http://les-indignes.blogvie.com/2012/01/16/a-la-defense-la-police-enleve-les-tentes-les-indignes-restent/
16 01 2012
Quelques centaines d’Indignés ont tenté une opération «Occupons la Défense» vendredi soir dans le quartier d’affaires.
En début de soirée, sous la Grande arche.
Ils auront tenu, au moins quelques heures. Les Indignés français ont tenté, ce vendredi un «Occupons la Défense»,
sur le modèle de leurs cousins espagnols, portugais ou américains, sur le parvis du quartier d’affaires des Hauts-de-Seine, symbole de la finance qu’ils dénoncent. Arrivés à 17 heures, sac au dos et tentes sous le bras, ils ont commencé à être évacués sur le coup de 21h30 par les forces de l’ordre. A 23h30, pourtant, quelques tentes
tenaient encore bon sous la Grande arche.
18 heures. Une heure après le rendez-vous donné, les Indignés sont plusieurs centaines sur le parvis. Venus
avec sacs à dos, packs d’eau, tapis de sol, sacs de couchage, trousses de secours, guitares, peinture, ballons…
Et des pancartes, beaucoup de pancartes : «On est juste indignés, on n’est pas ici pour tout casser», «Ils nous empêchent de rêver, empêchons les de dormir!», «Reprenons le pouvoir sur notre monnaie. La richesse c’est
nous». Et le slogan «officiel» des Indignés de France et d’ailleurs: «Nous sommes les 99 %, nous refusons
que le 1 % décide de notre avenir et de l’avenir du monde à notre place».
Un peu plus loin, à l’écart sous les tours illuminées de la Défense, policiers et gendarmes mobiles veillent,
bras croisés devant une douzaine de fourgons.
«S’il y a autant de moyens mis en place contre nous, c’est parce qu’on fait peur au pouvoir. Parce qu’on essaie
de rétablir la vérité sur le chômage, la précarité», lance Emilie, 26 ans. Laurent, 40 ans, est peintre en bâtiment.
Venu exprès d’Auxerre, ce «militant écologiste» dénonce «un système qui met le profit avant l’homme, qui favorise
une minorité avant nous, les 99% de précaires. Il est temps que l’on remette l’humain au centre des choses !»
Sur
une ardoise, il écrit, à la craie: «Nos rêves ne tiennent pas dans vos urnes.»
Leur objectif est de rester ici toute la nuit au moins, puis le plus longtemps possible. La troupe a eu l’autorisation préfectorale de se rassembler jusqu’à 21 heures. «Mais pas de camper.» Ce qui ne les empêche évidemment
pas
de déployer leurs tentes. Ça ne loupe pas : aussitôt les gendarmes se précipitent, et repartent, Quechuas
«2 seconds» sous le bras. «Honte à vous, police partout, justice nulle part», hurlent les activistes. Et de redéployer,
aussi sec, huit tentes.
20 heures. Une trentaine de tentes sont maintenant montées, les organisateurs comptent 450 présents (mais
«pas
loin de 800» deux heures plus tôt), une source policère 400. «C’est déjà pas mal, au moins maintenant on ne
pourra plus nous ignorer», sourit Nicos, 29 ans, webmaster du site Occuponsladefense. «On avait peur de ne
pas être assez nombreux, mais apparemment notre appel a été entendu.» «De toute façon, là c’est la première
phase, le déclencheur», raisonne Jonhatan, 24 ans. «Après, il faudra construire fédérer».
L’organisation, «qui est horizontale, n’obéit à aucune hiérarchie, à aucun leader», insistent tous les Indignés,
s’est
faite principalement sur Internet : Facebook (page ici), Twitter (@OccupyDefense entre autres, et sous le hashtag #occuponsladefense), listes de diffusion…
« Ce week-end, on sera rejoints par les anti-G20 revenus de Cannes », espère Marine, 28 ans, accroupie sous sa
tente kaki. La jeune femme attend, fébrile, l’intervention policière à venir. « On est ici parce qu’on veut une véritable démocratie, que l’on n’aie plus à choisir tous les cinq ans entre la peste et le choléra. » Satisfaite par le nombre d’Indignés présents, elle ajoute : « Si les flics nous délogent, nous reviendrons demain.»
21 heures. Regain de tension. «C’est la fin de l’arrêté préfectoral », clame un Indigné dans son mégaphone.
«Je vous appelle à vous regrouper autour des tentes et à former une chaîne !» «S’ils balancent des lacrymos,
ne vous frottez pas les yeux, c’est pire», enchaîne une autre, préposée à la pharmacie. En un éclair, pizzas et
bières
sont remballées. Le cercle se resserre autour des tentes, attachées les unes aux autres pour compliquer la tâche
des gendarmes mobiles, qui eux se positionnent de part et d’autre. Une petite centaine, casques sur la tête,
boucliers en main. La bataille rangée semble proche.
21h30. Le cordon policier dévale les marches, se déploie en carré autour du campement. Première charge,
hurlements. Des tentes volent, éventrées, au dessus de la mêlée, leurs occupants sont traînés au sol manu
militari. Rien n’échappe aux objectifs des portables et aux micro-caméras qui filment tout méthodiquement
(vidéo là) et diffusent en streaming (ici). « Non à la violence », scandent les Indignés. Des agents en civil
embarquent une poignée d’entre eux. Les sacs à dos sont entassés, «récupérables au commissariat».
Au final, un blessé, évacué sur un brancard, sous les huées.
23h30. Une poignée de tentes tient bon. Les forces de l’ordre restent positionnées, les Indignés aussi.
Qui hurlent : «Indignés ! Indignés ! Police partout, justice nulle part ! » Et : « J’y suis, j’y reste, je ne partirai
pas ! » Certains pourtant quittent les lieux. « On reviendra demain ! » Rendez-vous est donné pour samedi
à 14 heures. D’autres restent, avec la ferme intention de ne pas bouger de la nuit, tente ou pas.
2 heures. Selon les Indignés encore sur place, «dernière charge des forces de l´ordre contre 50 irréductibles :
on leur arrache leurs couvertures de survie, confisquent leur nourriture, mais ce sont des Indignés vraiment pas
résignés et ils décident de rester».
Source : Libération, Par CORDÉLIA BONAL, FABIEN SOYEZ
http://www.liberation.fr/societe/01012369780-les-indignes-interdits-de-camper-a-la-defense
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