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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 21:21

 

 

Justin Sullivan/Getty Images/AFP

Le premier anniversaire d’Occupy Wall Street (OWS) a été l’occasion de faire ressortir de l’ombre un mouvement dont la visibilité médiatique était en chute libre depuis plusieurs mois. Normal pour certains, car il s’agissait selon eux d’un regroupement de "punks à chiens" anarchistes, d’étudiants désœuvrés, dont le squat de Zuccotti Park n’avait qu’une dimension symbolique - malgré le soutien du bruyant réalisateur Michael Moore.

Il faut reconnaître que le mouvement est bien moins structuré que son pire ennemi, le Tea Party, puisqu’il évolue en dehors des arcanes politiques. Même si le Tea Party n’est pas un parti politique au sens traditionnel du terme, plusieurs dizaines de membres de la Chambre des représentants s’en revendiquent. Il dispose de relais nationaux et est en outre récupéré et piloté à la fois politiquement par les frères Koch, et médiatiquement par Fox News.

Il en partage certaines caractéristiques, comme sa dimension locale, communautaire et ses relais sociaux via Internet (Tea Party Patriots versus interoccupy.net et occupytogether.org).

Tout comme ceux du Tea Party, les membres d’OWS détestent Washington et le "crony capitalism" (capitalisme des copains) qui lui est associé. Mais quand les premiers dénoncent un Etat fédéral liberticide au service des assistés (voir la dernière sortie de Romney sur les 47 %), les seconds dénoncent la collusion des politiques avec les puissants de tout bord (banquiers en particuliers) et l’écrasement progressif de la classe moyenne.

Surtout, les deux mouvements se caractérisent par leur rejet "du système", leur distanciation du processus politique et des institutions traditionnelles qui sont, à leurs yeux, responsables de la situation actuelle. Leur manière de faire est jugée inadaptée, contre-productive.

La spécificité du Tea Party est de rejeter le système, et non pas, comme l’on fait leurs prédécesseurs libertariens (Ross Perot par exemple), de forger des alliances plus ou moins solides avec les partis en place pour arriver à leurs fins. Il n’est désormais question que d’opposition, d’obstruction, avec des comportements de "filibuster" (blocage des débats parlementaires), de non-compromis.

Pour OWS, c’est un peu la même chose. Dès les premiers jours, la crainte majeure était celle de la récupération potentielle par les grands appareils politiques ou syndicaux. Occupy refusait de s’associer à des instituions jugées complices du statu quo social. OWS se voulait un mouvement spontané, reflet d’un ras-le-bol généralisé d’une population exposée au chômage et à une précarité croissante. Après les quelque manifestations en Californie ou à Chicago, le mouvement n’a guère pu se développer davantage, d’où son absence notable dans la campagne présidentielle et son manque d’emprise sur la classe moyenne.

Le terme de classe moyenne est un gros mot ici. Il serait un diviseur malvenu de la population américaine. Pourtant, le Pew Research Center a publié un sondage révélateur sur la nature des conflits sociaux aux États-Unis. Bien avant les problèmes liés à l’immigration ou aux droits des minorités, le principal vecteur de division est le conflit entre riches et pauvres : pour 66 % des personnes interrogées, le fossé ne cesse de s’accroître. La perception du conflit de classe se généralise et s’intensifie.

Contrairement aux mouvements sociaux des années 1960, l’Amérique se divise sur des problèmes économiques : les revendications sont sociales et non plus politiques ou raciales.

En 1958, John Kenneth Galbraith publiait The Affluent Society. Il y présentait une double image de l’Amérique : abondance de biens et services à la disposition du secteur privé et de sa classe moyenne florissante, mais insuffisance des services publics et des infrastructures. Aujourd’hui, les biens publics sont délabrés et la classe moyenne se réduit comme peau de chagrin.

Une génération après son père, James K. Galbraith vient de publier Inégalités et Instabilité. Il y pointe notamment la différence de traitement des crises des savings and loans, au début des années 1990, de celle des subprimes. A l'époque des savings and loans, les autorités fédérales avaient conduit des investigations, engagé des poursuites judiciaires qui se sont traduites par des peines d’emprisonnement. Le Department of Justice s’est montré selon lui bien plus discret dans le suivi et les enquêtes sur les mensonges et fraudes associés au vaste marché de la titrisation de créances douteuses.

Dans une interview à Bloomberg Radio, le 14 décembre 2011, il affirmait qu’"en Europe, où il existe une tradition de protestation publique, vous auriez des mouvements perturbateurs de moins en moins maîtrisables. Aux États-Unis, les individus tendent à internaliser leur stress, à être exclus de la population active et à recevoir le peu d’aide publique à laquelle ils ont droit". Est-ce soutenable ?

Le déficit de légitimité d’OWS s’explique par son mode d’expression et la violence urbaine potentielle qui l’accompagne, à son absence de relais politiques et médiatiques (MNSBC au mieux). Perçu comme un parasite (Wall Street Journal), il exerce néanmoins des actions locales qui redessinent, bien que modestement, le paysage social américain.

Il existe dans 23 états, principalement du Sud et de l’Ouest, des "right to work laws" qui interdisent tout conditionnement de l’embauche à l’appartenance à un syndicat. Il n’y a a priori rien de choquant à cela. Mais le droit de grève, au niveau national, est en plus très réglementé  En particulier, le National Labor Relations Act dispose qu’un employeur ne peut pas renvoyer un travailleur en grève pour des raisons économiques mais peut en revanche le "remplacer de manière permanente". La nuance est telle que la prudence s’impose et in fine, les mouvements de grèves sont généralement modestes. C’est là qu’OWS agit.

Au-delà de certaines actions à caractère communautaire (Occupy Home qui aide localement les ménages à ne pas se faire expulser de leur maison) ou politique (Foreclose the Banks qui exerce une pression politique sur les représentants locaux et se targue d’avoir participé à la prise de conscience du scandale du Libor dans l’été 2012), OWS se rapproche enfin des institutions (syndicats, associations, voire parti démocrate) dont il se méfiait à sa naissance.

Après avoir réussi à fédérer lors du 1er-Mai, le mouvement développe une stratégie particulièrement payante au nouveau local. Face aux maigres marges de manœuvre, aux contraintes du droit du travail, il tend à accompagner les mouvements sociaux locaux, en apportant un soutien logistique, humain et protestataire. OWS sert désormais de levier.

C’est maigre, modeste, pour un mouvement qui a fait beaucoup de bruit à sa naissance. Mais cette multiplication d’actions locales ne doit pas être négligée dans un pays où les mouvements sociaux et les grèves sont en nette hausse. Les syndicats étant devenus les défenseurs d’intérêts particuliers (voir par exemple le conflit qui a eu lieu lors du sauvetage des constructeurs automobiles en 2008), OWS donne de la voix à des individus dont la confiance dans les institutions traditionnelles avait disparu.

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