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22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 18:06

 

Source : www.mediapart.fr

 

A Patras, au meeting de Tsipras: «Donnons-lui sa chance!»

|  Par Amélie Poinssot

 

 

 

Les Grecs sont appelés dimanche à renouveler leur parlement. Syriza, premier parti d’opposition, mène une campagne offensive avec pour objectif la fin des politiques d’austérité à l’œuvre en Grèce depuis 2010. À Patras, ce mercredi 21 janvier, Alexis Tsipras a déroulé son programme devant une foule enthousiaste.

Patras, de notre envoyée spéciale.-  Patras n’est pas une étape anodine pour Syriza. C’est la quatrième ville de Grèce, et c’est l'une des circonscriptions qui lui a rapporté proportionnellement le plus de voix aux Européennes de mai dernier : 36,6 % des électeurs y ont voté pour la Coalition de la gauche radicale (contre 26,6 % au niveau national). Autrefois bastion du PASOK, le parti socialiste, le district d’Achaïe qui entoure Patras se trouve être aussi le berceau d’origine de la famille Papandréou qui a donné trois premiers ministres au pays… Une histoire ancienne : aujourd’hui Georges Papandréou, qui s’était déjà coupé d’une grande partie de l’électorat socialiste en conduisant le pays sur la voie de l’austérité en 2010, a quitté le PASOK pour fonder son propre mouvement. Ni l’un ni l’autre ne sont assurés, pour l’heure, de passer le seuil des 3 % nécessaire pour entrer au parlement.

Mais c’est bien le cadet des soucis de la foule venue ce mercredi soir au gymnase Tofalos à la sortie de ville, à deux pas de l’université. Tous n’attendent qu’une chose : que ceux qui ont mené cette politique d'austérité laissent maintenant la place à Syriza pour faire advenir une alternative. Quelque 4 000 personnes sont présentes. « Donnons-lui sa chance ! Il n’a jamais gouverné, donc on ne peut pas le juger a priori… Certes, il ne va peut-être pas tout changer dès le premier jour, mais au moins il va faire une tentative, c’est cela qui compte ! » estiment Yorgos et Tatiana, un couple de cinquantenaires.

 

Alexis Tsipras, en meeting à Patras 
Alexis Tsipras, en meeting à Patras © Amélie Poinssot

Ville portuaire située sur la côte ouest du pays, Patras était dotée d’une importante activité industrielle, on y produisait du textile, et deux importantes usines de pneus et de frigidaires y étaient implantées. Tout cela a fermé, progressivement, entre les années 1990 et 2000. Quand la cure d’austérité arrive, en 2010, une bonne partie de la population est déjà au chômage. C’est le cas de Dimitra, venue au meeting pour avoir le sentiment de « participer ». Dans le passé, cette dame avait toujours voté PASOK. « Je me suis sentie trahie par le parti, il faut que tous ces politiciens s’en aillent maintenant. Et que l’on fasse de la place à tous les jeunes qui ont été obligés de partir à l’étranger pour travailler. » Aujourd’hui, la région Grèce-Occidentale dont fait partie Patras est l’une des douze régions du pays les plus affectées par le chômage : il s’élevait à 27,5 % au troisième semestre 2014, soit le taux le plus élevé après celui de la région Macédoine-Centrale.

Dans la foule venue ce mercredi soir, il y a aussi les Jeunesses du parti, les vieux compagnons de route, les militants actifs... Quelque 4 000 personnes sont venues écouter le leader charismatique de Syriza. « Le parti a connu ici une croissance sans précédent, explique le secrétaire de la section locale, Andreas Rizoulis. De 300 membres en 2012, nous sommes passés à 900 membres aujourd’hui. »Mais Syriza n’a pas encore décroché ici de mandat local : aux dernières municipales, il s’est rangé au second tour derrière le Parti communiste.

Cette fois-ci, l’enjeu est autre, national, voire européen. Dans un discours tonique ponctué d’attaques visant la droite de Nouvelle Démocratie accusée de « servir les intérêts de 1 % de la population », Alexis Tsipras appelle les électeurs de Patras à donner la majorité absolue à Syriza. Ce n’est qu’ainsi, sans être obligé de former une coalition, que le parti pourra appliquer son programme, dit-il. Fidèle à son art de manier la rhétorique, il joue sur les mots, le terme grec pour désigner la « majorité absolue » se confondant avec celui d’« autonomie » : « Un Syriza autonome signifie une Grèce forte, clame Tsipras sous les applaudissements. Et un Syriza fort signifie une Grèce autonome. Cela signifie la fin de l’humiliation nationale. Cela signifie la fin des mémorandums responsables de la catastrophe. » Et ce n’est pas, conformément à la campagne de Nouvelle Démocratie, la Grèce qui va s’effondrer en cas de victoire de Syriza : « Le seul qui va faire faillite, ce sera M. Samaras ! »

Au-delà des bons mots, Tsipras confirme la stratégie du parti en cette dernière ligne de campagne : il en appelle aux électeurs de Nouvelle Démocratie. « Aujourd’hui, beaucoup croient en nous, notamment des gens qui dans le passé n’ont jamais été de gauche : des citoyens conservateurs. Eh bien, disons-leur bienvenue, tendons-leur la main afin de reconstruire ensemble la Grèce ! On sait qu’ils ne viennent pas vers nous par idéologie, mais par besoin. Alors répondons à ce besoin ! »

Continuer à se battre

En déroulant les grandes lignes de son programme, Tsipras fait apparaître un discours plus mesuré qu’en 2012, lorsque se sont tenues les dernières législatives. La campagne de Syriza était axée sur l’annulation pure et simple des mémorandums d’austérité. Il ne s’agit pas, cette fois-ci, de revenir « à la situation de 2009 ». Il s’agit, précise Tsipras, de lutter contre « les causes qui nous ont conduits à la crise ». Parmi lesquelles la corruption, les niches et l’évasion fiscales, le copinage, le commerce illégal. C’est de là que viendront, pour Syriza, les recettes budgétaires.

Autres mesures annoncées : le rétablissement du seuil d’imposition sur le revenu à 12 000 euros par an (contre 5 000 aujourd’hui), l’annulation de l’impôt foncier mis en place sous le gouvernement Samaras, la création à la place d’un impôt visant uniquement la grande propriété afin d’épargner les résidences principales de la classe moyenne. Tsipras brosse son électorat dans le sens du poil.

Car cet impôt foncier, arrivé tardivement après de nombreuses mesures d’austérité, est très mal passé auprès de l’opinion publique, dans un pays où les classes moyennes, sans être riches, sont traditionnellement propriétaires de leur logement, ayant souvent hérité de la maison familiale au village. Mal ficelé, déconnecté des prix du marché, cet impôt aurait pu au contraire contribuer à davantage de justice fiscale. Mais l’option choisie par Syriza n’est pas plus convaincante, et Tsipras ne s’engage pas dans les détails. Au siège du parti à Athènes, on nous avait précisé que seraient soumis au nouvel impôt sur la propriété les logements d’une valeur égale ou supérieure à 400 000 euros. Devant notre étonnement face à ce niveau élevé, quand ailleurs en Europe l’impôt foncier touche tous types de logements, notre interlocuteur, membre du bureau des questions fiscales, s’était repris en avouant que le seuil n’était pas figé.

Sous des applaudissements nourris, Tsipras ajoute que le parti s’engage à mettre un coup d’arrêt à la mise aux enchères des logements confisqués. « Pas une maison dans les mains des banquiers ! » répète-t-il devant le public de Patras. Il parle également de rétablir le salaire minimum à 751 euros brut par mois (contre 512 depuis 2012) et la 13e mensualité de retraite pour les pensions inférieures à 700 euros mensuels (supprimée en 2010). Tout cela, qui fait partie du programme dit « de Thessalonique » (la deuxième agglomération du pays, où il avait été présenté par le parti en septembre), s’appliquera « avant et indépendamment du lancement et du dénouement de la négociation avec les créanciers ». La ligne du parti est désormais claire : si l’effacement d’une partie de la dette publique ne peut se faire de manière unilatérale, les mesures économiques et budgétaires, elles, s’appliqueront quel que soit l’avis de la Commission européenne ou du FMI.

À la fin de son discours, Alexis Tsipras propose de relancer le tourisme dans la région… mais aussi de mettre fin aux privatisations de la zone côtière. Des mots particulièrement bien reçus au gymnase Tofalos, le port de Patras figurant sur la liste des biens publics à vendre. Au passage, le chef de Syriza annonce que les jours du TAIPED – cet organisme monté en 2011, chargé des privatisations – sont désormais comptés.

Une victoire de Syriza dimanche va-t-elle réellement permettre de tourner la page de l’austérité en Grèce ? « Il va falloir continuer à se battre, estime pour sa part Yorgos, un jeune militant, à la sortie du meeting. De tout ce programme, les milieux économiques ne sont pas prêts à accepter même 1 % ! Car s’ils commencent à lâcher du lest sur la Grèce, ils seront obligés de faire de même sur les autres pays. Il y aura un effet domino, c’est certain. » C’est précisément ce sur quoi misent les autres gauches européennes, espagnoles et françaises notamment. Ce jeudi 22 janvier, le chef de Podemos, Pablo Iglesias sera aux côtés de Tsipras pour son avant-dernier meeting à Athènes. Et du côté du Front de gauche et d’Europe Écologie-Les Verts, des délégations seront aussi en Grèce ces jours-ci pour soutenir Syriza.

 

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