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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 14:28

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Recherche 08/09/2015 à 11h25
Un hashtag clandestin pour partager la science inaccessible
Martin Clavey | journaliste

 

 

Un mème à partir du hashtag

 

Les chercheurs n’utilisent pas encore tous Twitter mais voici un hashtag qui pourrait les aider à franchir le pas : #IcanhazPDF. Ce mot-clé permet de demander aux utilisateurs un article scientifique auquel vous n’auriez pas accès.

 

Abonnements exorbitants

Les scientifiques ont constamment besoin de lire les articles de leurs collègues pour travailler, enrichir leurs connaissances et se baser sur le travail des autres pour faire avancer leurs recherches. Même si les institutions qui financent la recherche poussent de plus en plus les chercheurs à publier dans des revues en open access – système dans lequel l’article final est accessible gratuitement par tous –, la plupart des articles scientifiques se trouve encore derrière des paywalls liés à des abonnements que les laboratoires, les bibliothèques universitaires et les centres de recherche ne peuvent pas toujours payer, alors que les articles sont écrits par leurs propres chercheurs.

Et au vu du prix de l’article à l’unité (souvent 30 dollars, soit 27 euros), il n’est pas question pour un laboratoire de payer 150 dollars de plus par semaine pour qu’un seul chercheur y accède. Ceux-ci emploient donc souvent le système D pour accéder aux PDF dont ils ont besoin pour faire avancer leurs recherches.

 

« Je peine à trouver un mot suffisamment dur pour décrire les éditeurs qui veulent me faire payer 30 £ pour avoir accès à des articles publiés il y a 50 ans. »

Certains, comme leurs collègues des années 70, écrivent à l’auteur pour lui demander un tiré à part, une copie de l’article que l’auteur a gardée et peut redistribuer. Mais c’est un processus long et fastidieux. D’autres, plus habitués du numérique, s’entraident sur les réseaux sociaux et sur Twitter notamment.

 

« I can Haz Cheezburger »

L’entraide de la communauté scientifique sur les réseaux sociaux

Début 2011, Andrea Kuszewski, une chercheuse en sciences cognitives, propose à ses collègues d’utiliser le hashtag #IcanhazPDF (en référence aux lolcats et au site I can Haz Cheezburger) pour faire une demande d’article (classiquement au format PDF) et que chacun puisse y répondre sans avoir à suivre le demandeur.

 

Et ce hashtag marche plutôt bien à en croire Sylvain Deville, chercheur en science des matériaux au CNRS, qui l’utilise depuis deux ans.

« J’utilise ce hashtag presque quotidiennement. L’idée, c’est de se rendre service les uns aux autres. Quand je vois des demandes dans ma TL, je regarde si j’y ai accès et j’envoie l’article. Mon laboratoire est abonné à certaines revues scientifiques par le CNRS mais ça ne couvre pas tout. Par exemple, nous n’avons pas d’accès du tout aux revues du groupe Wiley. Et dans mon domaine, il y a beaucoup de revues qui sont chez cet éditeur.

Pour récupérer un article, il y a différentes méthodes possibles mais Twitter est la solution la plus rapide. Si l’article est publié dans une grande revue, je le reçois en cinq exemplaires en trois minutes, ça marche vraiment très bien. Ça me fait gagner du temps quand je fais ma bibliographie tous les matins. »

La communauté a même mis en place une netiquette pour l’utilisation de ce hashtag. Pour utiliser #IcanhazPDF, il suffit d’ajouter le lien vers l’article ou le DOI (l’URL de référence de l’article) et votre adresse e-mail. Une fois l’article reçu, il faut supprimer le tweet pour rester discret face aux éditeurs. Une petite étude exploratoire [PDF] de la documentaliste Carolyn Caffrey Gardner montre que les deux tiers des articles demandés sur #IcanhazPDF traitent de biologie mais il est difficile d’en savoir beaucoup plus puisque dès qu’une demande est fructueuse, le tweet est effacé. D’autres chercheurs utilisent aussi le canal /r/scholar de Reddit pour faire ce genre de demandes.

Bibliothèques clandestines

Mais certains sont passés à des méthodes plus massives de récupération d’articles scientifiques en créant de véritables bibliothèques clandestines. Deux grandes initiatives ont été créées clandestinement pour partager en masse des articles scientifiques.

Sci-hub, un réseau de proxies, permet de connecter l’utilisateur à un ordinateur qui a, lui, accès à un abonnement à la revue en question. Il a été mis en place par Alexandra Elbakyan, une chercheuse kazakh qui avait du mal à travailler sans avoir accès aux articles dont elle avait besoin. Elle explique à Torrent Freak qu’à l’origine l’idée n’était même pas de rendre toute l’information libre, « on avait juste besoin de lire ces articles pour faire avancer notre recherche ».

Quant à Libgen, c’est une vraie bibliothèque parallèle rassemblant, dans une base de données, une grande partie de la littérature scientifique et s’alimentant dynamiquement grâce aux demandes faites par les utilisateurs à Sci-hub. Selon Guillaume Cabanac qui a étudié [PDF] cette base de données, elle contiendrait environ 68% des articles des principaux éditeurs. Les éditeurs de revues et Elsevier en tête commencent donc à se sentir menacés et à attaquer ces sites juridiquement en espérant bien les rendre inaccessibles. Il est d’ailleurs de plus en plus difficile de se rendre sur Libgen car le site change de nom de domaine assez souvent.

Ces barrières juridiques vont être beaucoup plus difficiles à mettre en place face à l’utilisation du hashtag #Icanhazpdf, car les éditeurs vont devoir prouver qu’il n’y a pas seulement eu échange de messages sur Twitter mais aussi que l’échange du fichier s’est bien effectué et la multitude d’acteurs à attaquer complexifie l’efficacité de l’attaque juridique.

Cette utilisation de méthodes plus ou moins licites d’accès aux articles scientifiques montre surtout le manque criant d’accès des chercheurs aux articles scientifiques malgré les vœux politiques d’accès ouvert à la science. Mais pour Guillaume Cabanac :

« Il n’y a pas que les scientifiques qui sont intéressés par l’accès aux articles scientifiques. Beaucoup de malades, qui ont une maladie orpheline ou un cancer spécifique, ont envie de se documenter, d’aller voir les dernières études, de comprendre et de lire des articles scientifiques. Et pour ces personnes-là, il y a peu de moyen d’accéder à cette connaissance. »

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

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