estimations, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s'est montrée plus pessimiste que le gouvernement, prévoyant un déficit à 6,4 % du PIB en 2013 et à 5,6 % l'année suivante. Même si Lisbonne continue d'affirmer que les objectifs sont à sa portée, le premier ministre Pedro Passos Coelho n'en a pas moins récemment admis qu'il pourrait solliciter de la troïka un nouvel allégement. Une demande à laquelle les créanciers pourraient accéder sans trop rechigner dans la mesure où le Portugal reste à leurs yeux "un bon élève" de la zone euro.
Mais, dans le pays, les critiques contre la politique de rigueur ne font qu'augmenter, à tel point que l'ancien président socialiste, Mário Soares, 89 ans, a même réussi à rassembler tous les partis de gauche, généralement très désunis, pour une conférence "contre l'austérité" qui devait se tenir en fin de soirée.
De leur côté, la CGTP, proche du Parti communiste, et l'autre grand syndicat portugais, l'Union générale des travailleurs (UGT), liée au Parti socialiste, prévoient déjà la prochaine journée d'action : ils discutent actuellement en vue d'une grève générale au mois de juin, après celles organisées l'année dernière en mars et novembre.
Lire notre reportage : Portugal : la montée de l'amertume