Des scientifiques s’interrogent sur le volet environnemental du projet d’aéroport. Les naturalistes y ont découvert des espèces protégées.
Le secteur où doit être transféré l'aéroport de Nantes est un bocage humide, avec des haies sur talus, d'une grande rareté en France. Pendant 40 ans, du fait du projet d'aéroport, il a échappé à l'agriculture intensive, aux remembrements, aux engrais. Des rivières y ont leurs sources. On y trouve des espèces rares et menacées. Mais toutes ne figurent pas dans les inventaires du dossier environnemental de l'aéroport. Ainsi le triton de blasius, d’intérêt national, la musaraigne aquatique, très rare, ouencore la loutre qui est pourtant protégée au niveau européen.
Selon Loïc Marion, un chercheur CNRS en écologie, à Rennes, six espèces rares et protégées par la loi ne sont pas dans l’étude préalable. Pour les insectes, des naturalistes ont compté 600 espèces, alors que seulement 71 figurent dans les dossiers officiels. Un nombre conséquent de plantes n’y est pas non plus.
Le constat s'appuie sur les travaux de 200 spécialistes d’espèces, tous bénévoles, se sont qui mobilisés et ont entrepris, depuis plus d’un an, une contre-expertise, un inventaire le plus exhaustif possible du bocage de Notre-Dame-des-Landes.
Selon le scientifique, il sera extrêmement difficile de compenser à l'identique les milieux qui disparaitront sous les pistes, parkings, routes et autres aménagements. Ils ne peuvent être reconstitués. "A cette échelle, on ne sait pas faire", dit-il.
Quant au "transfert" des espèces protégées, dont parlent le représentant de l'Etat, et le constructeur Vinci, "c'est un abus de langage", estime le scientifique.
En réalité, il n'y aura pas vraiment de transfert, on ne déménagera pas l'ensemble des animaux et végétaux. "Sur 130 espèces protégées, quatre sont concernées : le flûteau nageant, le triton marbré, le triton crêté, le grand capricorne. Et à chaque fois, seuls quelques individus seront transplantés, à titre expérimental. En fonction de nos connaissances, on peut craindre que ça ne marche pas" .
Les naturalistes sont inquiets. La construction de l'aéroport signera, disent-ils, "la destruction de milliers d'individus" appartenant à des espèces rares et protégées, et de leurs habitats.
Ces naturalistes exposeront les résultats de leur travail au cours d’une soirée débat, animée par Denis Cheissoux (émission CO2 mon amour). Lundi 27 janvier, 20 h 30, ancienne manufacture des tabacs, boulevard de Stalingrad à Nantes.
Cette conférence sera suivie d'une sortie sur le terrain dans le cadre de la journée mondiale des zones humides, dimanche 2 février, lieu-dit La Vache-rit, Les Domaines, Notre-Dame-des-Landes.
A lire, l'interview de Loïc Marion, dans Ouest-France du samedi 25 janvier, en pages Pays de la Loire, et dans nos éditions numériques sur ordis, tablettes et smartphones
Source : www.ouest-france.fr